J'aime trop la guitare électrique lorsqu'elle survole les grands espaces, propulsée par les saturations et les larsens qui s'en échappent comme des réacteurs. J'aime trop la manivelle de la vielle qui rythme les danses rituelles d'un autre temps que l'on ne sait s'il est d'hier ou de demain. J'aime trop le rock médiéval de l'orchestre de la Troisième Oreille pour ne pas m'enthousiasmer à l'écoute du Bestiari de Romain Baudoin. Son torrom borrom est un instrument hybride, vielle à roue électroacoustique à roue mobile et guitare électrique. Qu'il en joue en homme orchestre ou revienne vers la vielle à roue soprano acoustique de l'ancien luthier Pimpard Cousin avec grelots et grosse caisse, il entretient la transe au delà du crépuscule, tard dans la nuit étoilée. Librement inspiré du bestiaire occitan de Rigaut de Barbezieux, son album est une sorte de transposition musicale de bestioles que l'on aurait pu croiser chez Jérôme Bosch, peintre énigmatique s'il en est...


Sur le clip de Nicolas Godin, le danseur Richard Cayre incarne une sorte de cerf proche des créatures macabres de Joël-Peter Witkin, un être hybride comme le torrom borrom de Romain Baudoin...

→ Romain Baudoin, Bestiari, CD in situ, dist. Orkhêstra