70 Multimedia - juin 2009 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mardi 30 juin 2009

Drôles d'oiseaux


Si Antoine m'impose avec raison le silence sur notre prochain spectacle, que puis-je raconter de notre journée studieuse qui commença par une visite vétérinaire au Musée des Arts Décoratifs suivie d'une consultation hospitalière chez Violet ? La séance en chaises longues de l'après-midi s'avéra féconde. J'ai toujours adoré ce moment de la création où nous nous laissons aller à la rêverie, sans limite ni tabou, tempête sous nos crânes qui nous laisse exténués, mais gonflés à bloc. Si l'image du Judex de Franju illustrant ce billet est à porter au dossier, elle ouvre tant de possibles que dans le secret elle ne peut qu'indiquer une fausse piste. Ce qui est certain, c'est que cela nous change du lapin.
À ce propos, nous venons d'apprendre que Nabaz'mob sera programmé à la grande soirée d'Ars Electronica le 6 septembre et, pour les lève-tôt, je vous donne rendez-vous ce matin-même en direct après le journal de 8h sur TSF. Heureusement, la rue est en pente jusqu'au Faubourg Saint-Antoine...

vendredi 12 juin 2009

Les lapins entre chien et loup


Nous espérons que le titre de l'évènement ne produira pas d'affolement parmi notre centurie, des fois que certains aient vu La règle du jeu de Jean Renoir !
Nabaz'mob est donc représenté ce soir à 20h30 et 22h au Théâtre de Cornouaille. L'opéra pour 100 lapins communicants dure 23 minutes. C'est gratuit comme tout ce qui se trame "entre chien et loup".
Je n'étais pas retourné jouer à Quimper depuis Le K avec le Drame et Daniel Laloux en 1992, mais j'avais tout de même prêché la bonne parole à l'École des Beaux-Arts l'année dernière à l'ivitation de Karine Lebrun, pour y aborder la création sonore auprès des étudiants en arts numériques. Et puis c'est sympa de revoir Étienne Tison à chaque visite dans la région...
De 1984 à 1995 j'y passais trois mois par an à regarder l'horizon, pêcher des palourdes, bouquiner, écouter des Bagadoù et m'acheter des chemises au Costume Breton. J'ai longtemps porté ces chemises anciennes en lin qu'on enfile par la tête. Je les trouvais particulièrement confortables avec leur losange sous chaque bras et leur col mao surfilé me plaisait beaucoup. J'ai changé de style, mais, hormis quelques manchettes élimées, elles n'ont pas bougé d'un fil depuis vingt-cinq ans. Pas de Bagad en vue cette fois-ci, dommage. Quant aux palourdes, tandis que je pêchais les huîtres sauvages, mon dos m'a rappelé que ces péripéties gourmandes auxquelles la grande Dédé m'avait initié ne sont plus de saison ! Je me contente de les déguster, comme les langoustines dont le parfum exquis ne supporte pas le voyage.

dimanche 7 juin 2009

Les lapins nous en posent


Les nouveaux lapins nous rendent chèvres à s'en arracher les poils qu'on a sur le caillou. Au bout d'une heure, soit trois cycles complets, les cent musiciens v.2 qui composent le second clapier se désynchronisent, mélangeant les mouvements de l'opéra dans une cacophonie absurde qui nous enchanterait si nous ne connaissions pas la partition originale. Antoine et Khaled ont testé le dispositif avec les routeurs habituels, mais les problèmes persistent. L'embouteillage d'informations wi-fi empêchant les Nabaztag de se connecter, ils rebootent au milieu de l'action. Il ne nous reste plus qu'à tout éteindre et repartir de zéro. Heureusement que nous jouons vendredi à Quimper avec le premier clapier qui, s'il se permet quelques incartades dans la joie et la bonne humeur, se tient tout de même à carreau. À clamer que nous travaillons sur l'ordre et le chaos, nous voilà pris à notre propre piège ! Nous avons donc encore quelques jours pour soigner l'épidémie puisque nous sommes censés installer la nouvelle marmaille aux Arts Décos lundi en huit pour l'inauguration qui se tiendra le 24 juin. Antoine doit donc continuer à faire des tests, changeant d'ordinateur, analysant les données, appelant à l'aide Sylvain Huet qui est à l'origine du code et Khaled Chaar, grand spécialiste de la communication lagomorphe.
Si le temps venait à manquer, nous aurions toujours la possibilité d'installer le clapier de v.1 qui a fait ses preuves à New York et St Médard-en-Jalles dans une configuration permanente. Aux États-Unis c'était en fait un ensemble acheté par Atari tandis qu'auparavant les lapins apportés par leurs propriétaires lors de la création au Centre Pompidou avaient essuyé brillamment les plâtres. Ceux avec lesquels nous voyageons régulièrement constituent déjà une troisième centaine et les v.2 qui nous font ces misères forment ainsi le quatrième ensemble que nous dirigeons ! Je blogue sur Nabaz'mob une fois de plus, car j'ai du mal à penser à autre chose, même si Pierre-Oscar m'envoie de bonnes nouvelles qui s'ajoutent à des perspectives musicales d'avenir extrêmement stimulantes. En attendant, je vais glisser mon bulletin dans l'urne, et ce malgré mes critiques virulentes à l'égard de la démocratie bourgeoise. Cette préoccupation n'est pas étrangère à notre opéra dont le sujet initial évoque justement les difficultés à vivre ensemble.

jeudi 4 juin 2009

Designers d'interactivité


À l'occasion de son exposition code_source qui s'est tenue au festival de Chaumont, le graphiste Étienne Mineur a interviewé une douzaine de designers liés à l'interactivité. On en découvrira une première sélection filmée en HD par Nicolas de Chateau-Thierry sous le titre underscore, échanges autour du design. underscore_2 m'étant consacré, les cinq premières séquences montées mettent en scène Jean-Louis Fréchin, Nicolas Baumgartner, Jean-Philippe Bazin et Electronic Shadow. Les suivants seront Gabriel Jorby, Sacha Gattino, Hervé Mishler, Rémy Bourganel, Fabien Voyer, Philippe Michel et Christophe Rebours.


Les entretiens, filmés à trois caméras, eurent lieu fin avril au studio de Nicolas dans les locaux de Donuts attenants à ceux d'incandescence, décor tout blanc avec quelques rares objets apportés par chaque invité. Étienne Mineur avait choisi quatre questions, reprises par la revue Étapes dans une déclinaison différente :
1. Un bref descriptif de votre parcours...
2. Sur un de vos projets anciens ou actuels, parler d'un point précis où votre apport fut décisif, intéressant, essentiel, original ou imprévu... L’apporter si c'est un objet ou m'indiquer où se trouve ce projet que je puisse faire des captures d'écrans avant l’interview.
3. Depuis les années 1950 quels sont les quatre évènements, étapes, découvertes les plus marquants à votre avis dans votre domaine ?
4. Votre définition de l’interactivité ?
J'avais apporté un Nabaztag accompagné de quatre Nanoztags puisque c'est le projet le plus populaire auquel j'ai participé récemment et que notre opéra Nabaz'mob fait les honneurs de l'actualité ! Nicolas a passé les entretiens en noir et blanc pour ne conserver en couleurs que les documents apportés par leurs auteurs.
Les entretiens montés sont visibles sur le blog d'Étienne.

mercredi 3 juin 2009

La cuisine des lapins


Pour effectuer les ultimes réglages de Nabaz'mob en vue de son exposition au Musée des Arts Décoratifs à partir du 24 juin, nous avons dû installer le nouveau clapier sur la moquette du salon au premier étage. Comme "Musique en Jouets" sera présenté jusqu'au 8 novembre et que nous devons continuer à nous promener avec le spectacle pendant ce temps, les lapins se sont donc multipliés. Or nous avons tout programmé en 2006 pour une meute de Nabaztag, des v.1, remplacés depuis par Violet par des v.2 dits Nabaztag/tag qui évidemment ne réagissent pas de la même façon. C'eut été trop simple ! Nous avons été obligés de museler l'orchestre des jeunes, beaucoup plus nerveux que les vétérans, pour retrouver la partition originale, et cela ne s'est pas fait sans mal. Antoine s'est donc chargé de toute l'opération, après que Sylvain Huet lui ait donné les clefs de la programmation. Il a dû écrire un nouvel interpréteur de chorégraphies, rajoutant des commandes comme l'attente des oreilles (qui tournent plus vite que celles des v.1) ou le random, intégrant notre système de commande à distance, modifiant l'exportateur de la partition pour qu'elle contienne la durée des fichiers midi (les v.2 n'ayant pas conscience qu'un fichier midi a fini de jouer, ils étaient coupés parfois avant la fin), etc. Par exemple, les moteurs des v.2 tournant quatre fois plus vite que ceux des anciens, les synchros sur les fins de mouvements d'oreille étaient cassés. Antoine a donc ajouté la durée de rotation des v.1 dans la partition pour que les v.2 se calent dessus. De mon côté, j'ai dû repartir des fichiers midi originaux, car l'un d'eux, un seul mais il fallait bien résoudre le casse-tête, ne délivrait que du silence sans que nous n'en ayons jamais compris la raison. Enfin Antoine a mis en place un "process" pour modifier la partition si nécessaire et tester facilement d'éventuelles modifications. Alors voilà, hier on lance tout, et nous nous retrouvons avec un bouchon wi-fi inexplicable, si bien qu'aujourd'hui nous espérons que la science de Khaled Chaar va nous sortir de cet embouteillage. Avec trente lapins cela fonctionne, mais au-delà les bestioles ne renvoient plus les informations aux serveurs. Pendant ce temps, je compare le son des deux orchestres. Celui des petits nouveaux est beaucoup plus métallique, faisant ressortir certaines fréquences aigües et des distorsions qui me plaisent, mais qui changent le son d'ensemble. C'est passionnant. Déjà que Nabaz'mob, par la liberté accordée aux 100 lapins communicants, nous surprenait à chaque représentation, voici que nous nous retrouvons à la tête de deux ensembles interprétant de manière très différente notre opéra. La transposition anthropomorphique des petits robots devient de plus en plus troublante.