"Bien que presque tous les films aient été vraiment remarquables, il faut mentionner tout particulièrement Melting Rust d'Anne-Sarah Le Meur et Jean-Jacques Birgé. Un film qui utilise la 3D de manière vraiment innovante pour nous montrer un écran de cinéma très dense qui ondule au son d'un arrangement musical. Il n'y a que des couleurs qui laissent lentement place à des mouvements liquides d'une profondeur abyssale. Un trou noir tridimensionnel qui, si vous regardez bien, est capable d'avaler jusqu'à la dernière once de lumière pour la restituer sous la forme d'une faible ombre chromatique.
Melting Rust est, d'une certaine manière, le film qui capture le mieux l'esprit original du Collectif Jeune Cinéma. Cette rupture avec le significatif qui rend l'interprétation inutile et se "limite" à faire vivre une expérience unique qui n'est possible que dans un format audiovisuel. La revendication de l'avant-garde française des années 1920 qui a culminé dans le cinéma américain des années 1960, faisant de la forme et de rien d'autre son atout pour aller plus loin que les histoires, les scénarios et les acteurs. Pour parvenir à une vision de la matière qui se dispense de la logique oculaire et se fond dans un chaos continu et beau. La "vision tactile" de José Val del Omar ou "l'œil inexpérimenté" de Stan Brakhage... C'est-à-dire la forme comme dialogue principal et seule façon d'aborder ce qu'on appelait autrefois, en France, le cinéma différent."

Traduction (merci Judit Naranjo Ribó) de l'article en espagnol de Borja Castillejo Calvo pour la revue Mutaciones à propos de la projection de Melting Rust, performance réalisée samedi dernier avec Anne-Sarah Le Meur au Grand Action pour le Festival des Cinémas Différents.