Aucun trucage. C'est juste réfléchi. Le masque cache à la fois l'appareil et le photographe. J'ai oublié ce que c'était. Un stéréoscope ? Un loup vénitien ? La vision du monde des esprits ? Il a forcément un nom bizarre qui ferait rêver les lecteurs de Jules Verne. À l'époque du tout connecté lit-on encore cet auteur ? Lorsque j'étais enfant c'était notre science-fiction. La technologie est allée au delà de bien de ses rêves, mais mon goût des aventures est resté le même. Que je plonge en profondeur, vole au-dessus des pics, gravisse un volcan ou regarde la Terre depuis la Lune, c'est à lui que je dois de m'y être préparé. J'arpenterai bientôt les ruelles de Venise ou m'enfoncerai dans la forêt des Carpathes avec la passion inextinguible de la découverte. Peu importe que j'y ai ou non déjà mis les pieds, c'est toujours la première fois. Je m'y emploie chaque matin. Cette soif de créer me jette hors du lit aux aurores. Retrouver chaque jour l'innocence de la jeunesse avant que l'école nous ait imposé les réponses, avant que notre passion soit devenue un métier, avant que les illusions se soient perdues dans le cynisme d'une réalité factice. Et je n'oublie jamais la maxime de Cocteau, "le matin ne pas se raser les antennes".