Bucarest était l'endroit idéal pour dégotter le nouvel album du Quatuor Balanescu intitulé Balanescu ou Music by Alexander Balanescu. L'information est inexacte, car l'album s'ouvre sur la Rhapsodie roumaine n°1 de George Enescu et qu'Alexander Balanescu joue en rerecording des deux violons et de l'alto, le violoncelle étant entre les mains de Nicholas Holland ! Tout le disque est un retour aux sources du violoniste et compositeur roumain né à Bucarest. C'est le dernier volet de sa trilogie roumaine après Luminitza (1994) et Maria T. (2005).
Lorsque j'habitais en face du Père Lachaise, je passais de temps en temps devant la tombe d'Enescu, pas très loin de celle de Georges Bizet. Sa Rhapsodie est probablement son œuvre la plus célèbre. Elle inspire à Balanescu une variation très personnelle, Transrapsodia. Figure aussi SoulEtude, une pièce autobiographique tout aussi enthousiasmante dont le sujet est l'exil, de ses souvenirs d'enfance à son voyage autour du monde et de lui-même. J'achète tout ce que je trouve du Balanescu Quartet comme du Kronos Quartet (vient d'ailleurs de paraître Sun Rings de Terry Riley !). L'un et l'autre quatuor ont une façon très rock d'appréhender la musique classique. Mais les disques du Balanescu, plus romantique, sont beaucoup plus rares !
C'est son quatuor qui interprète notre Sniper Allée sur l'album collectif Sarajevo Suite dont je fus le directeur artistique en 1994. C'est lui aussi qui accompagne Dee Dee Bridgewater sur la Prière de Sarajevo que nous avions composée avec Bernard Vitet sur un poème d'Abdulah Sidran. Je regrette seulement qu'Alexander ait conservé les partitions originales de ces deux quatuors que je ne retrouve pas pour les faire rejouer. Il existe une version live de Sniper Allée sur YouTube.
Son nouveau CD est, une fois de plus, étourdissant !

→ Balanescu Quartet, Balanescu, Universal Music Romania (2019)