J'espérais exposer mes artères, mais les images de ma coronarographie étaient inaccessibles sur le CD-R que l'Hôpital Marie Lannelongue du Plessis-Robinson m'a remis. J'ai essayé "veinement" de le regarder sur Mac et PC sous différents systèmes, mais je n'y vois que du feu. Il semblerait que seul un médecin peut y avoir accès ?! Je me suis donc résolu à illustrer mon rapport avec un instantané d'une installation de la Biennale de Venise. C'est dommage parce que cette plongée dans l'organisme semblait véritablement passionnante, à la manière du Voyage fantastique de Richard Fleischer ou, plus drôle, de son pastiche Innerspace de Joe Dante !
(P.S.: Depuis le Dr Ghostine a eu la gentillesse de m'envoyer un nouveau CD-R qui m'a permis de voir l'impressionnant film de l'opération, à suivre dans un prochain article donc !)
L'étau qui me serre douloureusement la poitrine après un très gros effort avait justifié cet examen. Le bon Docteur Hoang m'avait trouvé un rendez-vous dans ce centre spécialisé extrêmement réputé. J'avais auparavant tenté l'Hôpital du Nord à Saint-Denis, mais il m'avait été répondu qu'ils affichaient complet jusqu'en novembre et que le planning pour ce mois-là n'était pas encore édité. C'est un petit exemple de l'état de la santé en France, mais rien en comparaison des conditions de travail qui sont imposées au personnel soignant, surtout celles et ceux du bas de l'échelle, les infirmières et infirmiers qui désertent progressivement leur emploi, payé/e/s un salaire de misère. Pour la première hospitalisation de ma vie, l'expérience s'est avérée moins pénible que je ne le craignais, probablement parce que cet établissement n'a pas de service d'urgence et que son petit personnel est particulièrement attentif et dévoué. Le Docteur Ghostine, chirurgien qui m'a "opéré", était également nettement plus cordial que le premier cardiologue que j'avais rencontré et dont j'ai surtout pu admirer la nuque.


J'arrête là le suspense en annonçant que je vais parfaitement bien et que je mourrai probablement en bonne santé. C'est du moins ce que l'analyse de mes coronaires révèle. Il peut y avoir d'autres facteurs à ma douleur thoraxique... L'usage quotidien du sauna (infra-rouge) avait fait considérablement baisser mes taux de glucose et de cholestérol qui sont à des niveaux me permettant quelques exactions charcutières, fromagères ou sucrières quand ma gourmandise m'y entraîne. Le praticien m'a suggéré d'arrêter de fumer, or je ne pratique plus le jointage depuis environ 7 ans, même si j'en fus friand pendant les premières quarante ans de ma vie ! J'ai évité depuis toujours le tabac, écœuré par la fumée des Disques Bleus filtre de ma mère qui me remontaient dans les trous de nez lorsqu'elle corrigeait mes devoirs.
Cette expérience est de bonne augure pour ma descendance, d'autant que le Docteur Libert, brillante homéopathe qui me fit passer l'asthme en trois semaines, m'avait prescrit des analyses de sang poussées montrant que j'avais de bons gènes, propres à défendre mon immunité. J'avale chaque matin du sélénium que l'on trouve dans les noix du Brésil et de la vitamine B3 pour la renforcer là où se présentent quelques petites failles. Des craintes persistaient à cause de mon père qui était cardiaque ; il avait eu des rhumatismes articulaires aigus lorsqu'il avait 13 ans et on lui avait remplacé une valve du cœur par une nouvelle en peau de porc qui n'était pas casher ! Je n'avais pas du tout envie de me retrouver avec une fermeture éclair sur la poitrine.
J'envisage donc la vie avec des yeux neufs. Je regarderai à gauche et à droite en traversant et j'éviterai que l'on me contrarie, ou, du moins, je tenterai de gérer les contrariétés avec l'élégance d'un danseur...

Illustration : Antoine Catala The Heart Atrophies (2018-2019)