70 Musique - septembre 2008 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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samedi 20 septembre 2008

Soirée D'autres cordes à 20h30 à La Comète 347


Ce soir, je serai avec Nicolas Clauss à La Comète 347 (45 rue du Faubourg du Temple à Paris, Métro Goncourt ou République, entrée 6 euros) pour notre duo musico-graphique sur grand écran. Nous avons choisi de créer une pièce inédite, encore toute fraîche (façon de parler au vu de la noirceur du sujet !) intitulée Modified (photo ci-dessus), en plus de Jumeau Bar, L'ardoise et Les dormeurs que nous avions interprétés à L'échangeur en mars dernier (extrait vidéo). Je retravaille en direct les sons des tableaux interactifs de Nicolas, je fais passer tout cela à la moulinette de mes effets électroniques, jouant aussi de la flûte et de la trompette à anche, du Tenori-on et du Kaossilator, deux petits synthétiseurs sans clavier qui tiennent presque dans la poche. C'est aujourd'hui ma version préférée de notre spectacle Somnambules. En duo, je suis plus concentré sur les images que mon camarade projette que lorsque je dois diriger un petit ensemble de musiciens. La musique, plus sobre, n'écrase pas les projections. Une partie de plaisir !
Il y a d'autres raisons de vous déplacer ce samedi jusqu'à cette ancienne usine. D'abord, l'endroit a quelque chose d'envoûtant, squat biscornu où les musiciens jouent souvent dans une fosse sous les gradins abrupts. L'ambiance y est plus sympathique que dans de nombreuses salles subventionnées. Mais surtout, nous ne serons pas seuls. La soirée, programmée par le guitariste Franck Vigroux qui dirige le label de disques D'autres cordes, verra nous précéder Antonin Rayon à l'orgue Hammond B3 et au piano Rhodes, le duo formé par "Supersonic Riverside Blues", dernier pseudonyme de Vigroux qui jouera de ses machines électroniques avec le vidéaste Éric Vernhes, et Philippe Nahon qui interprétera Silence must be, pièce pour chef d'orchestre seul de Thierry de Mey. Ouverture des portes à 20h30. Alors, à tout à l'heure ?


P.S.: en "montant sur scène" ce soir, j'aurai une pensée émue pour Maurizio Kagel qui vient de mourir à l'âge de 76 ans. Son art de ressusciter les classiques au vitriol m'a encore plus impressionné que ses perversions instrumentales. Il personnifiait à lui seul le théâtre musical contemporain. Dès le début des années 70, je l'ai souvent vu en scène tandis qu'il accompagnait ou dirigeait ses œuvres. Ses enregistrements préservent la magie et l'humour de ses élucubrations virtuoses. Espérons que ses films, aussi passionnants que sa musique, seront un jour édités en DVD. C'est l'un des derniers grands compositeurs du XXe siècle qui vient de s'éteindre.
Avec Ligeti et Berio il formait à mes yeux un triumvirat qui rattachait la musique contemporaine aux racines de la tradition occidentale tout en développant un langage personnel loin des Écoles et des tics du milieu. Tous trois avaient su s'affranchir de l'influence étouffante du dodécaphonisme schönbergien et des tics varésiens de nombre de leurs pairs, sans parler du néoclacissisme qui sévit encore. Ailleurs, les iconoclastes Cage ou Ferrari, l'exilé Nancarrow, les répétitifs inspirés par l'Orient Riley ou Reich, les jazzmen libres et les rockers inventifs creusaient d'autres chemins... Maurizio Kagel n'en ignorait aucun.

vendredi 12 septembre 2008

L'harmoniseur vocal plein gaz


On connaissait l'effet de l'hélium inhalé qui transforme la voix en Donald Duck. L'hexaflorure de soufre, cinq fois plus lourd que l'air, produit l'effet inverse en modifiant la voix en basse profonde, effet de ralenti obtenu artificiellement en ralentissant la vitesse de défilement d'une bande sur un magnétophone. La vélocité du son dans SF6 est 0,44 fois plus lente que dans l'air. Dans l'hélium, la vitesse est trois fois supérieure. La fréquence fondamentale de la cavité buccale étant proportionnelle à la vitesse du son dans le gaz, ces manipulations respiratoires attaquent les formants et produisent ces étonnantes transformations. Attention, ces produits peuvent être dangereux : l'expérience doit rester courte et exceptionnelle. Depuis l'apparition des harmoniseurs sur le marché des effets sonores électroniques, on peut transformer sa voix en temps réel sans aucun risque, mais c'est évidemment moins drôle qu'émis acoustiquement par sa propre bouche.
Pratiquement lors de tous mes concerts j'utilise un vieil Eventide H3000, dit harmoniseur intelligent, qui me permet d'intervenir sur de nombreux paramètres, effets de glissés, découpages mélodiques par sauts de fréquences, infra-sons, etc. J'ai également conservé un Korg DVP1, l'un des premiers harmoniseurs polyphoniques contrôlables au clavier, utilisable aussi en vocodeur. Pour le concert du 20 septembre avec Nicolas Clauss à La Comète 347 (45 rue du Faubourg du Temple à Paris), je transformerai tous les sons du module interactif Jumeau Bar avec mon Eventide, ainsi que ma voix et une flûte sur White Rituals... Mes autres instruments seront une trompette à anche et des synthétiseurs récents, légers et ludiques, sans clavier ! La soirée organisée par le label D'autres Cordes commencera avec Supersonic Riverside Blues + Scorpéne Horrible suivis de Philippe Nahon qui interprètera une pièce pour chef d’orchestre seul de Thierry de Mey intitulée Silence Must Be. J'apprends par la bande qu'il y aura aussi un solo d'Antonin Rayon à l'orgue B3 et au clavier. Réservez votre samedi soir, l'endroit est étonnant, ancienne usine transformée en squat, et les spectacles rarement montrés en région parisienne...