Happy! est la série la plus déjantée que j'ai jamais eu l'occasion de regarder, comme si les scénaristes de Fargo et Legion réunis avaient fait une overdose de LSD. Je ne sais même pas si j'aime ou pas, mais je suis resté scotché par les élucubrations hallucinées des auteurs de cette série de huit épisodes condamnés à la surenchère. On peut d'ailleurs se demander comment la seconde saison pourra rivaliser avec cette explosion délirante qui dynamite tous les poncifs du film d'action, avec, à la clef des champs et colle buissonnière, combat de ninjas, poursuites en voiture et ressorts du soap opera. C'est un peu comme si l'on avait confié la mise en scène de Roger Rabbit à Tarentino.


La violence exacerbée en devient comique et les scènes oniriques renvoient à la cruauté des contes pour enfants. Le passage de l'enfance au monde adulte est traité ici avec la brutalité des révélations qu'il implique souvent et la poésie qui la transcende. Grant Morrison et Darick Robertson ont adapté à l'écran le comic book dont ils sont les auteurs. Leur imagination débridée leur permet d'accumuler les références en s'en démarquant allègrement. L'intégration des animations 3D rappelle les films géniaux de Joe Dante et Mr Blue ou Smoothy sont les rejetons de Reservoir Dogs. Le personnage de Nick Sax, ancien flic converti en tueur à gages, interprété par Christopher Meloni endosse quant à lui le masochisme autodestructif de Bruce Willis dans ses films catastrophe, mais, comme dans les dessins animés, les héros ne meurent pas ou ressuscitent. Par contre, face à lui, c'est l'hécatombe. Libéré par son délire sans bornes, le scénario offre une lecture psychanalytique qui ravira les spectateurs préférant la distance à la vitesse.
En France, la série sera disponible sur Netflix à compter du 26 avril 2018.