70 Cinéma & DVD - décembre 2018 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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samedi 15 décembre 2018

Roma Cata


Gros battage autour de Roma, le nouveau film d'Alfonso Cuarón sorti en exclusivité sur Netflix après avoir reçu le Lion d'Or à Venise. Après la déception de Gravity (2013) au vide intersidéral, le réalisateur mexicain des remarquables Y tu mamá también (2001) et Children of Men (2006) sombre avec un mélo convenu et manichéen. Honte au jury de Venise, honte à ce réalisateur autrefois inventif, honte aux critiques qui encenseront cette bouse bien pensante après avoir manqué ses premiers films.
Si l'on compare l'histoire de cette famille bourgeoise et de leur bonne à tout faire avec celle de l'épatant Que Horas Ela Volta? (Une seconde mère, 2015) de la Brésilienne Anna Muylaert, le camouflet est cinglant. Ici un pamphlet éculé sur la médiocrité des hommes alors que Muylaert signait l'un des meilleurs films sur la différence de classes, drôle en plus et avec un scénario riche d'une rare finesse...
Je préfère toujours évoquer ce que j'aime plutôt que ce qui m'a déçu, à commencer pour ne pas déprimer les auteurs malchanceux, mais lorsque je taille un costard à Scorsese, Eastwood ou Cuarón je ne crains pas que cela les affecte ! Je me fais juste incendier par les gobeurs de trucs qu'il est de bon ton d'aimer sans penser par soi-même... Je suis juste énervé par l'opportunisme de Cuarón, pseudo féministe d'un autre âge, évoquant également de manière racoleuse le massacre de la manif étudiante en 1971 à Mexico sans aucune critique sérieuse du système qui les a engendrés. À réfléchir sur causes sociales et effets politiques, toute comparaison avec notre actualité hexagonale serait d'ailleurs purement fortuite.

mercredi 5 décembre 2018

Le livre d'image de Jean-Luc Godard


Tout est saturé. Du sens à l'image. À ne pas croire. Le vieux maître fait comme tout le monde. Il sort les bribes de leur contexte. Sauf que, contrairement aux journalistes, ses mensonges disent la vérité. Sel des poètes. Le jeu en main. Cinq doigts pour comment c'est. Le pouce préhenseur et l'encéphalogramme hautement développé. L'homme. Sanguinaire. Seul le fou. Et les enfants. Mais la Terre ? Nœud. Passe. Taire. Première musique : Scott Walker. The Drift. La dérive. Comme toutes ses Histoire(s). Du cinéma. Chacune est une entrée vers notre subconscient. Il suffit de reconnaître. Pour s'y reconnaître. Autant de fils d'Ariane à dérouler. O temps ! Ses fils. Nicole Brenez l'archéologue. Pas étonnant d'y retrouver Perconte. Après le feu. La liste est longue. Ils seront tous sauvés. Les espérances. Tout est saturé. Question de droits. C'est autre chose. La couleur. Vive. Le cinéma. Vif. Le silence. Coupez. Action. Moteur. Il doit y avoir une révolution. Godard termine par Le plaisir. Le masque. Tout est dit.


"Te souviens-tu encore comment nous entraînions autrefois notre pensée ?
Le plus souvent nous partions d’un rêve…
Nous nous demandions comment dans l’obscurité totale
Peuvent surgir en nous des couleurs d’une telle intensité
D’une voix douce et faible
Disant de grandes choses
D’importantes, étonnantes, de profondes et justes choses
Image et parole
On dirait un mauvais rêve écrit dans une nuit d’orage
Sous les yeux de l’Occident
Les paradis perdus
La guerre est là…"


Le livre d'image a reçu une Palme d'or spéciale au Festival de Cannes 2018.
84 minutes qui changent de tout ce qu'on peut voir et entendre.
C'est de la dynamite (vieille pub pour le chocolat suisse) !
Resté chez lui, à Rolle en Suisse, le cinéaste avait donné sa conférence de presse en répondant aux questions sur FaceTime.