On est rarement déçu par les expositions de la Maison Rouge si l'on est en quête de découvertes. Cette fois la Fondation s'associe à la Cité de la Céramique de Sèvres et au Bonnefanten Museum de Maastricht pour monter Ceramix, une gigantesque exposition à la gloire d'un médium trop souvent relégué au rang de bibelot ou de vaisselle. À cheval entre art et artisanat, cela explique évidemment le nombre de femmes artistes qui s'en sont emparées. L'exposition s'étend sur les deux lieux, à la Bastille et à Sèvres où sa présence fera découvrir à beaucoup l'incroyable trésor que recèle la Cité de la Céramique. Si nous avons pu y admirer quantité d'objets fabuleux à travers les âges et les continents, Ceramix se concentre sur l'art moderne et contemporain en commençant par Gauguin et Rodin, glissant vers Picasso, Miró, Dufy et Derain, s'étendant à Fontana et au groupe Cobra, aux Japonais de Sodeïsha, au Funk Art, etc., jusqu'à nombreux artistes toujours en activité.


On admirera ainsi des sculptures de Thomas Schütte, Elsa Sahal, Johan Creten, Klara Kristalova, Ai Weiwei, Ni Haifeng, Bita Fayyazi qui se sont entichés de la terre cuite, du grès, du biscuit, de la faïence, de la porcelaine, de la céramique, éventuellement vernissant ou émaillant, pour des œuvres souvent impertinentes en regard de la tradition et des usages. Les avant-gardes se sont engouffrées dans ce matériau aux possibilités inattendues, explosant de couleurs, brutes ou sophistiquées, miniatures ou imposantes. (en photo : Antoni Tàpies et Louise Bourgeois)


Figuratives, abstraites, informelles, mais aussi politiques, érotiques, monstrueuses, les œuvres sont surprenantes. En en exposant 250 de 100 artistes issus de 25 nationalités, Ceramix (9 mars à début juin) révèle un pan méconnu de l'art moderne et contemporain où l'invention est d'autant plus libre qu'elle est restée longtemps et abusivement reléguée à un art mineur.