96 ans et toujours en activité, Louise Bourgeois est exposée au sixième étage du Centre Pompidou pour notre ravissement. Il est amusant de constater les influences ou les coïncidences que son œuvre partage avec les grands courants du XXème siècle, d'autant qu'elle n'adhéra à aucun. Son œuvre est unique, drôle et sévère, psychanalytique et ludique, puissante et provocante... Passé les dessins, les peintures et les sculptures dont ses célèbres araignées (j'ai toujours eu un faible pour les araignées !), nous sommes fascinés par ses lieux de mémoire, les Cellules que l'artiste réalise dans les années 90 (elle est donc née en 1911), installations ressemblant aux pièces d'une maison où viennent s'inscrire de rares objets qui sèment partout une fiction fortement inspirée par son vécu, en particulier ses années d'enfance et sa découverte de la sexualité. Je suis intéressé par les passerelles que les Cellules dressent vers le cinématographe sans pour autant aucune référence filmique. On découvre d'abord l'œuvre monumentale dans son ensemble, on tourne autour (travelling), on s'approche de détails sans y avoir auparavant prêté attention (gros plans qui font soudainement oublier tout le reste, cut), les miroirs disposés dans le décor recadrent les scènes (découpage), on commence à tisser des liens entre tous ces éléments (montage), on y est même plongé corporellement. Ces chambres de bois ciré ou grillagées me rappellent vaguement un Kienholz qui aurait pris ses distances avec son sujet ou une boîte de Cornell dans laquelle nous aurions été rapetissés par Lewis Carroll, à la taille de ses poupées de tissu rose. Les vidéos projetées au quatrième étage du Musée, où se poursuit discrètement l'exposition (ne manquez rien), sont exceptionnelles. Je vous laisse découvrir le reste, c'est jusqu'au 2 juin...