La Fête du Graphisme porte bien son nom. Sur les cimaises, planches de tripli à plat ou longs fils tendus ponctués de pinces à dessin, explosent les couleurs de 500 affiches du monde entier. L'exposition aux Docks / Cité de la Mode et du Design est le clou des évènements qui se déroulent un peu partout dans Paris jusqu'au 18 février, mais attention celle au truc vert, la chaussette fluo le long de la Seine près de la Gare d'Austerlitz, se termine déjà le 2 février. Le Journal Libération avait salué vendredi l'initiative de Michel Bouvet, Stéphane Tanguy et Pierre Grand en confiant chaque page à un graphiste différent pour décliner son logo comme il leur chante. Quarante affichistes célèbrent Paris sur les Champs Élysées, le MK2 Bibliothèque projette ce soir jeudi La Nuit du Générique, la BNF accumule conférences et rencontres, et les Éditions Textuel publient un somptueux catalogue qui va me permettre de m'y retrouver après ce que j'ai pris dans les mirettes !


Aux Docks Paris invite le monde, 104 affichistes de 42 pays présentent chacun 3 œuvres pour la plupart jamais vues en France, des renommées internationales côtoient de jeunes découvertes ; le Tour de France des jeunes designers graphiques se soldera samedi à La Gaîté Lyrique ; les Gig Posters américains ont beau être contemporains leur psychédélisme se décline en 150 affiches underground dignes des grandes heures de la Côte Ouest ; un film rend hommage aux douze ans d'existence de la Galerie Anatome... Parmi tout ce que j'ai pu admirer à m'en faire tourner la tête j'avoue un petit faible pour l'école polonaise dont les facéties provocantes font toujours sens. Mais chacun apporte son parpaing à l'édifice...


La Fête du Graphisme n'est pas seulement une exposition de savoir faire, d'imagination sans limites, d'inspirations les plus diverses, esthétiques, politiques, fonctionnelles, c'est aussi l'affirmation d'une nécessité. Le design graphique revendique d'investir tous les champs croisés au quotidien, pas seulement en s'affichant, mais en imprimant ses marques sur les objets, les enseignes, les journaux, les emballages, les habillages audiovisuels, Internet, etc. S'il s'agit d'une affaire de spécialistes, ceux-ci sont directement reliés au grand public par le biais de leurs partenaires et commanditaires. Ce ne sont pas que des artistes, les graphistes travaillent en accord avec les imprimeurs, les fabricants de papier et d'autres supports, les webdesigners... Le discours que je tiens sur le design sonore est le même pour celui du graphisme. Yeux ou oreilles, bientôt nez et toucher, partout où les sens sont sollicités, le designer est indispensable pour inventer le monde de demain. Là où tout n'est que grisaille il faut réinjecter de la couleur, là où le bruit règne il faut l'organiser pour le rendre intelligent et sensuel, là où la ville engendre le désordre il faut se l'approprier ! Laissons-nous envahir par leurs propositions plutôt que par leur absence. Rien de mieux alors que de faire confiance à ces rêveurs qui ont les pieds sur terre...