70 Cinéma & DVD - octobre 2013 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mercredi 30 octobre 2013

Furie de Brian de Palma en DVD


Enfant, j'avais monté un numéro de transmission de pensée avec ma petite sœur ; en réalité c'était un tour de magie basé sur l'intonation de la voix. Lycéen, je dévorai des livres de sciences occultes en complément de mes expériences hallucinogènes : j'appris l'hypnose que j'abandonnerai parce que la concentration nécessaire m'épuisait, j'empilais tous les cartables de la classe sur le ventre d'un camarade plongé en catalepsie, les derniers jours de juin tous mes profs étaient friands de mes exposés avec séances pratiques ! Plus tard, je participai à de véritables tentatives télépathiques avec une fille qui communiquait par dessins avec une équipe au Brésil... Et puis j'abandonnai toutes ces pratiques amusantes pour m'interroger plus sérieusement sur les possibilités inexploitées du cerveau. Mais cela, c'est une autre histoire, comme une histoire du cinéma où la fascination de l'inconnu et l'attrait pour les attractions foraines originelles ont produit tant d'œuvres illusionnistes...
Ainsi, après avoir publié les DVD de Pulsions / Dressed To Kill (1980) et Blow Out (1981), 2 chefs d'œuvre de Brian de Palma, Carlotta réitère avec Furie (The Fury) qui les avait précédés de deux ans. Nouvelle excellente cuvée que ce film à cheval sur plusieurs genres, thriller fantastique où le réalisateur a recours à la télépathie et à la psychokinésie pour nous emmener sur un terrain glissant où la manipulation politico-scientifique camoufle de complexes relations freudiennes entre Kirk Douglas, John Cassavetes, Andrew Stevens et Amy Irving. Dans le genre, la musique très réussie de John Willams rappelle fondamentalement son utilisation par Bernard Herrmann. À signaler un version remasterisée à 2K, plus des bonus à foison, un peu trop plan-plan à mon goût, sur un deuxième DVD ou sur le Blu-Ray : Du sang sur l'objectif (entretien avec le directeur de la photo Richard H. Kline), Histoires de pivotage (entretien avec l'actrice Fiona Lewis), Journal de tournage de Sam Irvin ainsi que son court-métrage Double Negative, pochade en hommage à de Palma, et des entretiens d'époque...

jeudi 24 octobre 2013

OK GO


Les machines musicales infernales sont toujours fascinantes. Zwei-Mann-Orchester de Kagel, Music for one apartment and six drummers et Sound of Noise de Simonsson et Nilsson, Guitar Dragg de Marclay, les installations de Boursier-Mougenot, les écroulements de dominos nous renvoient aux fantasmes de L'homme qui rétrécit comme si nous étions une poussière dans la mécanique diabolique d'une horloge démesurée.
J'avais, entre autres, chroniqué le clip This Too Shall Pass du groupe OK GO qui s'inspirait directement du fameux Der Lauf der Dinge de Fischli et Weiss. Ella et Loïc me signalent celui illustrant Needing/Getting de cet orchestre dont la musique n'a rien d'extraordinaire, mais dont les clips expérimentaux sont toujours intéressants. On aurait même bien supprimé la piste vocale dans le mixage !


Pour réaliser ce tour de force OK GO a récupéré 288 guitares et 55 pianos, et fabriqué 1157 instruments déclenchés au passage d'une automobile customisée. Ces garçons très potaches stipulent que les guitares sont des Gretsch Electromatic CVT III branchées six par six sur des amplis Gretsch G5222 Electromatic qu'ils ont revendus après les avoir signés et, puisqu'ils ont adapté leur clip en spot de pub pour Chevrolet, ils indiquent que le parcours de leur Chevy Sonic équipée de micros et de battes de percussion s'allongeait sur 4 kilomètres. Plusieurs making of décortiquent l'interprétation virtuose.






Inventer des timbres est un travail de laboratoire excitant qui nous ramène à l'enfance où nous expérimentions avec tout ce qui tombait sous les doigts. Personnellement je n'ai jamais utilisé mes jouets dans la perspective pour laquelle ils avaient été conçus. Je les retournais, je les transformais, je les faisais sonner... Secouant une feuille de plastique au-dessus de mes petits soldats pour figurer le tonnerre.

mardi 22 octobre 2013

The Pervert's Guide to Ideology


"Nous sommes responsables de nos rêves." Le philosophe Slavoj Žižek annonce la couleur, brillante démonstration en Technicolor et effets spéciaux made in Hollywood puisqu'une fois encore il s'appuie sur les blockbusters pour renverser nos idées préconçues sur la manipulation dont nous sommes à la fois les victimes et les auteurs. Suite de son Pervert's Guide to Cinema déjà réalisé avec la cinéaste Sophie Fiennes qui psychanalysait la société au travers de films grand public, la nouvelle production, The Pervert's Guide to Ideology, débusque les intentions cachées derrière les images dont nous nous repaissons. Ces rêves, fabriqués sur mesures, façonnent nos convictions et nos pratiques collectives. Au travers des films, mais aussi de la musique ou d'événements marquants de notre actualité comme le 11 septembre, l'attentat d'Oslo ou les émeutes en Grande-Bretagne d'août 2011, l'idéologie sous-jacente structure nos fantasmes en mutation. Pendant deux heures d'une rare intensité Žižek nous plonge dans cet univers fantasmagorique dont il recrée les décors et la lumière pour s'y fondre lui-même. Son humour caustique est vivifiant, son esprit de contradiction nous permettant d'envisager une porte de sortie hors de ce qui semble immuable.
Le philosophe s'inspire des extraits abondants qu'il nous livre, cette fois Le triomphe de la volonté (1935) de Leni Riefenstal, Le Juif éternel (1940) de Fritz Hippler, Brève rencontre (1945) de David Lean, La chute de Berlin (1950) de Mikhail Chiareli, La prisonnière du désert (1956) de John Ford, West Side Story (1961) et La mélodie du bonheur (1965) de Robert Wise, Les amours d'une blonde (1965) et Au feu les pompiers (1967) de Milos Forman, L'opération diabolique (1966) de John Frankenheimer, If.... (1969) de Lindsay Anderson, MASH (1970) de Robert Altman, Zabriskie Point (1970) de Michelangelo Antonioni, Cabaret (1972) de Bob Fosse, Orange mécanique (1971) et Full Metal Jacket (1987) de Stanley Kubrick, Les dents de la mer (1975) de Steven Spielberg, Taxi Driver (1976) et La dernière Tentation du Christ (1988) de Martin Scorsese, Brazil (1985) de Terry Gilliam, They Live (1988) de John Carpenter, Titanic (1997) de James Cameron, I Am Legend (2007) de Francis Lawrence, The Dark Knight (2008) de Christopher Nolan…
La version que j'ai visionnée en anglais ne portait aucun sous-titre, mais dès la conférence à laquelle nous avions assisté il y a cinq ans nous avons été emballés par la force de conviction du philosophe que son accent slovène et ses postillons nous rendent aisément compréhensible malgré notre anglais de cuisine. Ses propos sont évidemment plus complexes que mon mince résumé. Lacanien, il souligne la culpabilité dans l'incapacité à jouir suffisamment et, marxiste, il débusque l'hypocrisie cynique de la morale catholique ; la mélancolie naît de la faiblesse du désir. D'une bouteille de Coca ou d'un Kinder-Surprise Žižek décelle le surplus allusif, et avec la IXe symphonie de Beethoven il démontre que l'objet peut être porteur d'idéologies contradictoires, réceptacle ouvert à tous les contenus. Mais rien n'est aussi neutre qu'il le semble. Starbucks surtaxe son café sous des prétextes écologiques ou solidaires, mais ne vend en fait qu'un succédané idéologique. L'anti-consumérisme est compris dans le prix du produit décomplexé ! Et lorsque les mots viennent à manquer surgit la violence. Les symboles sont glissants comme montré avec le groupe Rammstein pervertissant l'idéologie nazie. Le capitalisme, dont les crises sont les garantes de sa permanence, est prêt à tout sacrifier pour défendre l'idée de nécessité : nos vies, la nature, etc. Le Grand Autre, l'ordre secret des choses, tente de justifier les totalitarismes en déresponsabilisant chacun, soi-disant pour les besoins de l'Histoire. Žižek démontre qu'il n'existe pas de Grand Autre et que nous sommes seuls. Kafkaïen, il rappelle que la bureaucratie n'est qu'une jouissive manifestation laïque du divin. Contrairement à la perversion, l'hystérie est subversive parce qu'elle est l'expression du doute. Toutes les nouvelles inventions en découlent. Mais nous préférons sauver les apparences en nous rendant complices de ce qui nous opprime. Chacun peut pourtant réagir subjectivement à sa manière face à l'objectivité apparente des faits. Nous pouvons choisir nos rêves en acceptant ceux que la consommation nous dicte, mais le premier pas vers la liberté n'est pas de transformer la réalité pour qu'elle coïncide avec nos rêves, il s'agit de rêver autrement. C'est forcément douloureux. On ne peut rien attendre de l'avenir. Tout dépend de notre volonté…

vendredi 18 octobre 2013

La Maison de la Radio


Le DVD du nouveau documentaire de Nicolas Philibert est sauvé par ses bonus. Le réalisateur filme de manière très banale ce montage choral sur le hors-champ des ondes. Si l'on n'est jamais entré dans la Maison de la Radio, avenue du Président Kennedy à Paris, on sera peut-être séduit de découvrir quelques visages dont on ne connaît que les voix, ou d'arpenter les couloirs que Jean-Luc Godard immortalisa pour Alphaville en 1965. Le tournage est censé se passer le temps de deux tours d'horloge, mais je n'ai pas repéré celles qui ornent tous les studios, connectées au même ordinateur central. Moins catastrophique que Nénette (2010), regard paresseux sur l'orang-outang du Jardin des Plantes, on ne s'ennuiera pas, mais on n'apprendra pas grand chose non plus. On est loin de La Voix de son maître coréalisé avec Gérard Mordillat ou du Pays des sourds. Philibert a tout de même toujours eu la fâcheuse manie de couper juste avant que cela devienne vraiment intéressant comme dans La moindre des choses. Ici tout est découpé en confettis, hymne au travail certes, mais promenade basique digne d'un guide vidéo acheté à la sortie de n'importe quel monument historique. Des séquences musicales viennent ponctuer la promenade et on sera probablement ravis de croiser le duo d'Antonio Placer et Jean-Marie Machado, ou les automates musicaux de Pierre Bastien.
C'est d'ailleurs un bonus musical de 38 minutes qui sauve cette galette, lectures de Jacques Bonnaffé accompagné par le clarinettiste Louis Sclavis (qui ne joue pas de sax comme écrit sur le boîtier !). Interprète de nombreux livres audio, le comédien est un habitué des lectures en musique. Pendant le Festival d'Avignon au Musée Calvet il évoque les héros du Tour de France en improvisant les intermèdes de Forcenés. Le musicien fait sonner les rayons de sa sanza dans les montées, joue de l'harmonica dans les descentes, bruite les plats, mais ne se laisse pas distancer par le cornet à pistons de Bonnaffé. Leur complicité est explicite. Le montage de Philibert, qui manque fondamentalement de point de vue, n'a rien de notable, mais on est contents comme avec le petit interview du météorologiste Joël Collado (Ed. Montparnasse).

mercredi 16 octobre 2013

Des films tout de même


Comment la critique cinématographique peut-elle s'égarer à ce point ? La nouvelle cinéphilie semble se baser sur les émois d'enfance des journalistes au lieu de se délecter de l'histoire du cinéma. Le déplacement s'est exercé de cet obscur objet du désir à celui du sujet qui se conjugue à la première personne du singulier quand la convention n'impose pas le pluriel. Le cinématographe s'est effacé devant la plasticité des images et les contes démonstratifs. Les évocations poétiques sont remplacées par les effets spéciaux. La mythologie a cédé la place au matraquage publicitaire. On gobe Eastwood ou Spielberg dont l'idéologie nauséabonde n'a d'égal que leur conformisme. On encense Woody Allen et l'on ignore Albert Brooks. Les auteurs qui se risquent à l'expérimentation pour retrouver la magie du cinématographe sont marginalisés. Notre époque ne supporte le radicalisme que lorsqu'il est marchand ou qu'il se marginalise lui-même dans des sphères élitaires.
Quelques bonnes surprises parmi d'autres... L'Italien Paolo Sorrentino (Le conseguenze dell'amore, L'amico di famiglia, Il Divo, This Must Be The Place, La grande bellezza) est taxé de maniérisme stérile alors qu'il est l'un des rares à s'interroger sur le rapport son/image et à intégrer les expressions audiovisuelles populaires à des montages savants. On se repaît de la sinistrose répétitive d'un Hanecke en passant à côté du Grec Yórgos Lánthimos (Canine, Alps) dont chaque cadre est à la mesure de son sujet. Dans un registre plus classique Susanne Bier (The One and Only, Brothers, After the Wedding, Things We Lost in the Fire, Revenge, Love is all you need) continue à filmer ses psychodrames ou comédies sans qu'on y fasse attention ; le succès de la comédienne Sidse Babett Knudsen, Birgitte Nyborg dans Borgen, ouvrira peut-être une porte à la réalisatrice danoise. La morgue incisive de Guillaume Nicloux (Le poulpe, Une affaire privée, Cette femme-là, La clef, Holiday, La religieuse) rappelle le Mocky des meilleurs jours. On pourrait repérer une constante chez tous, une sorte d'euphorie qui rejette les lamentations de ceux que la critique encense. Et les comédies potaches d'Appatow ou Wes Anderson n'arrangeront rien à l'affaire. Ce ne sont ici que des pistes. Libre à vous de trouver votre bonheur ailleurs. Au delà d'une résistance joyeuse tous ont en commun la critique de la bourgeoisie et du pouvoir. L'association des deux n'a plus la côte depuis que de "jeunes" universitaires ont pris le pouvoir dans la presse spécialisée. À suivre.

mardi 15 octobre 2013

Il faudrait interdire le piano dans les films


Il faudrait interdire le piano dans les films, et huit mesures plus tard le peloton de cordes sirupeuses qui redondent, banalisent et formatent la scène qu'ils accompagnent. Les réalisateurs américains à l'origine de cette fâcheuse manie pensaient probablement que le public était trop stupide pour comprendre qu'il s'agissait d'une séquence sentimentale. Envoyez la purée !
D'excellents films, ou du moins qui devraient l'être, sont considérablement affadis par cette épouvantable convention qui consiste à souligner les effets dramatiques avec la musique. Comme si le jeu des comédiens ne suffisait pas à exprimer ce que dicte le scénario, comme si l'éclairage, le cadrage, le montage s'avéraient incapables à diffuser les émotions, comme si le cinématographe était impuissant et, démissionnant, appelait au secours l'indicible médium, la musique, fantasmée ou crainte par la plupart des réalisateurs. Plutôt que d'y avoir recours pour son potentiel à apporter du sens de manière complémentaire ils soulignent les effets au marqueur fluo. L'orchestre le plus pompier les rassure, soupe pseudo classique ou vieille scie mille fois rabâchée. Elle ne se manifeste pas seulement dans les scènes sentimentales. Les scènes d'action obéissent aux mêmes lois réductrices. Effacez la piste musique de la majorité des films d'aujourd'hui et le style des cinéastes se révèle comme par enchantement. Quelques rares voyants y échappent, refusant son apport ou l'utilisant à contre-emploi, entendre qu'ils ou elles se posent la question de ce que la musique peut bien apporter de sens ou d'émotion qui ne soit déjà exprimé dans le film. Ils devraient systématiquement s'interroger : faut-il vraiment de la musique ? Que peut-elle ajouter ? Joue-t-elle en référent culturel ou doit-elle ressembler à rien de connu jusqu'à devenir la référence ? La musique de film est une catastrophe lorsqu'elle devient un genre. C'est devenu l'élément le plus conventionnel, elle s'accroche impitoyablement au revers de la veste comme une médaille. Ce cache-misère en fer blanc plombe le film comme les scénarios explicatifs qui ne laissent plus aucune place à l'interprétation du spectateur. Tant d'excellents cinéastes mériteraient de travailler avec de véritables compositeurs, conscients du potentiel extraordinaire du son en regard des images.


À moins de désirer endormir le public plutôt qu'aiguiser son sens critique, à moins de vouloir faire ressembler son film à tous les autres, à moins de négliger le pouvoir du son pour jouer de la formidable dialectique audiovisuelle, à moins d'être sourd, on s'interdira désormais le piano et les cordes !

vendredi 4 octobre 2013

À l'ombre de la République


Sur Médiapart Sophie Dufau a très bien couvert le documentaire de Stéphane Mercurio, À l'ombre de la République, lors de sa sortie en salles. La parution en DVD des films reste une activité mal rapportée par la presse tant généraliste que spécialisée. Aussi, quand l'occasion se présente, c'est à ce moment que ma chronique prend son sens.
Les Éditions Montparnasse publient donc en DVD le film de Stéphane Mercurio dont j'avais déjà évoqué le film sur son père, le dessinateur Siné, Mourir ? Plutôt crever ! Son travail sur l'univers carcéral et psychiatrique est agrémenté d'un entretien, d'un petit court-métrage avec Zazie et d'une longue émission radiophonique avec le contrôleur des prisons Jean-Marie Delarue qui lui a permis d'entrer dans ces lieux fermés rarement visités. Le CGLPL, Contrôle Général des Lieux de Privation de Liberté, est de création récente. La réalisatrice n'a pas eu le droit de filmer dans un commissariat, mais elle a réussi à suivre une quinzaine de contrôleurs à la maison d'arrêt de femmes de Versailles, l'hôpital psychiatrique d'Evreux, la centrale de l'Île de Ré et la nouvelle prison de Bourg-en-Bresse.
Révoltant est le sentiment qui ne vous quittera plus, du début à la fin. Si les longues peines ont dû commettre de graves délits, souvent avec mort d'homme, mais pas obligatoirement, leurs conditions de détention sont indignes d'une société qui prétend les leur infliger pour les rééduquer. Pendant leurs longues années d'emprisonnement les condamnés sont abandonnés à leur sort. Ils sont surexploités par des sociétés qui ont signé des contrats avec l'État, humiliés par des gardiens inhumains ou simplement livrés à une solitude qui ne signifie plus rien avec le temps. Après quinze ans leur réinsertion paraît une illusion. La prison telle qu'elle est pratiquée ne fait que créer des fauves, quand le suicide ne présente pas la seule porte de sortie envisageable. Ne croyez pas tout savoir pour avoir lu ces lignes, il faut le voir pour le croire. Les couleurs vives dont on a repeint les murs cachent une misère d'un autre siècle et la justice de classe éclate à l'écran.


Le contrôle de la maison d'arrêt de femmes de Versailles révèle le fait divers où son directeur vécut une histoire d'amour avec une jeune détenue, appât du gang des Barbares. Les privilèges des unes alimentèrent la colère des autres. Comme pour ceux qui témoignent à la centrale de l'ïle de Ré il leur aura fallu du courage pour parler à visage découvert au risque de représailles. Mais qu'ont-ils ou elles à perdre encore ? Perdre les quelques euros gagnés pour des dizaines d'heures de travail ? Passer au pain sec et à l'eau ? La chambre d'isolement ? La France a aboli la peine de mort, mais les punitions qu'elle inflige à ses délinquants est aussi indigne de la morale qu'elle prétend défendre. Stéphane Mercurio fait œuvre de salut public.