70 Musique - février 2012 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mercredi 29 février 2012

Fluctuat nec mergitur


Fluctuat nec mergitur est le titre du nouvel album du trio El Strøm, composé de la chanteuse Birgitte Lyregaard, du polyinstrumentiste Sacha Gattino et de moi-même. Trois chansons, Contretemps, This Paris et Dark Waters ont été mises en ligne sur le site drame.org en avant-première du concert du 31 mars 2012 au Triton dans le cadre du festival Les Enchanteuses. Trois autres morceaux, Mécaniques cantiques, Radio Sandwich et Frygt les rejoindront en avril. Comme les 90 heures inédites du site, tout est gratuit, écoute et téléchargement. L'album a été enregistré par mes soins au Studio GRRR les 30 et 31 janvier 2012. Sacha Gattino joue du clavier/échantillonneur, des guimbardes et des percussions, il chante parfois. Je suis équipé du merveilleux instrument de Leon Theremin, de la Mascarade Machine inventée avec Antoine Schmitt, du Tenori-on de Toshio Iwai, et de divers instruments acoustiques.
La devise de Paris, Fluctuat nec mergitur, signifie "il flotte, mais ne sombre pas". Une citation latine de circonstance (le courant, Paris, les eaux sombres...) pour un orchestre dont les paroles sont en français, anglais, danois et je ne sais quelle autre langue est parfaitement appropriée. La chanteuse danoise écrivit les mots de This is Paris sur la table d'un bistro la veille de l'enregistrement, pour Dark Waters elle a choisi une citation de Madame Blavatsky et elle a adopté/adapté illico mon poème Contretemps qui date de 1997. Sacha programme ses séquences à l'avance tandis que j'improvise les miennes, mais la liberté d'interprétation est la même pour tous.

jeudi 9 février 2012

Vendredi soir à L'Usine des Lilas - QG du Front de Gauche


Après Nicolas Ducron (voix, accordéon...) dès 19h30 et avant Klezmer Lokomotiv' jusqu'à 22h (Lucien Alfonso au violon, Andoni Aguirre à l'accordéon, Pierre-Yves Le Jeune à la contrebasse, et Elsa chantera trois morceaux), je fais une apparition musicale en duo avec Antonin-Tri Hoang demain vendredi soir vers 21h à L'Usine des Lilas, QG du Front de gauche, 8 rue du Chassagnole aux Lilas... Entrée libre.

Photo © Jean-Marie Legros

mardi 7 février 2012

Blue Door et Crescendo in Duke


Pourquoi n'ai-je jamais été particulièrement friand des disques de pianiste ? Ça tricote trop à mon goût, pas assez de variations de timbre, trop de doigts, ou pas assez, rappelez Fats Waller, Glenn Gould, Cecil Taylor, et pendant qu'on y est, Granados, Mahler ou Saint-Saëns dans leurs enregistrements sur Welte-Mignon, trouvez un concept qui explose l'approche du clavier, une voix qui se superpose aux cordes frappées... Par exemple, le piano préparé correspond mieux à mon désir, les petits machins qu'on y glisse pervertissent l'instrument, comme chez John Cage, ou encore François Tusques, Benoît Delbecq, Ève Risser. J'ai besoin des déviances de Charlemagne Palestine et Conlon Nancarrow pour accepter ce meuble bourgeois qui sent l'encaustique ou dont la laque renvoie une image trop brillante... Et puis voilà que le label nato sort coup sur coup deux nouveaux albums dirigés, l'un par Tony Hymas, l'autre par Benoît Delbecq, deux relectures !
Hymas passe en revue sa discographie nato accompagné des frères Bates, Chris et JT, trio piano-basse-batterie, formule a priori trop conventionnelle pour exciter mon imagination ; pourtant le blues ne touche pas que le jazz, éclectique, il lorgne vers la pop de plusieurs continents, on se laisse bercer sur une embarcation qui s'appelle reviens, avec le temps, va, tout s'en va, mais les souvenirs réécrivent l'histoire au goût du jour, vingt-sept ans chez nato, une odyssée revue et corrigée ; Blue Door est une plongée extra dry dans le vrai bleu, avec les ecchymoses seyantes d'un compositeur qui a roulé sa bosse aux côtés de Jeff Beck, Jack Bruce, Sam Rivers, Frank Sinatra, Michel Portal, Jacques Thollot, Barney Bush et au sein d'Ursus Minor...
De son côté Benoît Delbecq rend hommage avec Crescendo in Duke à l'un de ses maîtres, l'immense Edward Kennedy Ellington, compositeur avant d'être pianiste, ou quand l'orchestre prolonge les mains du praticien, tout en délicatesse comme à son agaçante habitude, laissant la musique s'insinuer chez ses acolytes, ici Yohannes Tona, Michael Bland et The Hornheads enregistrés à Minneapolis, ou à Meudon Tony Coe, Tony Malaby, Antonin-Tri Hoang, Jean-Jacques Avenel, Steve Arguëlles. Bon d'accord, c'est du jazz et pas ma période préférée du Duke, nobody's perfect, mais je suis obligé de remettre l'album plusieurs fois sur la platine pour m'en faire une idée. Bon signe ! J'entends des points d'interrogation posés ici et là dans la partition. Bois facétieux, piano monté sur roulettes, les cuivres assurent le service d'ordre tandis que le cortège emprunte les rues parallèles...
Heureux les musiciens qui ont rencontré leur alter producteur, poursuivant ensemble la longue route semée d'embûches, et Jean Rochard s'y entend, âme damnée et bras armé du label nato, ainsi Tony Hymas, comme avant ou après lui Lol Coxhill, Tony Coe, Violetta Ferrer, The Melody Four, Alan Hacker, Steve Beresford, Jacques Thollot, Jef Lee Johnson, Denis Colin, Didier Petit, Ursus Minor... Et ce JR de Minneapolis (et non de Dallas) emballe ces madeleines chaque fois dans une présentation graphique haute en couleurs, convoquant aux agapes les meilleurs dessinateurs et photographes pour que l'objet disque perdure aussi longtemps que possible.