À Riom, en Auvergne, la Volvic coule au robinet. Sa rondeur et son petit goût sucré sont délicieux. Après une bonne douche de la même eau et un petit-déjeuner rapide, André Ricros sort sa cabrette pour une mise en jambes avant que nous décollions. Il commence à la pétéïrole, son instrument principal, et termine avec le son énorme d'une cabrette qui appartennait au célèbre Bouscatel. En se repassant en boucle les films muets du maître il a fini par comprendre ses doigtés, mouvements francs et amples qui donnent tout son swing à la cornemuse auvergnate.
Cela faisait dix ans que je n'avais pas vu mon camarade, depuis nos élucubrations sur la collection de disques Zéro de Conduite et le label Silex pour lesquels j'avais réalisé Crasse-Tignasse pour les enfants, la réédition du K avec Richard Bohringer qui nous avait valu une nomination aux Victoires de la Musique, le CD sur les musiques du front au Haut-Karabagh et celui de l'exposition-spectacle Il était une fois la fête foraine. Le projet de trio avec Fred Frith n'a jamais vu le jour, mais nous envisageons d'improviser avec d'autres musiciens, ce qui me ravirait car j'adore le jeu d'André, lyrique et dansant, sons parfois destroy et rock 'n roll que j'imagine se mariant remarquablement avec ma propre façon de jouer sur mes outils électroniques en temps réel.
La veille, André, conteur né, nous a offert un avant-goût de l'énorme livre qu'il vient de terminer et qui sera bientôt édité, une somme extraordinaire de plus de 400 pages copieusement illustrées sur la cabrette. Il nous raconte comment sont nés les bals-musette sous la direction des plus fins cabrettistes et comment la Guerre de 14 mit fin à leurs exploits, un thriller à la Casque d'or ! Au sein de L'Auvergne Imaginée, il joue et chante régulièrement avec Alain Gibert déjà présent sur l'extraordinaire CD cosigné avec Louis Sclavis, Le partage des eaux...