70 Multimedia - janvier 2010 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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samedi 30 janvier 2010

Accès(s) pour Nabaz'mob à Pau


Le clapier est arrivé sain et sauf après les habituels ratés des transporteurs. C'est probablement un métier où s'épanouit le désir de liberté, mais mieux vaudrait alors partir en vacances avec les chauffeurs que travailler avec eux ! Le Ring du Pôle Culturel des anciens abattoirs à Billère, limitrophe de Pau, accueille l'installation Nabaz'mob du 3 au 14 février du mercredi au dimanche, de 15h à 19h + nocturnes le samedi jusqu’à 22h (tous publics - entrée libre). L'invitation au vernissage de mardi prochain est parvenue chez ses destinataires. Chaque structure qui nous reçoit adapte à sa sauce nos lapins pour illustrer son menu. Antoine et moi nous nous demandons par exemple à quoi ressemblera l'affiche du FIMAV en mai au Québec. Michel Levasseur m'annonce que les lapins y envahissent Victoriaville. Dans les magazines de musique internationaux ce devrait être une de mes photos qui illustrera la pub du festival. Nous attendons de voir cela avec impatience et, plus encore, la programmation, toujours exceptionnelle, qui est dévoilée au compte-gouttes. Mais pour l'instant nous nous dirigeons vers le sud-ouest, région hautement gastronomique plutôt réputée pour ses canards !

vendredi 22 janvier 2010

Le scratch vidéo interactif MACHIAVEL en téléchargement gratuit sur OSX et PC


Très bonne nouvelle, Antoine a mis à jour le scratch vidéo interactif Machiavel pour les Mac OS X et les PC récents. L'application est offerte en téléchargement gratuit, avec tout de même un bouton PayPal si l'envie vous vient de soutenir nos efforts. Nous testons ainsi cette nouvelle pratique qui consiste à compter sur la solidarité des amateurs plutôt qu'une diffusion commerciale. À suivre... De la même manière, la refonte de mon propre site proposera une flopée de morceaux du Drame inédits en mp3, soit les 50 albums qui n'auraient jamais vu le jour autrement, répertoire mythique d'Un Drame Musical Instantané comme les manuscrits de Blaise Cendrars oubliés dans des banques sud-américaines ou le film de Josef von Sternberg, A Woman at the Sea (Sea Gulls), séquestré par Charlie Chaplin et probablement perdus à jamais !
Sorti en 1998 sous la forme d'un CD-Rom couplé avec un CD-audio d'Un Drame Musical Instantané, Machiavel, qui avait fait l'unanimité de la critique (revue de presse), n'a pas pris une ride. Bien au contraire, l'objet comportemental me semble n'avoir jamais été aussi réactif. Les versions successives du système OS m'avaient probablement fait oublier comment Machiavel réagit au plaisir et à l'ennui. Nous l'appelions "l'effet clébard" : lorsque l'on ne joue pas assez ou mollement, Machiavel vient mettre son museau sur votre cuisse et si cela ne suffit pas il ira vous lécher la figure ! Idem si l'on est excité comme un pou, réactions imprévisibles en perspective... J'ai vu des DJ scratcher sur les murs. Des virtuoses ! Passé les premiers contacts où vous pouvez zapper / scratcher parmi 111 très courtes boucles vidéo, je crois que la plupart tournent autour de 2 secondes, Machiavel prend la main et se joue de vous à son tour. Le son a été réalisé à partir des vinyles du Drame et à chaque séquence correspond un son propre, mais les images et les sons n'ayant pas la même durée des effets de sens apparaissent grâce aux répétitions successives qui rappellent le zoom du photographe du film d'Antonioni, Blow-Up. L'autre dédicataire est Ferdinand Khittl dont le film étonnant La route parallèle va enfin en sortir en DVD. Il a certainement inspiré les relations qu'entretiennent tous ces "très courts métrages" entre eux et leur rapport avec le "spectacteur".
Étienne Auger, qui avait à l'époque assuré la direction graphique de l'album, a repris le rouge sang pour la page Internet abritant l'application. Inspiré par une lecture poétique du Monde Diplomatique, Machiavel exerce un regard critique et sensible sur la planète et pour peu que l'on se laisse prendre au jeu il nous renvoie à nos propres fantasmes, nos espoirs et nos craintes ! Gérard Pangon dans Télérama avait su déceler l'objet freudien derrière la fantaisie technologique. Nabaz'mob (2006) et le futur Mascarade (2010) représentent deux autres chapitres de ma collaboration avec Antoine Schmitt. Sur le livret nous avions écrit Machiavel réagit très différemment à des gestes lents ou rapides, tendres ou brutaux. Certains comportements permettent de l’apprivoiser, d’autres le contrarient. Mais qui manipule qui ?

vendredi 15 janvier 2010

Paralysie locale


Très affairé mais tenu au secret, je ne peux rien écrire. J'enregistre les sons d'interface du nouvel objet communicant imaginé par l'équipe qui a inventé le lapin Nabaztag, mais en plein développement du prototype je ne peux dire un mot. J'enregistre la musique du clip de la CNIL lié à 2025, le projet de serious game porté par Tralalere, mais je ne peux rien montrer avant que ce ne soit officiellement mis en ligne. Je travaille sur le lancement d'un écran augmenté qui pourrait révolutionner le monde de l'art contemporain, mais nous n'en sommes qu'à l'étude des possibles. Tributaire des concertations sur le poème symphonique pour 100 vélos, je ne peux rien faire. L'absence de modèle économique pour l'album de mon centenaire me paralyse. La mise en jeu de mon nouveau site dépend de la disponibilité de Nicolas Clauss. Le prochain spectacle avec Antoine Schmitt ne peut être révélé avant sa création en ouverture du Festival de Victoriaville au Québec. Et les projets avec Françoise Romand, Surletoit, Raymond Sarti, Pierre-Oscar Lévy, Sacha Gattino, Jacques Rebotier, etc. ne sont pas assez avancés pour être évoqués aujourd'hui. Le mutisme n'empêche heureusement pas l'imagination de déborder, même si mes phrases sont ponctuées de la conjonction de coordination "mais" qui marque systématiquement son opposition à mon envie et mon excitation à vous faire partager mon enthousiasme.
Il est d'autres encombrants secrets qui n'auront jamais leur place dans cette colonne. Si la prudence n'est pas un terme qui m'anime, l'intimité des uns, la stratégie des autres, les promesses faites aux uns comme aux autres imposent des limites à la publication. Saurai-je être plus loquace demain ?

samedi 9 janvier 2010

La machine à verbes


L'Espace Khiasma est situé à moins de cent mètres de la boulangerie La Bould'Ange, centre du quartier par son excellence, passerelle gourmande entre Les Lilas et Bagnolet. Ce soir-là, le centre d'art accueillait une drôle de machine conçue et réalisée par Grégory Beller et Norbert Gordon. Le premier travaille à l'IRCAM en tant que musicien et à l'université comme physicien chercheur, spécialiste en synthèse vocale. Le second, artiste multimédia et enseignant en littérature et histoire de l’art, s’intéresse aux rapports entre langue et société. Le siège sur lequel on s'installe semble sorti d'un film de science-fiction des années 60, vélo d'appartement customisé avec écran plat et vidéo-projecteur. Les images projetées devant le spectateur qui se prête à l'expérience sont générées par ses propres paroles qui se transforment en mots sur le petit écran de contrôle, en images sur le grand et en musique générative, par le détournement astucieux d'un logiciel de reconnaissance vocale. Les textes fournis en exemples utilisant le langage journalistique produisent des effets étonnants en s'appuyant sur une traduction sémantique propre à créer un montage critique sur les informations télévisées. Un texte sur le sexe appelle des mots du langage marchand tandis qu'un autre axé sur le commerce a l'agressivité du vocabulaire guerrier, déclenchant les images idoines. Le sens des phrases et l'intensité de la voix agissent dessus comme sur les sons renvoyées en écho, mais les aléas de la machine, ses bugs créatifs, produisent des effets inattendus qui nous renvoie à l'humanité qui les a conçus. La machine à verbes bouscule les chronologies. Histoire de rompre la monotonie du voyage spatiotemporel, les deux explorateurs comptent ne pas s'arrêter aux 40000 mots et 1000 images déjà enregistrés en enrichissant encore le corpus, construisant une syntaxe toujours plus complexe et critique, structurant le flou artistique du trajet nébuleux. Au milieu de tant d'installations insipides et vaines, saluons cette œuvre qui pour être fondamentalement politique n'en perd pas sa poésie ludique.

vendredi 1 janvier 2010

Le Light Book


Au dernier jour de l'an passé, je citais trois phrases que Louis Barnier avait mises en exergue sur la page de garde du Light Book auquel j'avais participé avec mes camarades de L'Œuf hyaloïde, dernière réincarnation d'H Lights avant houleuse dissolution. La dernière page indique : " Cette plaquette, qui reproduit avec le maximum de sympathie et - hélas ! - le minimum de fidélité des images de Michaela Watteaux, Luc Barnier, Jean-Jacques Birgé, Philippe Danton, Thierry Dehesdin, Antoine Guerreiro du groupe de l'Œuf hyaloïde (ex-H Lights et ex-Despotes éclairés), a été achevée d'imprimer le 31 janvier 1973 par l'Imprimerie Union à Paris. Strictement hors commerce elle a été tirée à 777 exemplaires numérotés : les exemplaires 1 à 555 étant réservés à l'Imprimerie Union ; les exemplaires 556 à 777 étant réservés à l'Œuf hyaloïde. " La plupart de mes images (diapositives brûlées, acides bleus, polarisations) avaient été réalisées en 1969. S'y ajoutèrent le remix de Thierry avec la photo d'Isabelle (ci-dessus), ses cristallisations, deux acides rouges de Michaela et un liquide séché d'Antoine (ci-dessous), plus un de Luc qui servit également à la couverture. Le père de Luc dirigeait la célèbre Imprimerie Union spécialisée dans les livres d'art luxueux et extrêmement onéreux. Le Light Book en était la cadeau de fin d'année, envoyé à l'ensemble des membres du Collège de Pataphysique dont Louis était l'un des Provéditeurs depuis 1953. Picasso mourut deux jours après l'avoir reçu ; de là à penser que nous l'avions tué, cela amusait beaucoup le père de Luc !
Je viens de scanner les cinq pages de la préface, texte fondamental sur le light-show que notre travail lui inspira.


J'avais commencé à gratter des diapositives ratées après avoir assisté en 1967 à une conférence à la MJC du quartier, donnée par un journaliste rock qui revenait des USA et dont je ne me souviens plus du nom avec certitude. En expérimentant diverses manipulations chimiques j'avais découvert que mettre le feu à la laque pour cheveux produisait d'intéressants effets sur la pellicule non révélée. Après un stage londonien chez Krishna Lights j'étais devenu un expert en polarisations : en glissant entre deux plaques polaroïds des matières aux propriétés biréfringentes (plastiques étirés, ruban adhésif transparent...) et en faisant tourner l'une d'elle, on peut obtenir des couleurs éclatantes se transformant progressivement en leurs complémentaires. Michel Polizzi, puis Antoine, étaient des as des liquides en mouvement : il suffisait d'ôter le verre anti-calorique du projecteur de diapositives pour faire bouillir la préparation. Pendant les spectacles, j'étais aux commandes de quatre Leitz avec lesquels je dessinais un tryptique, utilisant mes images ou les photographies de Thierry... Le light-show se dissout vers 1974, époque correspondant avec ma sortie de l'Idhec et mon entrée dans la vie active. Les derniers spectacles furent "Brrr, qu'il fait froid ce soir, j'ai grand regret de n'avoir pas pris double manteau..." avec le comédien Philippe Danton, Francis Gorgé et moi pour la musique, le light-show étant assuré par Thierry, Luc, Antoine et Bernard Mollerat, ainsi que l'ouverture du Théâtre Présent (futur Paris-Villette) où nous faisions des projections pour un spectacle poétique d'Arlette Thomas et Pierre Peyrou. J'avais commencé avec Philippe Arthuys et terminai en sonorisant les montages audiovisuels de Michel Séméniako, Marie-Jésus Diaz, Noel Burch, Claude Thiébaut à l'époque d'Unicité. Entre temps nous avions assuré le light de Gong, Red Noise, Crouille-Marteaux (avec Kalfon et Clémenti), Le Vieux Berthoulet, Dagon, et j'avais fait mes gammes sur Kevin Ayers et Steamhammer à la Roundhouse. Le cinéma remplaça pour moi les projections psychédéliques, que ce soit en tant que réalisateur ou en initiant dès 1976 le retour au ciné-concert avec Un Drame Musical Instantané. Finalement, le multimédia avec les CD-Roms, Internet et les installations interactives, représente la continuation logique du spectacle total conviant tous les sens en un melting pot essentiellement audiovisuel.

P.S. : le 6 octobre 2012 je suis tombé par hasard sur une page web de l'Imprimerie Union reproduisant les douze images du Light-Book, mais également quantité de lettres de remerciements à Louis Barnier, ainsi qu'un tract raturé de H Lights conçu par mes soins, et une carte écrite de ma main illustrée par Antoine Guerreiro attribuée par erreur à Jack Renaud.