70 Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mardi 5 février 2019

Bam Balam


Depuis que La Poste est devenue une banque, une assurance, un opérateur de téléphonie mobile, un fournisseur de services numériques et de solutions commerce, un commerce en ligne (marketing, logistique) et une collecte et vente de données, elle a paradoxalement réduit ses effectifs ! C'est devenu une vraie plaie pour recevoir son courrier. On ne peut pas tout envoyer par Internet et les transporteurs privés ne sont pas plus fiables. Les services se sont évanouis pour faire place au profit. Lorsque j'étais enfant il y avait plusieurs distributions de courrier par jour et une lettre envoyée à Paris le matin arrivait le soir-même ! Le facteur faisait partie du lien social, prenant le temps d'échanger quelques mots avec les usagers. Aujourd'hui les remplaçants glissent les lettres des uns dans la boîte des autres, à nous de refaire le tri ! Le pire est l'avis de passage alors que j'étais là et que le préposé n'a pas sonné, m'obligeant à aller à la Poste Centrale, à l'autre bout de Bagnolet, où je dois faire la queue pendant vingt minutes pour récupérer mon colis. Coup de chance ou lot de consolation, c'était un envoi de Bam Balam Records contenant un vinyle et deux CD tous aussi enthousiasmants !


J'avais déjà chroniqué le CD ec(H)o de Steve Dalachinsky and The Snobs que m'avait prêté Gary May, comme leur précédent Massive Liquidity, mais j'en profite pour le réécouter. J'avais écrit que "j'aime ec(H)o-system, le dernier album du poète Steve Dalachinsky avec le duo de rock français The Snobs. J'y retrouve le flow envoûtant que Hal Willner initiait avec les disques orchestrés de William Burroughs. (...) The Snobs sèchent l'atmosphère en l'électrifiant. (...) nous sommes transportés, que l'on comprenne ou pas les paroles. La musique fait passer les intentions, par la diction rythmique et dramatique des poètes tout autant que par celle qui les accompagne et les porte, traduisant leurs vers dans un langage universel." Sur les rythmes électroniques hypnotiques les mots se posent ou décollent : je les saisis au vol.


J'ai posé le vinyle de Rough & Wojtyla sur la platine et poussé le bouton de volume à fond. À 9 heures du matin ça réveille et vous électrise. Les deux musiciens bordelais ont invité le guitariste Richard Pinhas à leur tempête fondamentalement rock, mélange improvisé de boucles répétitives et de drone entêtant. RG Rough joue des instruments électroniques et du piano, Karol Wojtyla est à la batterie, et les deux diffusent des ambiances sonores ou field recordings pour construire un maelström sur lequel l'ex-Heldon vogue comme s'il avait toujours fait partie de l'équipage.


La surprise réside pour moi dans le CD nu. du groupe portugais Signs of the Silhouette. Le guitariste Jorge Nuno et le batteur Joao Paulo Entrezede ont invité le pianiste Rodrigo Pinheiro et le bassiste Hernani Faustino pour cette bacchanale où les rythmes vous emportent en lentes progressions improvisées toutes aussi rock que les deux autres albums envoyés par le disquaire et producteur Jean-Jacques Arnould de Bam Balam Records. Partout on sent l'influence du groupe allemand Can, transes psychédéliques où les sons créent l'ivresse. Sur nu. les Portugais savent ménager leurs effets en faisant évoluer des plages planantes retenues vers un free-rock débridé.

→ Steve Dalachinsky and The Snobs, ec(H)o, CD Bam Balam, 9€ ou 11€ avec un magnifique livret des textes et collages du poète, port inclus
→ Rough & Wojtyla feat. Richard Pinhas, LP Bam Balam, 19€ port inclus
→ Rough & Wojtyla, nu., Bam Balam, CD 7,90€ ou LP 21,50€ toujours avec le port

Apparition


Salle comble et gros succès hier soir à La Maroquinerie pour le concert de Bumcello fêtant leur 20e anniversaire... Vincent Segal et Cyril Atef ont eu la gentillesse de m'inviter sur scène avec mon Tenori-on...
Photo Dana Diminescu