70 Musique - juin 2008 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

vendredi 13 juin 2008

En direct à 18h30 sur Radio Aligre (93.1)


Ève Risser m'a invité à la rejoindre pour un live d'une heure sur Radio Aligre (93.1) dans l'émission de Christian Bernard intitulée Helter Skelter aujourd'hui vendredi de 18h30 à 19h30. Nous avions joué ensemble avec Yuko Oshima au Triton le 13 mars dernier, concert retransmis par France Musique quelques semaines plus tard. Mais cette fois le studio exigu n'abritant aucun piano, je me demande bien ce qu'Ève va fabriquer. Comme elle a plus d'un tour dans son sac, je ne suis pas inquiet. Fine flûtiste, la pianiste joue aussi de l'électrophone, du Theremin, de la guitare Barbie, des petits jouets rigolos comme piano d'enfant, toupie musicale, etc. Mais ce soir ? De mon côté, je prends autant d'instruments que peut en contenir la sacoche de mon vélo : deux synthétiseurs portables, le Tenori-On et le Kaossilator, une trompette à anche, deux guimbardes, quelques percussions, et des cassettes enregistrées dans les années 70 que j'espère trafiquer avec mon AirFX. J'ai retrouvé mes vieux montages radiophoniques, un enregistrement de mon ARP2600, des scènes de reportage d'univers disparus... Quoi qu'il arrive, nous devrons rattraper les balles car nous serons en improvisation totale...
P.S. : Ève était injoignable depuis quelques jours. Elle avait seulement fêté son Prix de Conservatoire (jazz et musiques improvisées au CNSM) obtenu mercredi avec mention très bien et les félicitations du jury à l'unanimité. Trop cool et franchement mérité ! Inspirée par le vent qui fouette son visage (!?), elle jouera d'un petit clavier et du Theremin.

mercredi 11 juin 2008

Expérience du peyotl


Parmi la banalité des nouveautés proposées ces temps-ci, fussent-elles de qualité, tout album sortant de l'ordinaire est un coup de baguette magique qui transforme mon masque de crapaud en sourire de rainette. Pour savoir si la mutation irait jusqu'à faire de moi un prince charmant, il faudra tout de même que vous vous fendiez d'un baiser sur la bouche, mais êtes-vous certain(e) que je me laisse faire ?
The Cusp of Magic (Nonesuch) est un rayon de soleil traversant les saisons, comme une traînée de poudre de perlimpinpin, pour s'installer en plein été. Depuis de nombreuses années, Terry Riley compose essentiellement des quatuors à cordes créés par le célèbre Kronos Quartet. Même si le compositeur ne s'en est jamais détaché, le style répétitif qui l'a initié et l'a fait connaître avec In C et Rainbow in Curved Air a cédé le pas à une invention sans cesse renouvelée, empruntant les détours les plus étonnants, des chemins touffus aux chambres escarpées, des forêts habitées aux espaces sidéraux. Depuis 25 ans, la collaboration de Riley avec le Kronos, commencée avec Cadenza On The Night Plain, a accouché des deux heures de Salome, Dances For Peace, du renversant Requiem For Adam et du spectacle multimédia Sun Rings, inédit en cd ou dvd.
Pour cette nouvelle œuvre rituelle commémorant le soixante-dixième anniversaire du compositeur, la joueuse de pipa Wu Man, qui chante aussi et joue de petits jouets d'enfants musicaux comme les autres musiciens, a rejoint le Kronos avec lequel elle forme ici un quintet à cordes. Le pipa, luth chinois ancestral à quatre cordes pincées, donne un sang nouveau à l'inégalé quatuor de la côte ouest des États Unis. Wu Man avait déjà collaboré avec le Kronos à une pièce de John Dowland sur Early Music et au Ghost Opera de Tan Dun. De son côté, le premier violon, David Harrington, utilise un tambour grave et un hochet sur le premier mouvement inspiré par ce rituel peyotl indien d'Amérique du Nord traversant toute l'œuvre. Un synthétiseur discret et quelques manipulations électro-acoustiques brisent le sacro-saint quatuor classique et participent à cette hallucination, un monde de rêves où les réminiscences flottent en nuages de fumée. Comme la musique psychédélique tentait de retrouver les effets lysergiques du LSD, Riley réussit à nous faire voyager sur les méandres du cactus magique et à nous enchanter. Avec les "substances", le problème reste comme toujours l'accoutumance qui nous fait passer et repasser le disque inlassablement sur la platine.

vendredi 6 juin 2008

Presque rien sur Luc Ferrari


Brunhild Ferrari et l'association Presque rien viennent enfin d'ouvrir le site consacré au compositeur disparu Luc Ferrari (un conseil, laissez d'abord se dérouler le film avant de choisir la langue). Formidable réflexion de et sur son œuvre, le site est riche d'extraits de partitions, manuscrits, analyses argumentées d'extraits, images émouvantes d'un artiste indépendant qui fut probablement un des rares enfants d'Edgar Varèse, non dans l'imitation comme le fut Frank Zappa, mais par les leçons qu'il tira de la révolution sonore initiée par le Bourguignon nationalisé Américain. Il constitua, à son tour, une influence sur mes premiers travaux, lorsque nous affirmions le tout de la musique qu'il appelait à sa manière et avec élégance "presque rien".


À côté des films et entretiens qui le concerne directement, on découvre des extraits de 3 minutes des grandes répétitions qu'il a filmées pour la télévision : Et expecto resurrectionem mortuorum d'Olivier Messiaen, Momente de Karlheinz Stockhausen, Hommage à Varèse que je rêve de voir depuis très longtemps, Quand un homme consacre sa vie à la musique (Portrait de Hermann Scherchen) et Cecil Taylor ou la découverte du free jazz, tous témoignages exceptionnels qui mériteraient d'être édités en dvd.


Pour l'instant absente de la discographie ébauchée sur son site (d'où sont extraites les captures écran), Luc Ferrari avait cosigné en 1992 une pièce de 6'05" enregistrée au Studio GRRR avec Un Drame Musical Instantané. Comedia dell'Amore 224 (les chiffres indiquaient la date de chaque titre, soit ici le 24 février) réunissait Luc (reportage et voix), Bernard Vitet (trompette, bugle et piano), Francis Gorgé (guitare) et moi-même (synthétiseur et mixage). Je me souviens qu'il avait apporté un magnétophone pour enregistrer nos conversations pendant le déjeuner au restaurant cambodgien de la rue du Chemin Vert qui nous tenait alors lieu de cantine. Il s'en servit ensuite pour la composition "instantanée" réalisée ensemble l'après-midi-même (Opération Blow Up, dist. Orkhêstra). Pour illustrer sa participation parmi nos 14 invités, il avait envoyé une photocopie qu'il avait signée de Boucher et de lui-même. On l'y entend murmurer : "C'est la nuit, et voilà".

mercredi 4 juin 2008

Filmer la musique, 2ème édition


À l'occasion de la seconde édition du festival Filmer la musique du 3 au 8 juin au Point Ephémère et au MK2 Quai de Seine, mélange de projections, de concerts et de performances majoritairement rock, est programmé le film sur Un Drame Musical Instantané qu'Emmanuelle K tourna en 1983 pour la chaîne de télé pirate Antène 1. Filmé à deux caméras dont une paluche, la caméra expérimentale construite par Aäton, la séance se déroulait dans ma cave du 7 rue de l'Espérance. Nous enregistrions quotidiennement dans cette pièce dont l'escalier débouchait sur la cuisine de la petite maison en surface corrigée que je louais sur la Butte aux Cailles. C'est un des rares témoignages vidéographiques de la période "instantanée" du Drame. Bernard y joue d'un cor de poste, Francis est à la guitare sèche et au frein, une contrebasse à tension variable inventée par Bernard. Nous jouons tous des trompes qu'il a fabriquées avec des tuyaux en PVC et des entonnoirs ! Je programme mon ARP2600 et souffle dans une trompette à anche et une flûte basse, toutes deux conçues par Bernard. Le film dure 21'35", il fait donc partie d'une boucle de deux heures diffusée sur huit casques dans une pièce noire à laquelle on accède par une passerelle, installation immersive au Point FMR qui sied mieux au film que les grands écrans en milieu ouvert des autres salles. Il y avait évidemment peu de films sur la musique à cette époque, car la vidéo domestique portable n'était pas encore développée, ce qui lui confère d'autant plus de valeur.
Petit clin d'œil aux copains :
Programmé, comme le film sur Un Drame Musical Instantané, dans la Noise Box, vous pourrez voir Genetic Sea - The Siratori Affair de Franck Vigroux et Mariano Equizzi (2007, 10').
Dimanche 8 à 14h salle XXO, retrouvez le Don Cherry de Jean-Noël Delamarre, Nathalie Perrey, Philippe Gras et Horace (1967, 20'). Le même jour au Mirror Ball, ont été également sélectionnés Mouvement Marche : (E) (F) (D) + Contradiction de Vincent Epplay (2008) et Frédéric Blondy et Lê Quan Ninh de Benoît Géhanne (2008, 18').
Enfin, ou plutôt, pour commencer, aujourd'hui à 16h salle XXO, découvrez en avant-première Ensauvager la vie de Mathilde Morières (2008, 70') sur la tournée européenne du groupe Illegal Process dans lequel joue son frère Antoine.