J'étais allé voir l'exposition du grand architecte et designer italien Gio Ponti dans la nef du Musée des Arts Décoratifs à Paris, mais c'est le nouveau parcours Design qui m'a fait le plus rêvé. J'ai toujours besoin des émotions les moins sages ! Or, du 3e au 8e étage se succèdent des objets et des meubles incroyables qui devraient susciter des vocations chez les plus jeunes. Le seul bémol, et il est de taille, est qu'il est évidemment interdit de tester le confort de ces fauteuils aux formes inattendues. Le design fait trop souvent fi de l'usage en privilégiant l'esthétique. Le succès nécessite leur accord. Si l'on n'a pas besoin de plonger des fleurs dans un vase pour en apprécier la beauté, on est souvent déçu d'avoir mal au dos après s'être enfoncé dans les coussins profonds d'un divan ananatomique...


De jeunes designers, comme cette fois Alexandre Benjamin Navet, dessinent un décor pour des pièces du musée. Me baissant simplement pour lire les cartels posés sur le sol afin de connaître les créateurs qu'il a choisis pour l'habiter, j'ai aussitôt déclenché l'alarme anti-vol. Voilà qui refroidit mon élan, me forçant à une distance qui de réelle en devient symbolique... Je cherchai néanmoins des idées de luminaires, frustré par les prix du neuf et les choux blancs du BonCoin. Car si les prix de ces pièces les rendirent de tous temps inabordables, il n'est pas interdit de s'en inspirer si l'on est un tant soit peu bricoleur !


Le Musée des Arts Décoratifs dévoile son nouvel écrin dédié au design en proposant un panorama unique de la création moderne et contemporaine des années 1940 à nos jours. Cliquez ici pour avoir un avant-goût des meubles, jouets, verres, papiers peints, etc. exposés. Vous découvrirez les créations de Jean Prouvé, Charlotte Perriand, Roger Tallon, François-Xavier et Claude Lalanne, Philippe Starck, Jasper Morrison, Iris van Herpen et tant d'autres qui ont marqué leur époque sans toujours hélas créer la mode ou révolutionner les us et coutumes...
Cherchant le travail des Italiens du groupe Memphis qui firent éclater les couleurs dans les années 80, je tombais évidemment sur la bibliothèque Carlton d'Ettore Sottsass, mon chouchou. À l'autre bout de la salle je me pris en photo dans les miroirs de la coiffeuse Plaza de Michael Graves. Il m'a semblé là avoir été aspiré par une bande dessinée de Joost Swarte, auteur de L'art moderne, dont je suis tout aussi fan.


Cette visite est une sorte de spectacle dont seuls des fantômes peuplent le décor. Tout comme les points de vue magnifiques sur Paris qu'offrent les fenêtres à tous les étages, sur les jardins des Tuileries de la rue de Rivoli au Panthéon, où les promeneurs ressemblent en contrebas à des ombres peintes... Énième raison d'aller à ce Musée, c'est à lui que Jean Dubuffet fit don d'un nombre important de ses œuvres dont quelques unes sont exposées lors de ce parcours hallucinant... J'avoue avoir un petit faible pour cette aile du Louvre que les cent lapins de notre opéra Nabaz'mob habitèrent pendant cinq mois lors de Musique en Jouets et dont je suis l'un des donateurs, ayant légué aux Collections Nationales ma propre Pâte à pet. Ce n'est pas une blague, même si l'on ne rit pas assez à mon goût dans les musées...