Pas beaucoup le temps d'écrire ces jours-ci. Commence tôt, finis tard. Après une semaine d'expérimentations avec Sacha Gattino, Nicolas Clauss nous a rejoints pour une répétition finale, la première en trio. Hier matin, j'enchaînai avec une semaine de workshop sur le son à Autograf sous la houlette de Stéphane Benoît, graphiste et activiste tous azimuts multimèdes, qui fait travailler ses étudiants sur des "sonotopies", cartographie du quartier Saint-Blaise, en suscitant leur imagination. Superviser dix-sept projets n'est pas une mince affaire et je rentre à genoux à la maison sur mon deux roues.
Retour à la veille. Le trio Somnambules a donc élaboré un nouveau programme de réjouissance qui comprend huit morceaux dont quatre inédits. Sacha Gattino alternant drônes dramatiques et rythmiques ludiques, je me concentre sur un jeu plus gestuel avec moultes guimbardes, flûtes, appeaux, hou-kin (violon vietnamien), cithare inanga et trompette à anche, ce qui ne m'empêche pas de jouer les apprentis-sorciers de l'électronique ni de me concentrer sur mon triple piano synthétique préparé en hommage à John Cage. Mon camarade me pousse vers une musique de transe assez pop me rappelant mes amours de jeunesse lorsque j'écoutais Terry Riley et le premier White Noise. De son côté, il me fait découvrir des dizaines de musiciens qui me sont inconnus, mais dont je reconnais l'inspiration et que je ne manquerai pas de partager avec vous dès que j'aurai le temps de me poser. Sa propre musique, à la fois minimale et riche en timbres iconoclastes, insuffle bonne humeur et effets humoristiques à mes sombres évocations et aux images noires de Nicolas Clauss. Nous nous retrouverons dans quelques semaines pour finaliser l'entreprise, mais les premiers enregistrements sont dores et déjà pleins de promesses. Sacha emporte les pistes séparées pour pouvoir essayer d'autres alliages avec les sonorités que je produis ou celles que Nicolas distille depuis son ordinateur. Je transforme en temps réel les sons synchrones des éléments projetés. À son tour, Sacha triture mon Tenori-on pendant que je le programme. Il lui reste à trouver quels petits jouets ajouter à nos élucubrations et à optimiser la mécanique infernale de son instrumentarium. Nicolas doit, quant à lui, développer Swira, Doll God, Money, Side Effects en s'inspirant de nos séances. Du printemps en perspective.