70 Cinéma & DVD - septembre 2014 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mardi 30 septembre 2014

Dumont, Jodorowsky, Wiseman...


Septembre se termine bien. Il fait beau. Et les films me sourient. J'en ai choisi trois, mais j'aurais pu en évoquer quelques autres comme le délicat Tryptique de Robert Lepage et Pedro Pires (2014) sorti seulement au Québec, le provoquant Daddy de Niki de Saint-Phalle et Peter Whitehead (1973) projeté dans le cadre de l'exposition actuelle mais non édité, les sixties filmées en musique par le même Whitehead (Benefit of The Doubt, The Fall, Tonite Let's All Make Love in London, 1965-1969) introuvables en France mais visibles sur le Net, l'intégrale Sidney Lumet vue à la maison (1957-2007), l'étonnant Wolfen de Michael Wadleigh (1981), la somptueuse remasterisation de Lord Jim de Richard Brooks (1963)... J'y reviendrai peut-être, mais les boîtiers s'amoncellent sur le lecteur sans que j'ai le temps de regarder tout ce que je voudrais, car dans le même temps le travail revient et je dois composer quantité de musiques pour l'image... Donc voici trois nouveautés...


J'ai enchaîné les quatre épisodes de la série de Bruno Dumont dans une saine hilarité à laquelle le cinéaste ne m'avait pas habitué. P'tit Quinquin est une comédie policière interprétée par des comédiens amateurs plus loufoques les uns que les autres. Une comparaison abusive pourrait rappeler le meilleur Mocky ou Twin Peaks, mais Dumont réussit à marier une fantaisie débridée à son goût pour les beaux cadrages, paysages féériques du nord de la France, et les échanges de regards à la fois énigmatiques et profonds, réalisant ainsi un long métrage de 3h20 des plus originaux et des plus drôles de ces dernières années. Il aurait d'ailleurs l'intention de continuer dans cette veine comique qui n'empêche jamais d'aborder des sujets critiques malgré l'apparente légèreté de ton. Ce film pourrait également redorer le blason de la comédie dans les festivals qui programment essentiellement des drames sociaux aux sujets bien pensants des plus conventionnels. P'tit Quinquin diffuse de plus une grande tendresse pour tous ces personnages de la "France profonde", laissés pour compte de la fiction traditionnelle, pourtant plus vrais que nature, quitte à froisser les Ch'tis caricaturés par Dany Boon qui n'auront pas compris que la fable n'a rien de local. (Arte TV / DVD & Blu-Ray Blaq out)


Autre film déjanté, La danza de la realidad est le dernier film d'Alejandro Jodorowsky, autobiographie romancée de sa jeunesse, farcie de références psychanalytiques plus surréalistes qu'analytiques, sorte de pont psychédélique entre Fellini et Buñuel. La symbolique mystique de ses films cultes El Topo ou La montagne sacrée laisse la place à une sérénité mordante où le cinéaste chilien octogénaire règle ses comptes avec sa brute stalinienne de père en offrant à ses trois fils de jouer la comédie. La danse de la réalité est une affaire de famille où le fils aîné incarne le père de l'artiste et dont le cadet compose la musique pendant que sa femme fabrique les costumes, le tout filmé dans son village natal. Là encore on s'amuse beaucoup des galipettes de l'illusionniste et des provocations d'un des fondateurs du groupe Panique. (DVD Pathé)


À l'opposé de Dumont et Jodorowky, Frederik Wiseman aborde avec le plus grand sérieux son enquête sur l'université publique de Berkeley, classée troisième au rang mondial pour la qualité de son enseignement, mais en butte à des réductions drastiques de budget opérées par l'État de Californie. Quatre heures documentaires sans commentaire, interview ni musique venue du ciel, c'est dense et intelligent. At Berkeley devrait intéresser tous les étudiants de France et de Navarre, histoire de comparer leur vécu avec les héritiers d'un campus historique qui a connu ses heures de gloire dans les années 60 au moment de la contestation étudiante. Les questions fondamentales sont posées sur l'accès au savoir et l'avenir de la planète aux mains de ses élites. (DVD Blaq out)

mercredi 24 septembre 2014

Shirley Clarke, réalisatrice majeure de l'avant-garde


La réalisatrice Shirley Clarke est une figure majeure du cinéma d'avant-garde américain. Deux de ses films principaux ressortent aujourd'hui en DVD, remasterisés par Milestone et publiés en France par Potemkine.
Unité de temps, unité de lieu, The Connection fut en 1959 le premier succès du Living Theater avant que Shirley Clarke s'empare de la pièce de Jack Gelber pour réaliser deux ans plus tard le faux documentaire d'un cinéaste imaginaire qui entre de temps en temps dans le cadre. Les comédiens s'adressent souvent à la caméra pour jouer leur rôle de junkies en manque attendant leur dealer. La mise en scène et leur jeu un peu théâtral, la plupart étaient présents dans la version originale, confèrent à ce concentré de vie new-yorkaise branchée et sordide la distance de la fiction. Quatre d'entre eux accompagnent l'action en jouant en direct des morceaux hard bop, le jazz étant à l'époque souvent associé à l'héroïne. Le compositeur Freddie Redd est au piano, Jackie McLean au sax alto, Michael Mattos à la basse et Larry Ritchie à la batterie. The Connection est probablement un des films les plus jazz de l'histoire du cinéma. Tourné sur vingt ans, le dernier film de Shirley Clarke sorti en 1985 sera d'ailleurs Ornette Coleman: Made in America.
Troisième d'une sorte de trilogie dont le second est The Cool World (musique originale composée par Mal Waldron et interprétée par le Dizzy Gillespie Quintet en 1963), Portrait of Jason doit beaucoup à la personnalité d'Aaron Payne dit Jason Holliday, artiste de cabaret noir et prostitué gay particulièrement extraverti. Filmé durant une nuit de décembre 1966 dans le salon de la suite du Chelsea Hotel de Shirley Clarke, le documentaire souligne cette fois encore la mécanique du tournage. La présence hors-champ de la réalisatrice et de Carl Lee (le dealer de The Connection) est explicite, contrariant le concept de cinéma-vérité auquel on l'associe abusivement et dont le sens est absurde car le cinématographe s'affranchit du réel dès que "ça tourne". Au montage la réalisatrice comprendra qu'elle doit conserver la présence de l'équipe et les aléas du tournage. Au travers du long monologue autobiographique qu'il met lui-même en scène Jason, ivre, raconte sa vie en faisant son numéro, opportuniste décidé à s'intégrer d'une manière ou d'une autre à la société blanche de son époque. L'essence-même de la fiction et du documentaire se révèlent à l'écran dans une confrontation de fantasmes et de mensonges où la réalité quotidienne émerge sous ses appâts les plus crus.
Les deux DVD sont accompagnés de divers bonus : photos de tournage, interview de Shirley Clarke de 1956 et trois courts métrages chorégraphiques : Bullfight (1955), Buttefly (1967), Trans (1978, sur une musique de Morton Subotnick).
On peut regretter que Rome is Burning, le Cinéastes de notre temps enregistré à Paris en janvier 1968 avec Shirley Clarke et réalisé par Noël Burch et André S. Labarthe n'ait pas été réédité alors qu'une VHS était sortie en 1996. Filmés avec la perche dans le champ (l'esprit était là !), figuraient autour d'elle Burch, Rivette, Jen-Jacques Lebel et Yoko Ono allongés dans des coussins profonds...

vendredi 19 septembre 2014

Le prête-nom de Martin Ritt


Sur la Liste noire du Maccarthysme : Martin Ritt, réalisateur de The Front (Le Prête-Nom), son scénariste Walter Bernstein, les comédiens Zero Mostel, Herschel Bernardi, Lloyd Gough... Comme Nicholas Ray, Elia Kazan et Joseph Losey ils furent interdits de travailler pendant les années 50 quand régnait sur Hollywood la Comission des Activités Anti-Américaines. Chaplin s'envola pour l'Europe et se vengea avec A King in New York, Kazan trahit en dénonçant ses camarades, nombreux continuèrent sous de fausses identités. C'est ce rôle qu'endosse Woody Allen en 1976, à la charnière de ses films à sketches et de sa carrière internationale. Caissier de bistro, son personnage rend service à un copain scénariste blacklisté en signant à sa place, mais il se retrouve coincé entre cette supercherie et la chasse aux sorcières contre les supposés communistes. Bien qu'elle soit hélas rarement en odeur de critique la comédie est une arme redoutable contre l'absurdité du monde. La légèreté de ton rend le pamphlet encore plus virulent. Woody Allen est étonnamment sobre, Zero Mostel génial en en faisant des tonnes. Le Prête-Nom est un film méconnu qui dresse un portrait d'une Amérique qui n'aura jamais cessé d'être paranoïaque. (DVD Wild Side)

jeudi 18 septembre 2014

Fargo, série policière plus folle que l'original


Quelle drôle d'idée nous a pris de revoir le film de Joel et Ethan Coen de 1996 après avoir regardé la série qui s'en inspire et dont les deux frères sont producteurs exécutifs ? L'adaptation en série réalisée par Noah Hawley est beaucoup plus excitante que l'original, poussant plus loin l'humour et le délire. Ici et là on reconnaît des points de concordance et les références abondent autant que les clins d'œil à maints autres films. Les paysages enneigés du Minnesota sont plus blancs et plus froids, le scénario plus déjanté, les surprises plus nombreuses d'autant que les dix épisodes constituent un très long métrage de neuf heures dont on comprend qu'il commence là ou se terminait celui des frères Coen. La seconde saison se passerait huit ans encore avant avec de nouveaux personnages sur le même principe que True Detective, l'autre série américaine dont la qualité aura marqué l'année.


Au début de chaque épisode le générique se déroule sur des images différentes, mais avec le même texte en transparence, le même que celui des frères Coen : "Ceci est une histoire vraie. Les évènements décrits eurent lieu au Minnesota en 2006. À la demande des survivants les noms ont été modifiés. Sans aucun respect pour les morts, le reste est raconté exactement comme cela s'est passé." Tous les artifices sont évidemment autorisés par la fiction, si abracadabrante que l'humour tinte l'hémoglobine d'une couleur inédite que l'on aura peine à décrire. Les personnages féminins sont beaucoup plus présents et intéressants que dans la version d'il y a dix huit ans avec la shérif interprétée par Allison Tolman aussi maline que les machos sont déconcertants d'idiotie. Le flegme énigmatique de Billy Bob Thornton répond à la fébrilité nerveuse et maladroite de Martin Freeman et tous les comédiens sont formidables. L'absurdité des situations nous rapproche parfois de Lynch, mais Noah Hawley réussit à trouver un ton personnel qui sied parfaitement à cette comédie noire.

jeudi 11 septembre 2014

Les anonymes de Pierre Schoeller en DVD


Les Anonymes – Un' pienghjite micca est le dernier film de Pierre Schoeller après L'exercice de l'État. Il met méticuleusement en scène les quatre-vingt-seize heures de garde à vue qui suivent l'assassinat du Préfet Claude Érignac à Ajaccio le 6 février 1998 après un an d'enquête. Diffusé sur Canal + en mars 2013, le téléfilm est ensuite passé en octobre-novembre le dimanche matin au cinéma du Panthéon. Le DVD lui offre une nouvelle sortie.
Après ces deux heures de huis-clos j'ai l'impression d'avoir été passé moi-même à tabac par les policiers de la Division nationale anti-terroriste (DNAT). Schoeller filme leurs méthodes musclées, les récupérations politiques des uns et des autres en restant toujours factuel. Les références historiques sont relativement maigres à part un subtil mélange d'archives et de reconstitution fictionnelle ne faisant que resituer l'action dans la chronologie. Seul du groupe des Anonymes, Alain Ferrandi interprété par Didier Ferrari finira par exprimer ses motivations contre l'État français. L'opacité qui accompagne depuis des décennies les actions des mouvements nationalistes corses ne sera pas dissipée. Schoeller soigne essentiellement le climat, laissant ses acteurs improviser les scènes d'interrogatoire devant la caméra, mélangeant la langue corse au français pour s'approcher d'une vérité qui n'est que celle de chacun, jouant du montage pour dynamiser les dialogues et donner à la fiction des allures de documentaire. Avec sa pâle imitation d'accent corse Mathieu Amalric est-il à côté de la plaque ou est-ce un effet de style pour jouer justement d'une distanciation insistant sur l'interprétation du réalisateur ? Car tous les autres comédiens sont remarquables, véritables Corses ou acteurs du continent. Les Anonymes – Un' pienghjite micca me rappelle L.627, le meilleur film de Bertrand Tavernier, pour son rapport au quotidien, fut-il ici strictement opérationnel. Plutôt qu'un thriller à rebondissements, Schoeller livre un film de situation comme la dernière fantaisie de Guillaume Nicloux, L'enlèvement de Michel Houellebecq passée récemment sur Arte. Sauf qu'ici le crime est sérieux, l'affaire toujours pas résolue (Yvan Colonna a saisi la Cour européenne des droits de l'homme, estimant qu'il n'a pas eu le droit à un procès équitable) sans parler du statut de la Corse toujours en but à des vendettas dont on ne sait si elles sont maffieuses ou indépendantistes.

mardi 9 septembre 2014

Dreamscape, si la télépathie colonisait les rêves


Les individus sujets à des perceptions considérées comme paranormales ont tendance à rejeter leurs dons médiumniques, assimilant leur hypersensibilité à un handicap pour avancer sereinement dans la vie. Certains s'en accommodent en choisissant un métier leur permettant de canaliser ce sixième sens, sciences cognitives, psychologie, carrières artistiques, etc. Quelques uns monnayent cette aptitude à utiliser une partie du cerveau que l'on sait majoritairement inexploré pour aider leurs congénères. Le symptôme de ces manifestations tient de l'intuition, mais en travaillant son psychisme il est possible d'aller beaucoup plus loin dans les méandres de la perception.
L'armée s'est toujours intéressée à ces possibilités et le film réalisé par Joseph Ruben en 1984 s'en inspire pour créer une œuvre tenant à la fois du thriller politique et de la science-fiction qui influencera évidemment Inception de Christopher Nolan. Dans Dreamscape des télépathes pénètrent dans les rêves d'individus victimes de violents cauchemars afin de combattre leurs angoisses. Comme toutes les recherches scientifiques l'expérience intéresse énormément les services secrets qui fomentent un complot contre un Président des États Unis décidé à stopper la guerre des étoiles en signant un pacte de non-prolifération des armes nucléaires. L'aventure menée par Dennis Quaid avec Max von Sydow et Kate Capshaw contre Christopher Plummer est une fantaisie savamment structurée avec effets psychédéliques à la clef, allusions délicieusement freudiennes et une belle composition musicale de Maurice Jarre à base de synthétiseur. Étrangement méconnu, Dreamscape nous interroge sur notre rapport à nos rêves. (DVD, Blu-Ray et VOD Carlotta)

lundi 8 septembre 2014

Dialogues avec des compositeurs et des cinéastes


Étant le plus souvent catastrophé par l'utilisation de la musique au cinéma j'ai pensé que ces dialogues coordonnés par N.T. Binh, José Moure et Frédéric Sojcher pourraient peut-être éclairer ma lanterne magique sur les raisons qui poussent les cinéastes à souligner pléonastiquement leurs effets avec des marqueurs fluos. Les orchestrations originales d'Ennio Morricone ne pouvaient qu'augurer ses réflexions passionnantes recueillies en 1979. Les autres entretiens datant tous de l'an passé nous apprennent comment travaillent les uns et les autres. Nombre d'entre eux insistent pour la complémentarité des images et des sons, fuyant la plate illustration à la manière holywoodienne en vigueur. Les compositeurs Vladimir Cosma, Carter Burwell, Alberto Iglesias évoquent les éternelles questions : faut-il composer en amont ou en aval du tournage ? L'utilisation de musiques préexistantes. Les thèmes récurrents. La nécessité ou non de musique. Sa justification dans le plan (exemple, in situ). La chanson sur toutes les lèvres. Le risque d'entendre conserver les maquettes temporaires. La gestion artistique du budget... La liberté octroyée par le réalisateur est également abordée par les duos compositeurs/cinéastes, ici Jean-Claude Petit et Jean-Paul Rappeneau, Bruno Coulais et Benoit Jacquot, Atom Egoyan et Mychael Danna. Certains ne craignent pas les pléonasmes ou ressassent des formules éculées, d'autres se renouvèlent sans cesse en fonction des émotions à susciter ou du sens à affiner. Claire Denis et Stephen Frears closent le débat sur des positions fortes, de contrôle pour l'une, de distance pour l'autre.
En lisant Cinéma et Musique : Accords Parfaits (ed. Les Impressions Nouvelles) au début de l'été j'avais noté avec intérêt les positions variées de chacun, mais deux mois plus tard je mélange tout et ne me souviens plus de rien. Chacun a sa manière de faire. Lorsque je compose la musique d'un film je laisse le monteur ou la monteuse libre de faire ce qu'ils veulent de mon travail. Si je trouve le résultat nul je ne retravaille plus avec le réalisateur ou la réalisatrice, un point c'est tout. Je gagne beaucoup de temps lorsque le décideur est dans le studio pendant l'enregistrement. Comme pour tout je prépare énormément, mais fabrique vite. La première prise est souvent la bonne. Je me méfie des musiques de placement, dites provisoires, comme de la peste. Je ne livre donc jamais de maquettes, mais du définitif provisoire. Entendre qu'il faut avoir la foi, être passionné pour bien travailler, mais comme je suis un bon gars il m'arrive tout de même de faire des corrections, voire tout reprendre si j'ai mal compris quelque chose. Je déteste aussi faire écouter la musique d'un autre projet pour convaincre, car cela n'a strictement rien à voir. Libre au réalisateur ou au producteur de juger de l'adéquation de mes travaux antécédents en rapports avec les films qu'ils accompagnent. Dans tous les cas je cherche à être utile, complémentaire plutôt qu'illustratif. Les idées d'instrumentation sont issues de l'ambiance générale, du découpage, de l'unité et de la confrontation. Les plus réussies ont été faites en confiance dans la plus grande liberté, surtout si les discussions avec le réalisateur ont été précoces, parfois au stade du scénario. Il m'est aussi arrivé de recycler des compositions anciennes pour retrouver un parfum d'antan, mais en général je préfère innover. Le plus intéressant est de considérer la musique comme partie intégrante de la partition sonore, de travailler les bruitages ou de composer en fonction de ceux-ci. Le choix des collaborateurs est aussi crucial.
Les compositeurs et réalisateurs interviewés ne livrent donc pas de recettes, mais leur expérience à chacun intéressera plus d'un jeune musicien ou cinéaste, leurs commentaires se complétant ou se contredisant astucieusement.

mercredi 3 septembre 2014

Klondike


Le premier roman que mon aventurier de père me donna à lire fut L'or de Blaise Cendrars. Comme le Général Suter il ne fit jamais fortune, mais il me transmit le goût des voyages, de ceux qui forment la jeunesse. À la fin du XIXe siècle la ruée vers l'or du Klondike inspira Jules Verne pour Le Volcan d'Or, Charles Chaplin pour La Ruée vers l'or, l'oncle Picsou qui y commença sa fortune et Jack London qui y avait participé et que l'on retrouve dans la mini-série réalisée par Simon Cellan Jones d'après le roman Gold Diggers: Striking It Rich in the Klondike de Charlotte Gray pour Discovery Channel.
Dans de sublimes paysages de montagne canadienne à la frontière de l'Alaska les chercheurs d'or vivent d'espoir lorsqu'ils ne s'étripent pas. La fièvre de l'or rivalise avec celle du typhus si la glace ne vient pas geler les enthousiasmes. Western de 4h30 découpé en 6 épisodes, Klondike est une fresque somptueuse où Sam Sheppard joue un prêtre qui doit composer avec le réel et Tim Roth une crapule qui incarne le mal. Le moral et séduisant héros, puisqu'il en faut un dans ce genre d'épopée hollywoodienne dont Ridley Scott est le producteur exécutif, est interprété par Richard Madden, le Robb Stark de Game of Thrones. La plupart des personnages sont inspirés de ceux et celles qui ont véritablement vécu le Klondike Gold Rush comme Belinda Mulrooney, le superintendant Sam Steele, Father Judge, Soapy Smith ou London. Mais c'est la matière qui a le plus beau rôle, paysages à couper le souffle et l'or qui fait briller les yeux des orpailleurs et continue de fasciner les gredins d'aujourd'hui. (DVD/BluRay Wild Side)