70 Multimedia - juin 2006 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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dimanche 18 juin 2006

Michel Séméniako, l'ectoplasme


Sur le site du photographe Michel Séméniako, je redécouvre ses images nocturnes en couleurs qui me font toujours rêver (ici Surabaya, Indonésie, 1999). Michel y est un fantôme invisible, le temps de pause effaçant sa trace de peintre.
En 1997, j'avais réalisé la partie multimédia du CD-Extra Carton (Birgé-Vitet, GRRR 2021, dossier complet en lien caché ici dévoilé) avec les photographies de Michel, prises de vues nocturnes noir et blanc ou images négociées avec les pensionnaires d'un asile psychiatrique. Nous avions créé de cette façon la pochette de l'album, sorte de photomaton où le modèle fait lui-même sa lumière avec des fibres optiques et choisit le moment où il appuie sur le déclencheur. Trois entretiens réalisés dans la boîte noire figurent également sur le CD-Rom, monologues de Michel, Bernard et moi-même. Et puis, il y a surtout les dix petits théâtres interactifs correspondant aux chansons du disque, une tentative commercialement infructueuse pour rénover la variété française, mais le CD-Rom avait rencontré un gros succès. C'était mon premier CD-Rom d'auteur, Étienne Mineur en était le directeur artistique et Antoine Schmitt le directeur technique, Hyptique le maître d'œuvre. On peut l'acquérir facilement sur le site des Allumés par exemple (compatible Mac OS9 et PC) ou Bandcamp.
Je connais Michel depuis 1975 pour avoir composé la musique de tous ses audiovisuels (diapos) produits alors par la boîte du Parti Communiste, Unicité, avant qu'il ne les quitte et reparte vers la photographie et des choix politiques plus en accord avec sa sensibilité. Dans le Documents de Jean-Luc Godard que je feuilletais hier soir, je le revois encore plus jeune dans le rôle du révisionniste de La chinoise ! Sa compagne, Marie-Jésus Diaz, est aussi photographe, mais être une femme dans le monde hyper macho de la photo n'est pas facile. Marie-Jésus tire souvent ses photos noir et blanc sur des supports inhabituels. J'adorais travailler avec l'un comme l'autre, avec eux deux ensemble aussi. Dans Carton, les paroles de L'ectoplasme sont un hommage à Michel :

Invisible à l'œil nu un photographe approche
Il peint la nuit au flash et à la lampe de poche
Il marche il frôle et cherche en vain son ombre
En exhumant les temples qu'aucun fidèle n'encombre

Cherchez-le dans le noir cherchez-le dans le blanc
Cherchez-le dans le rouge ou dans les faux semblants

Il évoque notre histoire en jouant aux quatre coins
Du globe qui tient de lui son oculaire au point
Marche à côté de ses pompes malgré l'obscurité
Arpente les abcisses gauchit les ordonnées

Cherchez-le dans le noir cherchez-le dans le blanc
Cherchez-le dans le rouge ou dans les faux semblants

Parfois son bras indiscipliné se déchaîne
Les gladiateurs au cirque aussi taguaient l'arène
Partout présent dans ses images au temps pausé
Il tente cependant de se faire oublier

Cherchez-le dans le noir cherchez-le dans le blanc
Cherchez-le dans le rouge ou dans les faux semblants
Si vous le découvrez vous serez impressionnés
Dans ces autoportraits c'est vous que vous verrez

jeudi 15 juin 2006

Du Zhenjun


Je suis très heureux que notre jury (composé également de Marie-Laure Bruneau, Frédérique Mathieu et Catherine Nieki) ait accordé à l'artiste chinois résidant en France Du Zhenjun le Prix de l'œuvre numérique interactive pour l'ensemble de son œuvre. Ce choix honore tant la SCAM que Du.

mercredi 14 juin 2006

Hunt, le sacre de Tero Saarinen


Depuis Sylvie Guillem il y a une dizaine d'années, je n'avais jamais été aussi impressionné par un danseur. Chaque muscle est comme un instrument de l'orchestre du Sacre du printemps qu'interprète Tero Saarinen, de la pointe des cheveux au bout de ses orteils. Et les yeux ! Les yeux jouent comme le reste du corps. C'est d'abord vers les yeux que porte mon regard, celui d'une femme lorsque je tombe amoureux, celui d'un homme si je suis en affaires, celui des danseurs pour savoir s'il est habité plutôt que s'il compte leurs pas. Tero Saarinen est un sauteur, comme Nijinsky, Babilée ou Silhol, mais sa chorégraphie est ancrée dans le sol qu'il foule.
Et puis, la partition musicale est si puissante qu'elle force la création. Trop souvent les chorégraphes tentent de malaxer les notes comme ils façonnent le corps des danseurs, pâte à modeler disciplinée. Les musiciens s'y prêtent à contre cœur. Toutes les musiques de ballet finissent par se ressembler, saucissons uniformes, tartes à la crème, goût Kurt Weill, Arvo Pärt ou Steve Reich selon les époques. Sans parler des Fragments d'un discours amoureux qui continue de faire des ravages ! Il est loin le temps des Sacre, Oiseau de feu, Boléro, Daphnis et Chloé, Faune, Jeux, Entr'acte, Relâche..., partitions fortes de spectacles conçus par un trinome, librettiste-compositeur-chorégraphe. Ce dernier a pris le pouvoir, le ballet n'existe plus, on parle de chorégraphie. Le livret faisait l'arbitre entre la musique et la danse. Ce n'est pas le sujet qui compte, c'est l'objet, l'œuvre faisant fi des egos. La complémentarité est pourtant indispensable pour échapper à l'illustration (soulignée par une création lumière fantasmée). Tero Saarinen y échappe en dansant Hunt sur la musique de Stravinsky. Seul en scène, obligé de s'écarter de l'original des Ballets russes, confronté à une partition musicale extrêmement riche, il invente et se cabre. On regrettera seulement qu'aucun chorégraphe n'ose commander de partition forte à un compositeur vivant. Une rencontre comme celle de Merce Cunningham et John Cage est-elle encore possible aujourd'hui ?

Mais Hunt n'est pas seulement un fantastique one man show. Si les lumières de Mikki Kunttu sont parfaitement en phase, découpant le corps torturé du danseur, arrêtant son image en plein vol, articulant le temps autant que l'espace, la collaboration avec Marita Liulia vise au sublime. L'artiste multimédia n'abuse pas de ses effets, c'est d'une rare élégance. Elle projette des images interactives sur le corps ou le tutu de voile descendu des cintres pour habiller Saarinen, elle y peint d'un doigt léger des tatouages chorégraphiés avec une maestria éblouissante, se servant d'un bug du logiciel Director ! Pour toujours chercher à pousser mes machines dans leurs retranchements, je comprends la joie de Marita à se jouer de la technique pour produire des émotions et de la beauté.
Hier, avant de partir à la Cartoucherie de Vincennes, où se rejouera encore ce soir mercredi Hunt, je revoyais Je vous salue, Sarajevo (magnifique édition ECM avec un bouquin illustré de 120 pages et 4 courts-métrages) où Jean-Luc Godard énonçait en 1993 : il y a la règle, et il y a l'exception. Il y a la culture qui est la règle, il y a l'exception qui est de l'art.

Photos : Marita Liulia, exceptée la première, Laurent Philippe.

lundi 12 juin 2006

Double Vision


Samedi soir à la Cartoucherie de Vincennes, Double Vision de Carolyn Carlson et du duo Electronic Shadow ouvrait les June Events qui dureront jusqu'au 25 juin. Seule sur scène, la chorégraphe est confrontée au déluge visuel des images vidéographiques de Naziha Mestaoui et Yacine Aït Kaci, et à la musique électro-organique de Nicolas de Zorzi.


Sur sa robe qui occupe tout l'espace au sol telle une immense vague de drap, des nuages de feu, d'eau ou de particules cosmiques donnent l'impression que la danseuse lutte désespérément contre les éléments. Un grand miroir cabossé, suspendu en fond de scène, réfléchit la scène en une mouvante abstraction.


Cinq bandes d'écran descendent des cintres couverts de projections graphiques tandis qu'un nègre, interprété par l'unique danseuse, rappelle les gestes que Laurie Anderson esquissait dans des séquences très années 30. La scénographie signée par Electronic Shadow manque peut-être un peu de chair, dû à la qualité d'architecte de Naziha et à celle de graphiste de Yacine, mais l'ensemble, s'il rappelle des thèmes souvent rabâchés (trafic automobile accéléré, ondes ou flammes...) est particulièrement réussi, le rythme soutenu, réglé comme du papier à musique, l'image extrêmement belle.


La seconde partie est une improvisation danse et musique qui s'inscrit dans une programmation cette année exceptionnellement finlandaise. L'accordéoniste Kimmo Pohjonen insuffle une énergie époustouflante aux quatre danseurs, Tero Saarinen, Juha Marsalo, Won Myeong Won et Carolyn Carlson à nouveau sur la scène du Théâtre de l'Aquarium après un entr'acte de trente minutes. Vêtue d'une sorte de tchadri de Folies Bergère bleu et vert, elle a des gestes incroyablement jeunes, parfois emprunts de théâtre nô, tandis que les trois hommes tentent des mouvements d'ensemble parfois un peu gauches. Il n'est jamais facile d'improviser sur une structure fixe. On sent que Tero Saarinen mène le jeu, les deux autres, bien que talentueux, ne peuvent que ralentir ou accélérer pour se retrouver à la prochaine station. Un improvisation libre en duo avec la chorégraphe américaine (d'origine finlandaise !) eut probablement trouvé plus facilement sa justesse. L'accordéon et la voix trafiqués de Kimmo passent d'une ambiance à une autre sans qu'on s'en rende compte, comme dans le magnifique disque, Uumen, enregistré avec le percussionniste Éric Échampard.
Au même endroit, on retrouvera l'étoile montante de la chorégraphie, Tero Saarinen, mardi et mercredi soir, dans Hunt, avec l’artiste multimedia, Marita Liulia, sur Le sacre du printemps de Stravinsky. Marita est l'auteur des célèbres CD-Roms The Ambitious Bitch et Son of a Bitch et d'un Tarot original qui fait un malheur autour du monde dans ses déclinaisons pour téléphone portable. Vous pourrez reconnaître dès sa page d'accueil le trompettiste qui incarne le Jugement !

mercredi 7 juin 2006

Modes et travaux


Je participe aujourd'hui à un jury pour l'attribution d'aides dans le monde culturel. C'est à la fois passionnant et difficile, parfois pathétique. On comprend mieux ce qui nous arrive lorsque nous sommes de l'autre côté, ramant pour trouver de quoi réaliser nos rêves. De ces expériences, je retiens que la première page du dossier doit accrocher l'œil avec une image, et qu'il est nécessaire que deux lignes, deux lignes c'est suffisant, expriment clairement le contenu du dossier. La suite doit jouer d'un effet de zoom, apportant de plus en plus de précisions au fur et à mesure qu'on s'y enfonce. Tout se jouera ensuite à l'oral.

mardi 6 juin 2006

De l'animation sur Canal+


Apparition de notre installation interactive Les Portes avec entretien flash de ma pomme, hier soir dans le magazine Mensomadaire de Canal+. Quarante secondes, comme un tract, parmi les camarades du Festival Némo (Cinéma d'ameublement) filmés ici par Sylvain Roume à l'Espace Paul Ricard : bonne idée de remonter les trois portes les unes à côté des autres, comme elles seront probablement exposées la prochaine fois.
Cette édition du magazine durait exceptionnellement une heure, essentiellement dédiée à l'animation. Beau travail d'habillage, beau programme, beaucoup d'humour (Carlitopolis, et le making of de Luis Nieto à la manière de Luc Moullet, Fallen Art de Tomek Baginski, Yughi YohGermain Huby rejoue tous les rôles d'un manga en playback, Bingo Bongo de Federico Vitali...). Ne manquez pas les prochains numéros de Mensomadaire, c'est vraiment chouette, ça change du reste ! Le très applaudi Flesh d'Édouard Salier, plus complexe que son précédent, Empire, mais aussi simpliste et complaisant, se voudrait provoquant, mais l'idéologie sous-jacente se révèle potache et douteuse. Des pin-up à poil sont projetées sur les gratte-ciel de New York transformés en écrans géants tandis que vient s'écraser toute une flotte d'avions de ligne. Le réalisateur n'aime-t-il pas fondamentalement ce qu'il raille. Est-ce le énième dérapage d'un prétendu second degré, une manière de se dédouaner, de se vautrer en camouflant sa culpabilité ? Si le succès ne le pervertit pas, Salier a suffisamment de talent pour mûrir. Sinon il pourra toujours se recycler définitivement dans la pub... En toute fraternité !
Même si les goûts ne sont donc pas tous partagés, l'émission est formidable, il y a encore d'autres merveilles comme le psychédélique Harry Smith ou le typographique Theodore Ushev.
Rediffusions : Canal+ Décalé cette nuit à 4h05 (décalé c'est le cas de le dire), Canal+ Cinéma ce soir mardi à 19h50, et le jour d'ouverture du Festival International du film d’animation d’Annecy qui durera jusqu’au 10 juin.

samedi 3 juin 2006

Nouveau son pour le film Nabaz'mob


On s'améliore tous les jours. Françoise a peaufiné le montage de Nabaz'mob. Le film est maintenant plus fidèle au spectacle... J'avais préféré mettre en ligne rapidement. J'ai l'habitude d'aller vite, de prendre les événements de court et de me laisser rattraper en cours. Genre de phrase qu'il faut relire deux fois. Se reprendre. Il faut savoir battre, le faire pendant qu'il est show. Les lapins, ça rend toujours dingue.

jeudi 1 juin 2006

Nouveau site pour Nabaz'mob, l'opéra des lapins


Nous venons d'ouvrir un nouveau site pour Nabaz'mob !
Film, photos, liens vers des blogs de propriétaires de lapins communicants, sites et articles de presse...