En découvrant le labyrinthe de Dave Made a Maze, je n'ai pu m'empêcher de penser à Étienne Mineur, Raymond Sarti et Christine Buri-Herscher. Avec les Éditions Volumiques, le graphiste Étienne Mineur s'est inspiré des médias numériques pour imaginer des livres en papier délirants comme celui dont les pages s'effacent au fur et à mesure de la lecture, celui dont les pages tournent toutes seules, des systèmes de pliage proposant divers chemins ou des code-barres cachés dans le décor. Le scénographe Raymond Sarti adore se servir de matériaux bruts pour certaines de ses expositions comme Kréyol Factory ou Méditerranées, des grandes cités d’hier aux hommes d’aujourd’hui pour Marseille Provence 2013, rouleaux de carton, tôle ondulée ou containers. Quant à la plasticienne Christine Buri-Herscher, elle travaille le papier pour en faire des costumes ou des décors éphémères.


Or Dave Made a Maze est un film totalement délirant, sorte d'élucubration potache inspirée des jeux vidéos, pastiche d'un film d'épouvante, entièrement tourné dans un labyrinthe de carton-pâte à grands renforts d'effets spéciaux qui semblent amoureusement bricolés. La partition sonore, éclatée grâce au 5.1, est soigneusement travaillée comme on aimerait plus souvent l'entendre au cinéma, brisant les conventions avec par exemple les voix dans les haut-parleurs arrière et les effets bruités en façade. Tout est fait pour nous perdre et nous déstabiliser ! Le film de Bill Watterson tient à la fois de Being John Malkovich de Spike Jonze et de The Hole de Joe Dante, qui sont déjà passablement allumés. Il était donc logique que je pense à ces trois amis, fans de créations de papier, alors que leur art n'est pas prédisposé à accueillir ce matériau fragile, pourtant plus pérenne que nombreux supports modernes.