En 1991 j'avais été séduit par Toto le héros, le premier long métrage de Jaco Van Dormael où excellait Michel Bouquet. Cinq ans plus tard, le charmant Huitième Jour, qui avait révélé Pascal Duquenne, avait changé le regard de beaucoup de monde sur les handicapés mentaux atteints de trisomie 21. Mr Nobody, son film quantique de 2009 n'avait convaincu ni les amateurs de science-fiction ni les autres, ce qui est totalement injuste. Il y a trois ans Le Tout Nouveau Testament possédait la poésie de tous les précédents films avec une bonne dose d'humour belge. Or, coup sur coup, Jaco van Dormael présente trois spectacles magiques à La Scala, nouveau théâtre du boulevard de Strasbourg à Paris à la programmation remarquable depuis sa récente ouverture. J'ai raté les deux premiers, mais le troisième se joue heureusement jusqu'au 26 janvier.


Après Amor et Kiss & Cry, le cinéaste s'associe encore une fois à sa compagne, la chorégraphe Michèle Anne De Mey, et au Collectif Kiss & Cry pour réaliser Cold Blood, un spectacle où tous les arts sont conviés pour créer une féérie dont les doigts et les mains sont les interprètes. Nous assistons ainsi au tournage d'un film en temps réel dont le studio est miniature tandis que le résultat est projeté sur un grand écran juste au dessus des manipulateurs, donnant l'impression d'un décor géant. Ces marionnettes modernes content une histoire écrite par Thomas Gunzig, collaborateur de van Dormael sur son dernier long. Le prétexte de la vie et de la mort importe peu en regard des illusions qui enthousiasment le public, quasi hypnotisé, pour le potentiel à le faire rêver, avion dans la tempête, forêt dans la brume, etc. Cette abstraction chorégraphique permet aussi à des enfants de jouir de cet émerveillement malgré le sujet qui pourrait sembler grave. Un bémol de taille, et pour cause, la musique est enregistrée alors que tous les autres protagonistes, une dizaine, sont en direct sans filet. Une partition aussi inventive que le reste du spectacle pourrait faire glisser cette charmante féérie vers le chef d'œuvre, alors que la musique classique souligne l'action de manière ostensiblement illustrative, banalisant l'ensemble, même si les émotions sont intactes.

J'aurais probablement dû humblement proposer mes services aux auteurs pour leur prochaine création plutôt qu'écrire un article ! Mais ces jours-ci je ne chôme pas. J'ai terminé la musique d'un beau documentaire de Nicolas Le Du... À la demande d'Amandine Casadamont me voilà chercher comment transformer l'hymne européen en pompeuse musique de jeu vidéo et humaniser une imprimante avec des instruments de musique roumains (quel drôle de métier !) pour un ACR... J'attends le feu vert pour sonoriser une websérie pédagogique amusante conçue par Sophie de Quatrebarbes et Sonia Cruchon (le teaser est déjà réalisé) et une application pour tablette avec clips et divers jeux... Enfin je participe à la création de David Coignard et Laurent Stoutzer le 26 à Mains d'œuvres pour le MOFO alors que je n'en ai pas encore écrit une ligne... Tout cela évidemment prend le pas sur le blog que je rédige entre les gouttes et les acrobaties domestiques qui m'éreintent à coups de déménagements... Comme si cela ne suffisait pas, hier soir, suite à un geste maladroit, je me suis entaillé un doigt (en référence à l'affiche de Cold Blood, beaucoup plus effrayante que le spectacle ?) en faisant exploser une sculpture ! À part cela j'ai une pêche d'enfer qui devrait m'ouvrir les portes du paradis si je sais marier patience et persévérance ;-)