L'album posthume du poète Steve Dalachinsky (1946-2019) est une petite merveille de flow américain, à l'égal des meilleurs disques de William Burroughs par exemple. L'association avec le Bordelais anglais RG Rough y est pour quelque chose, le multi-instrumentiste soulignant la prosodie ou forçant le slam vers des accents mélodiques ou dramatiques, relativement rares chez le poète new-yorkais. Steve Dalachinsky marmonne, murmure, chante, éructe, porté par la batterie, la guitare électrique, les sons électroniques et les bruitages, rythmique et arythmie... L'auditeur devient le passager d'une embarcation lancée dans une tempête de paroles acérées et de transe musicale.


Sur Where is the love at the love canal ?, la saxophoniste Ryoko Ono rappelle les affinités de Steve Dalachinsky avec le free jazz,. Il collabora merveilleusement avec William Parker, Susie Ibarra, Matthew Shipp, Mat Maneri, Didier Lassere, Dave Liebman, Jim O'Rourke ou Joëlle Léandre, mais comme déjà avec Les snobs, le travail avec RG Rough est plus rock ou electro, plus imagé, surtout plus libre que le free !

→ Steve Dalachinsky & RG Rough, The Lunatic Fringe, CD et Bandcamp, Bambalam Records