D'abord le lieu : un parc de cent hectares où s'élève le château d'Avrilly avec ses restes du XVe et XVIIe siècle et ses rénovations du XIXe, plans d'eau merveilleux, sous-bois secrets sous un ciel immaculé. Y sont disséminées douze scènes où la musique résonne non-stop pendant deux jours et deux nuits. Boum-boum-boum-boum, il faut aimer la techno sous toutes ses déclinaisons, même si on a la surprise de découvrir un groupe de salsa, des rappeurs ou une fanfare en parcourant la forêt. C'est suffisamment ouvert pour que Harpon y fasse un set nocturne de trois heures à l'Orée de la Clairière dans une programmation ambient/expérimentale !


Huit mille festivaliers ont rejoint cette cinquième édition du Festival Château Perché. La plupart sont maquillés, déguisés, allumés dans ce qui ressemble à un Blade Runner bon enfant. Le dress code (Tribute to Charles Freger‘s Photography, puis La Belle Époque) est interprété très librement. Dans ce pays des merveilles où chaque scène est décorée différemment, c'est peace & love ressuscités ! Au petit matin on voit évidemment errer ceux qui ont abusé des boissons alcoolisées ou des substances psychédéliques, et qui n'ont pas été embarqués par les ambulances. Je n'en connais pas la composition chimique, mais leurs adeptes gardent le sourire même si la Terre vacille sous leurs pieds. La plupart des festivaliers sont simplement des amateurs de musique de danse et de transe. L'expérience est hallucinante.
Chaque année le festival se tient dans un château différent et nécessite une organisation incroyable doublée d'une grande fantaisie. Je ne connaissais presqu'aucun des deux cents musiciens et DJ, si ce n'est Coldcut et Ben Osborne, responsable de la scène UK. La musique était devenue accessoire, seule l'expérience me fascinait. Le travail raffiné des timbres de Harpon et notre choix narratif des 1001 nuits furent terriblement perturbés par la rythmique binaire d'une autre scène pourtant assez éloignée. Notre duo avec Amandine Casadamont s'en sortit tant bien que mal en remontant le volume et en glissant progressivement vers des séquences rythmiques couvrant la pollution sonore de cette proximité, mais nous avons dû hélas abandonner les méandres raffinés du conte arabe...