The Human Seasons est le titre d'un poème de Keats. Le pianiste Gustavo Beytelmann et le DJ producteur Philippe Cohen Solal l'ont adopté pour leurs quatre improvisations thématiques. Ils ont commencé par le printemps pour représenter ainsi les quatre âges de la vie. Vivaldi n'a pas fait autrement. Leur version est plus douce, toute en nuances. Elle ne plaira pas autant à Eliott parce que la fougue incroyable du maître vénitien correspond mieux à ses 4 ans. Je ne sais pas où j'en suis moi-même, empilant les strates géologiques du temps comme un feuilleté quantique. J'imagine que le pianiste argentin et le musicien du Gotan Project sont de cette eau, mélangée au gré des courants. Les mélodies du premier inspirent des ambiances naturalistes au second qui ajoute ici ou là des voix comme celle d'Ingrid Bergman dans Sonate d'automne ou de Christopher Ettridge récitant le poème de John Keats. Aucune virtuosité démonstrative, juste une sincérité extrême, à l'épreuve du temps. Loin des pianos bavards, il n'y a que Solotude, le dernier disque d'Abdullah Ibrahim, qui respire aussi profondément. The Human Seasons est le genre de disque qu'on remet aussitôt qu'il semble terminé, comme les saisons qu'on espère revoir encore longtemps...

→ Gustavo Beytelmann & Philippe Cohen Solal, The Human Seasons, CD ¡ Ya Basta ! Records, dist. Believe, 10€, sortie le 4 février 2022
→ Abdullah Ibrahim, Solotude, Gearbox Records CD 19€ / LP 35€, dist. The Orchad