Découvrant par hasard La moitié gauche du frigo du Québécois Philippe Falardeau, nous eûmes l'irrésistible envie de voir ses films suivants, Congorama et C'est pas moi, je le jure ! Pendant tout la durée de son premier long-métrage à la fois politique et hilarant, nous nous sommes demandés s'il s'agissait d'un documentaire ou d'une fiction. Un jeune réalisateur y filme les déboires de son co-locataire à la recherche d'un emploi. C'est beaucoup plus fort que les démonstrations laborieuses des documentaristes tristes dont la France a le secret. Pour le second film, il n'y a plus d'ambiguïté sur sa nature, le scénario est magistral, les comédiens merveilleusement dirigés et l'humour toujours aussi décapant. Dans tous les cas, c'est filmé avec une grande intelligence et une soif du détail qui épate au détour de chaque plan en évitant les explications laborieuses et les redondances audio-visuelles. Je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi la critique privilégie toujours les mêmes réalisateurs et les mêmes films quand il en existe d'aussi inventifs.


Le troisième film valide quelques clefs de l'univers du cinéaste comme la difficulté de marcher ou la paternité, mais c'est surtout du mensonge qu'il est question, car Philippe Falardeau adore nous raconter des histoires. Il ne pouvait trouver meilleur médium que le cinéma ! La franchise du héros de La partie gauche du frigo trouve un écho avec le vol de l'ingénieur joué par Olivier Gourmet dans le sublime Congorama et la mythomanie du gamin de C'est pas moi, je le jure ! Le scénario de Congorama est à des kilomètres de la paresse de la plupart des films français. Les fils du récit se tissent en un imbroglio où tous les éléments du puzzle finissent par trouver leur place dans une folie maniaque où l'asservissement à la quadrature du cercle est tourné en dérision, comme dans le dernier plan où Gourmet bouge la tête à la manière saccadée de l'émeu. Cherchez les DVD, Congorama est distribué en France, les autres au Canada...