Youpi ! Ma maison ressemble enfin à celles de Burano ou d'autres villages méditerranéens. Tous les artifices sont bons pour lutter contre la grisaille de la capitale polluée. "Bientôt", le personnage d'Ella & Pitr, ressort encore mieux sur le bleu du ciel. Les passants s'arrêtent pour nous féliciter, mais tout le monde n'est pas aussi bien intentionné...
L'épicier kabyle du quartier me raconte qu'au bled on dit qu'il vaut mieux une mauvaise année qu'un mauvais voisin. De ce côté je suis servi. Une folle agressive, bête et méchante prétend, sans fondement, qu'elle est propriétaire de l'allée privée qui longe ma maison. Depuis vingt ans que j'habite là ses victimes se comptent par dizaines... On raconte même qu'un cambrioleur surpris par elle et ses deux sœurs, aussi sympathiques qu'elle, aurait lui-même appelé le 17 pour que les policiers viennent le délivrer ! Jusque là je n'avais rien à faire de ses hurlements, insultes et invectives, n'ayant pas besoin d'avoir accès à cette impasse pour rentrer chez moi. Mais lorsqu'elle en a interdit l'accès aux techniciens Free et Orange venus installer la fibre, pour un autre voisin et moi, j'ai tenté de discuter. Pas moyen. Deux fois de suite elle a coupé le fil, installé par le génie civil, qui aurait permis de tirer le câble. Ils ont dû revenir défoncer le trottoir et je suis toujours handicapé d'Internet. En effet Free refuse de réparer mon ADSL en panne depuis novembre puisque je suis éligible pour la fibre, et Orange fait des promesses depuis un an qu'il ne tient pas, rejetant la responsabilité sur Sosh.


Avant-hier le délire est monté d'un cran lorsque l'horrible dame a empêché les ouvriers de ravaler mon pignon qui donne sur l'allée, or les fissures doivent être rapidement comblées pour empêcher les infiltrations. Légalement cette impasse n'existe pas, elle est constituée de fonds de parcelles, dont la mienne. Je lui dois le passage, mais je n'ai évidemment pas à lui demander d'autorisation écrite d'autant qu'elle habite toute au fond de cette allée maudite. Elle a installé un portail, au niveau de la rue, qu'elle ferme à clef. J'en possède un double grâce à la gentillesse de tous les autres propriétaires qui sont obligés de passer par là pour rentrer chez eux. Si l'absurde n'est pas fait pour me déplaire, cette histoire m'affecte considérablement car je ne supporte ni la mauvaise foi, ni la bêtise, ni la violence. En plein délire elle a en effet agressé physiquement un de ses voisins de l'impasse. En attendant que la Justice s'en mêle sérieusement, j'ai choisi de ne faire ravaler que les 3 autres pignons. Je me souviens de la morale que me raconta un metteur en scène bosniaque pendant le Siège de Sarajevo : "Lorsque tu arriveras au ciel, Dieu te demandera ce qu'il en était de ton voisin et de ton chat". Si les chats plaideront aisément en ma faveur, je crains que l'horrible sorcière fasse baisser ma cotte malgré tous mes efforts pacificateurs !
Heureusement je ne serai pas étonné que dans le quartier d'autres sourires colorés viennent bientôt répondre au mien...