70 Musique - juin 2007 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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samedi 30 juin 2007

Quelques images de Bobby Lapointe


À côté des centaines de VHS enregistrées sur les chaînes de télévision qui occupent larangée de derrière sur mes étagères, j'ai conservé quelques éditions que je remplace au fur et à mesure des sorties dvd. Ainsi Le dévédé de Bobby Lapointe, remasterisé comme il se doit (avec options sonores dont je ne vois pas vraiment l'intérêt : 5.1, DTS, stéréo), vient colorer un début d'été bien gris (c'est vrai, L'été où est-il ?). Ce n'est pas que Bobby soit une bête de scène, loin de là, sa timidité ne lui permettant que de hocher la tête ou les épaules, mais une grande tendresse se dégage de sa prestation minimaliste. À le regarder si sobre, j'ai l'impression de redécouvrir ses jeux de mots ferroviaires (un sens peut en cacher un autre) que nous croyions connaître par cœur. Les réalisations s'améliorent un peu avec Jean-Christophe Averty (From Two to Two) et la couleur vient rehausser le ton de la deuxième version d'Aragon et Castille ou Saucisson de cheval n°1. C'est probablement la première fois que l'on peut apprécier son étonnant duo avec Anne Sylvestre (Depuis le temps) qui ne figurait sur aucun des 33 tours originaux et que je ne retrouve pas non plus sur les deux doubles rééditions, dites L'intégrale et En public.
Ce dernier cd, live tranche avec les clips vidéo tous en playback. Y figurent en plus quelques inédits savoureux : une pub refusée pour une crème dessert (Jockey, c'est pas mauvais !), Lena par Fernand Raynaud, La Youpi... Allez !, Toto le tigre, Georges Pérec s'étranglant de rire en lisant le texte Grimace ratatinée en rime à grasse matinée...
Les suppléments du dévédé constitueront pour les fans son véritable intérêt : un documentaire de 52 minutes Comprend qui veut. Comprend qui peut, Bobby chantant Bruant (À Montparnasse, Camomille, C'est nous les joyeux), plein de petites raretés comme Place du Parvis, Le tube de toilette avec au porte-voix Pierre Doris sous-titré et un orchestre de plateau, l'extrait de Tirez sur le pianiste, etc.
Les paroles ont été publiées par Encre en 1983, bouquin réédité par Domens en 2000, avec son système bibinaire. Comme Raymond Queneau, Bobby Lapointe avait de sérieuses bases mathématiques. Son système s'inspirait déjà du binaire et de l'hexadécimal. Il s'éteint le 29 juin 1972. L'absence de crédits sur le dvd est choquante, on ignore les auteurs, les arrangeurs, les dates, les réalisateurs, aucun livret quand ne se glissent pas quelques erreurs. Ce n'est pas ainsi qu'on lutte en faveur des supports matériels. Le héros de Pézenas aurait mérité que l'éditeur fasse correctement son travail. Dommage !
C'est bon de rire et de sourire de temps en temps. Ça réchauffe, et puis ça détend, comme bailler ou faire des galipettes. L'un n'empêche pas l'autre. Là Youpi... Allez !

vendredi 29 juin 2007

Résultat du Blindfold Test


Bravo à Denis qui, tôt ce matin, a trouvé le premier la solution dans le blog-même !
On reconnaît la voix d'Edgard Varèse, avec son accent bourguignon, qui dirige donc les séances auxquelles participent Art Farmer (trompette), Hal McKusik (clarinette, sax alto), Teo Macero (sax ténor), Eddie Bert (trombone), Frank Rehak (trombone), Don Butterfield (tuba), Hall Overton (piano), Charlie Mingus (contrebasse), Ed Shaughnessy (batterie), probablement aussi John La Porta (sax alto)... Nous ignorons qui est le vibraphoniste...


Cette bande est une petite bombe, car c'est probablement le premier enregistrement de free jazz (totalement inédit) de l'histoire de la musique. Varèse aurait-il influencé les jazzmen ou a-t-il tenté de canaliser leurs premières ébauches dans le domaine du free ? Quelle que soit la réponse, elle est révolutionnaire, car la musique anticipe de trois ans l'émergence du Free Jazz d'Ornette Coleman ! On sait d'autre part que Charlie Parker exprima son désir de prendre des cours avec Varèse à l'automne 1954 alors que le compositeur s'apprêtait à partir en France pour travailler sur Déserts. Lorsqu'il revint à New York en mai 1955, Parker était déjà mort.
Entre mars et août 1957, assistaient à ces jam-sessions dominicales l'arrangeur George Handy, le journaliste Robert Reisner, les compositeurs James Tenney, Earle Brown et John Cage, le chorégraphe Merce Cunningham. Les organisateurs étaient Earle Brown et Teo Macero, futur producteur, entre autres, de Miles Davis. Varèse a utilisé certains extraits pour le montage de son Poème électronique.
Je tiens cette copie (l'original est conservé à la Fondation Paul Sacher) de Robert Wyatt à qui le réalisateur Mark Kidel l'avait lui-même confiée. Kidel m'écrit qu'il a réalisé un film sur Varèse produit par Arte Allemagne avec Teo Macero utilisant la bande avec Mingus, mais je ne l'ai hélas jamais vu. Il est également l'auteur de Free Will and Testament : The Robert Wyatt Story, de films sur Tricky, Alfred Brendel, Ravi Shankar, Joe Zawinul, Bill Viola...
La partition de Varèse représente le diagramme de l'une de ces improvisations jazz.

Blindfold Test

N'oublions pas que le mp3 tue la musique.
Les fichiers téléchargés ne sont que des ombres. Reproductions, cartes postales, mais d'œuvres, nulle part. C'est plat. Le son compressé écrase les perspectives. Sauf que cette fois, il n'y a pas le choix.


Petit jeu pour les amateurs de jazz et de musique contemporaine.
Un indice pour commencer, et de taille : cela se passe à New York en 1957.
Les questions maintenant :
- qui dirige la répétition ?
- qui est le saxophoniste ?
- le trompettiste ?
- le contrebassiste ?
- le batteur ?
- les autres musiciens ?
- qui organisaient ces jam-sessions ?
- dans quelle œuvre peut-on en entendre des extraits ?
Résultats après lecture de vos commentaires !
La qualité du mp3 n'est pas fameuse, mais ce document de 30 minutes a évidemment une valeur historique (second indice)... Comme la réponse est improbable, il est suggéré d'écouter le chef d'orchestre (troisième indice).

Résultat du blindfold test

mardi 26 juin 2007

Giant Steps good, fire no good


François Corneloup nous a indiqué ce film étonnant, mais en cherchant sur le site de l'Université d'Hosei au Japon, nous découvrons une multitude d'autres expériences où des robots jouent du ténor, du trombone et de la trompette. Si les explications sont hélas uniquement en japonais, les vidéos et les photographies sont précieuses. Plus que la manipulation des clefs ou des pistons, les simulations d'embouchures sont stupéfiantes. Je continue à me demander à quoi et à qui servent ces expériences. Est-ce une sorte de Muybridge étudiant le souffle au lieu de la marche ? Est-ce une façon pour les luthiers de tester la résistance des matériaux comme les fabricants de matelas ou d'automobiles ? Quel fantasme nous pousse à fabriquer des Golems capables de reproduire synthétiquement la vie humaine ? Quel pari paranoïaque anime ces Frankenstein en herbe ? Toutes ces interrogations rejoignent nos débats sur les machines...
Restez patients, les téléchargements du site du Laboratoire Takashima sont lents.

dimanche 24 juin 2007

Corneloup pense à Sidney


En écoutant François Corneloup enregistrer les prises de sax baryton et de soprano pour notre carnaval polychrome, Bernard a reconnu son erreur quant aux avantages des machines sur les interprètes vivants. Il faudra que je lui rappelle de temps en temps ces séances... Ouf !
Les inventions de Corneloup ne sont pas innées. Son groove s'est précisé au contact des autres. Il sait l'histoire de la musique. L'apprivoisement de son désir prépare le terrain. Suit le plaisir de jouer. La première prise est toujours une découverte, les suivantes recèlent des merveilles d'intelligence et de sens de l'instant. Je fige tout cela sur le multipistes de l'ordinateur. J'ai écrit ici et tout le bien que je pensais d'Ursus Minor où il tient le rôle de la basse en plus de mélodifier au soprano. En 1996, il avait accompagné Elsa sur notre ¡ Vivan las utopias ! dans la compilation Buenaventura Durruti. Onze ans plus tard, nous refaisons appel à lui pour une nouveau morceau d'inspiration sud-américaine. Il doit imaginer qu'on sait faire que ça ! Comme Bernard le souhaitait, le carnaval sonne plus New Orleans que brésilien : "Pense à Sidney !" lui dit-il. L'accompagnement au baryton des deux chanteuses est aussi délicat que le final est punchy avec les pistes de soprano qui s'amoncellent en pâte feuilletée. Lundi nous recevrons le trombone et le lendemain nous passerons au mixage. C'est alors que tout prendra sa place, comme si cela avait toujours existé, comme si le choix ne se posait pas, comme si...
À mon tour, je pense à Sidney. En 1958, dans les loges du Théâtre de l'Étoile, Sidney me fait sauter sur ses genoux. Je souffle dans son soprano et il me laisse gagner à la boxe. Je me souviens de cette scène comme si c'était hier. C'est mon plus vieux souvenir de musique. Sidney Bechet mène toute la troupe au milieu du public de l'orchestre sur l'air des Oignons. Je ne pleure pas, mais j'en ai des frissons. L'opérette a causé la faillite de mon père qui dut changer de métier pour nous nourrir.

vendredi 22 juin 2007

En kitouba


Nous avions choisi de réenregistrer la chanson en langue kitouba, une variante du kongo, pour la partie médiane de notre carnaval polychrome composé pour L'Oréal. Lordia Matondo Nsonga a eu l'excellente idée de venir au studio accompagnée de sa sœur, Nevy Leleka Nsonga. En chantant à la tierce, elles ont rendu joyeuse la mélodie qui jusqu'ici me rappelait étrangement un chant vaudou haïtien et à Bernard une chanson irlandaise ! C'est un vrai duo. Elles ont l'habitude de chanter ensemble. Nous posons la prise sur les percussions et le tour est joué. Lordia (à droite sur la photo) est l'une des 32 jeunes filles de la ronde filmée par Pierre-Oscar. Dans l'introduction, j'ai trouvé une mouette pour annoncer la cuica et Bernard a joué du sifflet à roulette pour lancer le calypso.

mercredi 20 juin 2007

Sed perseverare diabolicum


Bernard me contredit systématiquement. Ces altercations, qui nous font toujours avancer, me manquent lorsque je travaille seul. Il m'oblige à préciser ma pensée, à trouver de nouveaux arguments, à fourbir mes armes. La dernière discussion portait sur la différence entre musiciens et machines, jeu vivant et clones. Bernard, craignant d'être trahi, préfère souvent que nous programmions des instruments virtuels plutôt que faire appel à des virtuoses. J'entre en désaccord, prétendant que c'est l'à peu-près, relatif, qui donne sa vie au morceau. Lui estime qu'il faut être en place, un point c'est tout. Alors pourquoi humanise-t-on les pistes enregistrées pas à pas sur le séquenceur ? Il y a un entre deux, puisque, à l'inverse, l'on est parfois obligés de quantifier les parties live. Pourtant aucun interprète ne rejoue identiquement deux fois la même note. Errare humanum est, et cette "gaucherie", maîtrisée, devient le style. N'oublions pas non plus que les machines ont été conçues et sont manipulées par des humains. J'ai choisi de devenir musicien pour partager ces moments de grâce où nous transposons nos émotions en ondes vibratoires organisées. C'est de l'ordre de la conversation, de l'échange. Les machines n'ont aucune générosité à leur actif. Les êtres humains ont le choix.

mardi 19 juin 2007

Débordement


On croit qu'il fait beau, et puis crac, le ciel se déchire et ça tombe. Ou bien on pense qu'il va pleuvoir tout le temps, mais les oiseaux se remettent à chanter. Combien de temps durent les éclaircies ? Rien n'est stable. C'est toujours la même histoire. Tout arrive en même temps. Nous terminons de composer une musique de carnaval pour L'Oréal, et voilà que le feu vert arrive pour le clip de la Communauté Européenne. Dans les deux cas, c'est marrant de travailler avec Pierre-Oscar, mais les délais sont serrés pour Bernard et moi. Nous enregistrons à la fin de la semaine avec François Corneloup, aux sax baryton et soprano, et Jean-Louis Pommier, au trombone, sur un tapis de percussions brésiliennes. Mais il faut déjà que j'envoie les partitions de l'Europe au quatuor à cordes réuni autour de Régis Huby et Guillaume Roy. Se joindront à eux Ronan Le Bars aux uillean pipes, Hervé Legeay aux guitares manouche et électrique, David Venitucci à l'accordéon et le percussionniste Éric Échampard. Une sorte de cocktail à base de jazz musette, de flamenco et de celtisme, avec des espaces pour les documents d'archives. Déjà bien copieux. Je dois aussi sonoriser un nouveau jeu pour les P'tits Repères et une interface pour un site Web. Mais c'est pas tout, mais c'est pas tout... Le lapin en chef vient enregistrer quelques vocalises le jour même où la Deutsche Welle TV vient réaliser un reportage au studio sur Nabaztag et notre opéra pour leur programme Euromaxx. Hier après-midi, mes camarades des Allumés ont pu penser que j'étais un peu distrait pendant la réunion de préparation du n°20. J'ignore sincèrement si je vais pouvoir continuer à écrire ici tous les jours. Ce sont de bonnes nouvelles. Il ne manquerait plus qu'il se mette à pleuvoir. Et pourquoi pas ? On peut s'en plaindre ou s'en réjouir. Chaque mouvement est à prendre du bon côté. Du côté du vivant. Retournement.

vendredi 15 juin 2007

(Publicité)


Plusieurs camarades qui ne sont pas des experts en informatique ont choisi de composer et enregistrer avec le logiciel GarageBand livré d'office avec les ordinateurs Apple (achetable séparément dans le pack de la suite iLife 06). Plutôt que de se lancer sur un logiciel complet et complexe, ils ont opté pour la simplicité de GarageBand. Bâti autour d'un système de boucles audio préenregistrées qu'on empile et se succèdent, il offre un séquenceur midi et des instruments d'une qualité surprenante. Le micro intégré du MacBook permet d'enregistrer ses propres prises, de leur ajouter des effets et des simulateurs d'amplis. En lui adjoignant un petit clavier USB, on se retrouve à la tête d'un studio simple, efficace, ludique. Si l'on souhaite étendre les possibilités orchestrales, Apple vend des banques de sons spécialisées. C'est l'outil idéal pour aborder la composition musicale sur ordinateur sans ne rien dépenser de plus que la machine de base. Évidemment il y a tout de même de grosses lacunes : pas d'impression de partition, ni changement d'armature ou de tempo pendant le morceau, exportation seulement en audio grâce à iTunes... Par contre, logique maison oblige, la version 3 communique avec iMovie, iWeb, iChat permettant d'enregistrer les conversations à trois, de réaliser des podcasts, sonoriser ses films... J'ai toujours aimé les jouets, surtout s'ils peuvent s'avérer utiles.

Illustration composée d'après Video Quartet de Christian Marclay dont l'exposition se termine le 24 à la Cité de la Musique.

samedi 9 juin 2007

Une demi-seconde par année


Comme d'habitude, je m'étais mis dans de beaux draps. En regardant le pilote de la série dont je dois composer la musique, j'ai cherché comment rendre l'époque De Gaulle, soit des années 40 aux années 60, et ce pour un public d'enfants de 12 ans environ. Les documents d'archives étant déjà sonorisés et le plus souvent illustrés musicalement, je voulais cadrer la charte sonore pour ne pas en rajouter dans la dispersion. Un traitement sobre soulignant seulement les ajouts graphiques du réalisateur me semblait propice. J'ai soudain pensé à la guitare électrique, instrument qui a marqué toute cette période et qui parle aux ados d'aujourd'hui sans que cela fasse daté. La question la plus épineuse concernait le générique : faire défiler trente ans en quinze secondes ! En proposant mon idée, je connaissais le guitariste capable de jouer manouche, rock'n roll, psychédélique et de s'éclater en imitant des bruits plus ou moins évocateurs. Mais encore fallait-il qu'il ne soit pas en tournée avec Sanseverino...
Hervé Legeay est venu avec deux grattes, une Maurice Dupond de 89 et une Gretsch Anniversary 1961, et nous nous en sommes donné à c?ur joie ! Ondes, bulles, paquebot, envol de billets, énergie et tendresse... J'ai programmé quelques effets et le pédalier, calé chaque phrase avec les séquences du film et le tour est joué. Je n'ai plus qu'à mixer l'ensemble et livrer un fichier stéréo à intégrer dans le mixage définitif.
C'est toujours un plaisir de travailler avec Hervé. Tout semble simple. On imagine, on teste, on fait tourner. On cherche, on trouve. Dans le cd Carton il joue sur Camille et Dodéca Couac, il est du ¡ Vivan las utopias ! sur le Buenaventura Durruti et accompagne Elsa lorsqu'elle avait 6 et 9 ans sur le cd téléchargeable avec la revue Sextant qui vient de paraître (avec aussi un Machiavel live au Glaz'art !). Pour nato nous avions enregistré un hommage à John Cassavetes qui n'est jamais sorti. J'apprécie son enthousiasme pour les projets auxquels il collabore. Il se met dans la peau de son personnage en posant le décor (le timbre) et en ciselant la mélodie qui le guidera.

dimanche 3 juin 2007

Things have gotta change


Chaque long entretien avec Archie Shepp semble embrasser à la fois toute sa carrière et l'histoire du peuple afro-américain, à travers la musique et le jazz précisément. Pourtant, que ce soit pour notre Cours du Temps dans le numéro 13 des Allumés, pour l'édition spéciale que Jazz Magazine lui a consacrée le mois dernier (interview avec Christian Gauffre) à l'occasion de son 70ème anniversaire ou pour le film tourné par Franck Cassenti en 1983 qui vient enfin de sortir en dvd, les histoires qu'il raconte sont chaque fois différentes, révélant ainsi la profondeur du monsieur.
Fatigué des arnaques de producteurs indélicats, Archie Shepp sort Gemini, troisième album de son label Archieball, et double puisque The Reverse enregistré cette année est accompagné d'un Live à Souillac de 2002. Rien d'étonnant non plus à y trouver le rappeur Chuck D de Public Enemy, la révolte est plus nécessaire que jamais : sur toute la planète règnent l'international du profit à court terme et la cynique exploitation de l'homme par l'homme. À Souillac, il rencontre la chanteuse et pianiste Amina Claudine Myers pour un set bluesy, mais il ne dédaigne jamais hurler sa colère et murmurer sa détermination. Le sax et la voix de Shepp éructent ses soixante-dix balais, tandis que paraît en dvd le meilleur film de Frank Cassenti, Je suis jazz c'est ma vie, tourné en 83. Très beau livret avec photos de l'incontournable Guy Le Querrec commentées par Shepp et boni de concerts à Porquerolles.
Depuis Blasé et Poem for Malcolm, j'ai toujours été transporté par le timbre du ténor de Shepp. Je dois bien posséder une cinquantaine de disques. J'ai écouté et réécouté Montreux One, There's a Trumpet in My Soul, Attica Blues, Things have got to change... qui ne sont peut-être pas les plus courus. J'apprécie souvent le jazz (un mot que n'aime pas Shepp) lorsqu'il croise des musiques noires plus populaires comme le rhythm 'n blues ou le funk. Ainsi je suis fan de Roland Kirk, du New Grass d'Albert Ayler, mais aussi Miles Davis période Bitches Brew, Don Cherry...

samedi 2 juin 2007

Musique de chambre au zavrila


Jean Morières fait de plus en plus de concerts en appartements avec sa flûte zavrila. Il l'a conçue, fabriquée et en joue dans un recueillement qu'il fait partager à son auditoire. La proximité oblige le public à la même concentration que le musicien. On apprend à respirer. Si la première pièce était inspirée du shakuachi, la suite était plus contemporaine. Une spectatrice fut d'ailleurs prise d'éclats exclamatifs à chacune des percussions de l'air tout le long du tuyau en buis. Comme si Jean la chatouillait sans prévenir. Après l'entr'acte où l'on pouvait se distraire autour d'un punch et d'un agréable buffet, le saxophoniste Stéphane Payen le rejoint pour un duo délicat qui fait ressortir ce pourquoi la musique de chambre n'a besoin d'aucune amplification. Elle se retrouve enfin dans son élément.