Depuis que je suis rentré j'ai la tête à l'envers. Ce mois d'absence a généré plus de présence que ceux qui ont précédé. À croire qu'une soucoupe volante s'est posée sur le lac du Merle dans le Sidobre et que des extraterrestres m'ont reconnu parmi les leurs en entendant l'oiseau chanter. J'ai conduit jusque dans le Tarn où j'ai retrouvé mon cousin Olivier, pas vu depuis des décennies...


La question au touriste est chaque fois la même : souhaites-tu visiter tel vestige architectural ou te plonger dans la nature ? J'en ai vu de toutes les couleurs, des châteaux en France et en Espagne, des villages médiévaux et des églises mythiques, mais rien ne vaut pour moi de respirer l'air du large en pleine forêt, là où les elfes trouvèrent refuge. Sur les pentes les rochers me rappellent les décors fantastiques de Hayao Miyazaki...


Olivier et Maryse m'ont emmené acheter de l'ail rose du Tarn dont j'ai besoin pour concocter le noir. Il était encore frais, les tresses n'étaient pas sèches. Dès mon retour j'en ai mis à cuire au fond du jardin. Douze jours pleins à 80°. Des bonbons...


Toulouse est à une heure de Castres. Petite distance en regard des kilomètres parcourus depuis mon départ le 25 juin. Aux yeux et aux oreilles d'Hélène, la principale attraction est la Halle de la Machine conçue par François Delarozière, ancien de Royal de Luxe. Des démonstrateurs déclenchent les dizaines d'instruments de musique abracadabrants qu'elle abrite, orgues à feu et autres instruments mécaniques sortis de l'atelier de Gepetto. Dehors avance le Minotaure et tourne le Manège carré...


Le lendemain nous faisons le tour du lac Montbel, entre l'Aude et l'Ariège. Quinze kilomètres en cinq heures entrecoupés de baignades à poil dans une eau argileuse turquoise. Le rêve. On se croirait à Hawaï...


Dernière étape de mon périple, Brivezac où m'attend Francis. Nous évoquons notre adolescence, premier concert de rock au Lycée Claude Bernard à Paris il y a 50 ans, Un drame musical instantané, Bernard... La Dordogne déborde tant et si bien qu'elle transforme ses abords en mangrove. Le courant est trop fort pour qu'on s'y baigne. Direction piscine. La Corrèze offre un nouveau paysage magnifique. En dehors de la présence d'une tique sur ma jambe, c'est le paradis, d'autant qu'il y a beaucoup moins de moustiques qu'à Toulouse ! J'aurai bien marché pendant ces quatre semaines et rencontré tant d'amis et d'amies adorables...


À Bagnolet les pieds de tomates ont atteint deux mètres, mais les premiers fruits sortent seulement maintenant. Les chats ne me font pas la tête, mais la fête. Ils n'ont jamais été aussi câlins. Je dégage probablement des ondes bénéfiques, car les réactions des uns, des unes et des autres sont particulièrement chaleureuses, certaines surprenantes. C'est souvent ainsi, le rayonnement attire et je n'en suis pas avare depuis mon retour. La magie opère. C'était une question de patience. J'avais tenté de l'apprivoiser. C'est le bonheur.