Si Bruno Maderna est surtout connu comme chef d'orchestre et compositeur de musique contemporaine, il est surprenant d'entendre ce qu'il a enregistré en 1968 pour le film La Morte Ha Fatto L'uovo (La mort a pondu un œuf), thriller giallo de Giulio Questi avec Jean-Louis Trintignant et Gina Lollobrigida. Cordes dissonantes, piano préparé, guitare désaccordée, percussion font inévitablement penser à l'improvisation libre qui se développera dans les années 70 jusqu'à nos jours. Né en 1920 à Venise, mort en 1973 à Darmstadt, deux lieux symboliques, Maderna fut adulé par Boulez, Berio, Donatoni qui lui ont dédié des pièces, et bien d'autres dont il a créé les œuvres comme Nono, Xenakis, Mefano, Amy, de Pablo, Zender, Bussotti, etc. Dans sa partition sonore pour ce film (sur YouTube), il est encore surprenant d'entendre des mélodies quasi romantiques au violon tranchant avec l'atonalité du reste.
De même, il y a bien longtemps j'avais été étonné de découvrir les improvisations d'Ennio Morricone avec le Gruppo di Improvvisazione Nuova Consonanza de Franco Evangelisti dès 1964, ce qui en faisait le premier précurseur avant les Britanniques d'AMM. Morricone a d'ailleurs fait participer le Gruppo à la partition d'Un coin tranquille à la campagne (sur YouTube) d'Elio Petri, cinéaste majeur à redécouvrir, à la même époque que Maderna.
Comment faire l'impasse sur la découverte incroyable de l'enregistrement du workshop dirigé par Edgard Varèse en 1954 auquel participèrent Art Farmer, Hal McKusik, Teo Macero, Eddie Bert, Frank Rehak, Don Butterfield, Hall Overton, Ed Shaughnessy, John La Porta et, last but not least, Charlie Mingus. Son écoute permet de se demander si Varèse n'est pas tout simplement le père du free jazz !