À l'issue de la projection d'After Dark, My Sweet j'ignorais si j'allais en écrire une chronique, mais l'entretien avec son réalisateur James Foley, en bonus sur le DVD / Blu-Ray, m'en a convaincu. Mieux que cela, il m'a aussitôt donné envie de me programmer le visionnage d'At Close Range (Comme un chien enragé, avec Christopher Walken, Sean Penn et Kiefer Sutherland, 1986), Glengarry Glen Ross avec Al Pacino, Jack Lemmon, Alec Baldwin, Ed Harris, Alan Arkin, Kevin Spacey, 1992), Fear (Obsession mortelle avec Mark Wahlberg, Reese Witherspoon, 1996)... Citer le nom des comédiens n'est pas innocent tant la direction d'acteurs de Foley est particulière. Il s'adresse toujours à eux un par un en l'absence des autres, optant pour le langage de chaque comédien. Dans After Dark, My Sweet (La mort sera si douce, 1990) Jason Patric est bouleversant, Rachel Ward d'une beauté renversante, Bruce Dern inquiétant à souhait. L'adaptation du roman de Jim Thompson exige une voix off à la première personne très singulière. Le scope 2.35 des grands espaces empêche toute distraction, les gros plans, les yeux ne trompent pas dans ce jeu de dupes très noir.


Le thriller ne ressemble à aucun autre. Foley fait corps avec son film. J'ignore encore si son meilleur, mais j'ai été fasciné par le malaise du héros et sa perspicacité dans le flou de son handicap. Un jeune boxeur sonné. Une jolie veuve alcoolique. Un ancien flic véreux. Une prise d'otage encombrante. Les personnages se révèlent au fur et à mesure. Surtout lui, le narrateur. J'ai hâte de voir les autres films, du moins ceux de cette époque, parce que je ne suis pas sûr de suivre les derniers (Cinquante nuances plus sombres, Cinquante nuances plus claires), car After Dark, My Sweet est un grand film qui, après un échec cuisant à sa sortie (annoncé bêtement comme un film sexy), mérite d'être redécouvert aujourd'hui, grand film noir, tout en nuances de noir. J'ai même aimé la musique de Maurice Jarre. Trou-blant.

→ James Foley, After Dark, My Sweet, DVD / Blu-Ray Carlotta, 20€