70 Multimedia - décembre 2008 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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samedi 20 décembre 2008

La Wii évite les coups de pompe


Denis Bertrand décrypte ici la parade du président des États Unis face au lancer de chaussures qui lui arrivent en pleine figure. S'il transforme le mépris du journaliste irakien en geste dérisoire, il est impossible d'en rester à cette interprétation shakespearienne du sémioticien de Paris 8. De deux choses l'une, soit les deux hommes sont de mèche, ce qui explique l'esquive alerte d'un type qui, au début de son mandat, n'était pas capable de mâcher un chewing-gum en même temps qu'il descendait une passerelle d'avion sans rater la marche (j'ai tout mélangé à force de tester la Wii Fit et de recevoir des tatanes sur le nez, je suis trop nul à ce genre de sport, je suis sonné, j'ai confondu chewing gum et Bretzel, aéroport et terrain de sport... Merci à POL pour son commentaire rendant à Gerald Ford ce qui lui revient. J'espère que cela ne va pas déconsidérer l'autre billet du jour autrement plus sérieux...), soit le président de la plus grande puissance mondiale a passé ces derniers mois à s'entraîner à la Wii Fit, laissant le pays aux mains des amis de son père, une bande d'outlaws texans propriétaires de puits de pétrole, prêts à tout pour conserver les rênes du pouvoir et protéger leurs avoirs. Il ne reste alors plus qu'à savoir qui a offert la console à Bush (il s'agit de faire des têtes avec des ballons en évitant les chaussures qui s'y substituent de temps en temps) pour connaître le nom de celui qui tirait les ficelles de la marionnette !
Si vous souhaitez devenir président des États Unis et que vous n'avez pas les moyens de vous payer ou de vous faire offrir une Wii Fit pour Noël, vous pouvez vous entraîner .

lundi 8 décembre 2008

Immemory de Chris Marker (version anglaise pour OS X)


Souvent évoqué dans cette colonne, le CD-Rom de Chris Marker édité en 1997 par le Centre Pompidou paraît en anglais dans une version révisée, augmentée des X-Plugs, et surtout compatible avec le système Mac OS X version 10.4.11 et ultérieures. Rassemblant des quantités d'images, de textes, de bouts de film, de sons, de citations, Immemory est un jalon incontournable de l'œuvre de Chris Marker. J'ai dit et répété qu'il avait beau avoir une interactivité extrêmement sommaire, c'est l'un des rares objets multimédia de cette époque qui ne donne pas l'impression d'avoir perdu son temps lorsqu'on le quitte. Il est à Marker ce que sont les Histoire(s) du cinéma à Godard. Une somme, non, dirait Eisenstein, un produit ! Entendre une œuvre dont la transversalité, concept moderne s'il en est, est le maître-mot.
Il y a quelques mois j'avais abordé Le trou noir de la création numérique, billet commenté par Éric Viennot et Pierre Lavoie, parmi d'autres. Il est absolument nécessaire de rééditer en français Immemory, histoire de mémoire, avec les autres œuvres essentielles qui marquèrent ces années fastes et inventives. La rapidité de renouvellement des supports informatiques a rendu inaccessible ce patrimoine culturel inestimable. Il y a quelques jours, Antoine Schmitt et moi-même avons ainsi décidé de trouver les moyens financiers de porter notre CD-Rom Machiavel sur Internet et, pourquoi pas, sur l'iPhone ; le portable d'Apple se prêterait superbement au scratch interactif des 111 boucles vidéo et à ses facéties comportementales (Machiavel réagit au plaisir et à l'ennui !). Il est indispensable de faire revivre les CD-Roms qui ont marqué leur temps, par leur invention, la qualité de leur contenu et les modes de jeu que les nouvelles technologies ont suscités : Puppet Motel de Laurie Anderson, Reactive Squares de John Maeda, Machines à écrire d’Antoine Denize, œuvres de Peter Gabriel, l'Oncle Ernest, etc., et bien évidemment le modèle d'interactivité que représente notre Alphabet, multiprimé et internationalement acclamé ! On s'en souvient, mais les nouvelles générations les ignorent cruellement. Aucun organisme institutionnel ne s'en préoccupe, aucune ligne budgétaire n'y est affectée. Quel gâchis ! Avant l’éclatement de la bulle Internet, la création artistique profitait de l’enthousiasme pour l’interactivité qui confond l’interprète et le spectateur. Les budgets, tant pour la création que pour l’institutionnel, étaient conséquents si on les compare avec ce qui se pratique aujourd’hui, donnant les moyens à ses acteurs de prendre le temps de la recherche et du développement. On parlait alors de contenu, estimant qu'il était indémodable puisque portable sur de nouvelles plate-formes. Tout est là. Internet ou le smartphone pourraient leur donner une nouvelle jeunesse à l'instar du DVD pour le cinéma. De nouvelles vocations ne manqueraient pas de se déclarer au vu et su du trésor que représentent ces œuvres aussi historiques qu'inégalées.