70 Musique - avril 2013 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 26 avril 2013

15 inédits pour piano des plus grands compositeurs classiques de Bach à Bartók


En exclusivité, les disques GRRR mettent gratuitement en ligne 15 inédits pour piano des plus grands compositeurs, de Bach à Bartók. Agréable façon de fêter avec vous la 100ème heure de notre radio aléatoire, Radio Drame ! L'incroyable coffre au trésor recèle des partitions attribuées à Scarlatti, Schubert, Chopin, Liszt, Brahms, Rachmaninov, Fauré, Debussy, Satie, Ravel, Roussel, Scriabine. En 1996, Bernard Vitet et moi-même passons plusieurs mois à travailler sur ce projet digne d'Orson Welles. Plusieurs majors sont intéressées, mais leurs services juridiques bloquent chaque fois et le disque interprété par la mythique Brigitte Vée, un prodige d'à peine douze ans, ne sortira jamais.
Se succèdent la Sonate anglaise attribuée à Domenico Scarlatti, Praeambulum en mi bémol majeur de Bach, Le saule de Schubert, Romance en mi bémol mineur de Chopin, Les adieux de Liszt, Minuetto en la mineur de Brahms, Prélude en la bémol mineur de Rachmaninov, Nénuphars de Fauré, Kite Ribbons de Debussy, Un chat andalou de Debussy, Crevette haltérophile de Satie, À l’école de Ravel, Impressions flamandes de Roussel, Lettre à Marina Scriabine, Pour les enfants de Bartók.

Pour écouter en ligne, préférez Safari, Explorer ou Chrome à FireFox...

Ci-dessous le livret original de 1996 rédigé par Pierre Ménart :

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mardi 23 avril 2013

Catherine Ribeiro, la transe retrouvée


Saut d'obstacles, toboggan, danse de Saint-Guy, la gymnastique qui consiste à vivre n'évite pas la marche arrière. Après l'apprentissage s'invite la rébellion. Mais plus on avance plus on recule. On passe sa vie à fuir le passé et y revenir. Le futur, lui, n'existe pas. Il ne se conjugue pas au présent quand le passé ne cesse de se rappeler à notre bon souvenir. Loin de toute nostalgie, la curiosité ou la nécessité poussent à déterrer les racines de l'être complexe que nous sommes devenu. Notre mémoire est saturée. Il faudrait une autre vie pour se souvenir de la sienne. On réécrit sans cesse l'histoire. On la réduit. On la fige. La vérité est une savante construction d'oublis et de dénis, de fausses pistes et de croisements, de retours en arrière et de projections, de rêves et de désillusions, de notes exhumées et de corbeille à papier. S'il leur arrive d'être révélés, les vestiges du passé découvrent parfois un bout du chemin que nous avions emprunté. Ce qui avait paru inné ou choisi s'avère dicté par la rencontre. Les plus déterminantes peuvent nous entraîner loin des avenues surpeuplées où le monde marche au pas, ou bien nous enrôler dans les armées conventionnées où le doute n'aura plus jamais voix au chapitre. On quitte le monde de l'enfance quand, vers six ans, la réponse anticipe toute question. L'école broie les poupées gigognes que l'on appelle pourquoi. La suite semble irréversible, sauf aux poètes, amateurs fidèles d'un monde auquel ils ne peuvent croire. Certains le paient de leur vie, prématurément ; d'autres s'en nourrissent, avidement. Subtil équilibre. Rien n'est immuable. Rien n'est éternel. Un jour, la marée rapporte ce que l'on croyait oublié. Cocteau témoigne : en bas, la mer ce matin recopie cent fois le verbe aimer.



Catherine Ribeiro était un vague souvenir, un nom écrit sur le sable. Une photo où l'ami Claude Thiébaut servait le vin à la tablée. Comment s'était-il retrouvé au percuphone, l'un des instruments incroyables construits par Patrice Moullet, le frère de Luc ? Catherine Ribeiro était ma troisième voix, avec Brigitte Fontaine et Colette Magny. Sérieuse rockeuse en transe quand la fragile Brigitte et la solide Colette incarnaient le jazz, le free et un certain contempo qui ne trouverait jamais son nom. Tout cela n'était qu'illusion. Ces trois prêtresses marchaient toutes sur la corde raide, vocale, politique, lyrique, révolutionnaire, parfois tombaient, se relevaient toujours. Ces muses me donnèrent le courage de gueuler dans notre désert encombré. D'avoir joué avec les deux autres, j'oubliai celle qui hurlait le plus fort, de sa voix chaude de pasionaria meurtrie, la plus psychédélique aussi. Il était logique qu'en abandonnant nos expériences lysergiques nous la délaissions pour de nouvelles aventures. La douleur s'apprivoise. N'est-ce pas, les filles ?
Un coffret rassemble les quatre premiers albums de Catherine Ribeiro et du groupe Alpes : n°2, Âme debout, Paix, Le rat débile et l'homme des champs (1970-74, Mercury). Avec 2bis qui les précède, ils me renvoient à mon adolescence, toujours présente. Comme Répression ou Comme à la radio. Colette est morte en 1997 ; il serait temps que la jeunesse la découvre. Catherine s'est fait discrète, ne retrouvant jamais la fougue de la sienne, avec ses rythmes envoûtants et les envolées électriques du cosmophone furieusement côte ouest. Seule Brigitte a survécu, renaissant de ses cendres il y a vingt ans. La persévérance garantit la persistance. Mais après ? Après, on ne sait rien. Voilà pourquoi on avance toujours en jetant un œil dans le rétro.

lundi 22 avril 2013

Michel Musseau contre les spéculateurs


Michel Musseau a plus d'un tour dans son sac. Compositeur et comédien, il nous régale depuis longtemps de ses satires sur le monde moderne avec un humour ravageur tenant du dessin animé et de l'évocation radiophonique. Si son théâtre musical ne ressemble qu'à lui, sorte de Buster Keaton à la Gotlib que l'on imaginerait porter béret et baguette sous le bras, ses chœurs revendicatifs rappellent Luigi Nono, ses radiophonies hilarantes Pierre Dac et Frank Zappa, ses canons Francis Poulenc, ses arrangements Jean-Claude Vannier et son engagement Jean-Luc Mélenchon ! Je ne peux pas m'empêcher de réécouter régulièrement son album Sapiens Sapiens où officiait déjà l'inénarrable Élise Caron, rencontrée chez Luc Ferrari où tous deux ont fourbi leurs truculentes armes pendant une dizaine d'années.
Comme tous les comiques il est difficile d'imaginer plus sérieux, plus à cheval sur le moindre détail. Commande de la MPAA (Maison des Pratiques Artistiques Amateurs) créée en 2007, Bienvenue aux Paradis est une pièce vocale, instrumentale et radiophonique, méditation absurde sur la délinquance "phynancière", un rêve musical pour échapper à la fascination des grandes fortunes et du pillage planétaire. C'est dire si elle est d'actualité plus que jamais. Avec trois chœurs, hommes, femmes et enfants, un narrateur, un piano, un orgue et la percussion, plus trois radios, Musseau met la dialectique au service de sa cantate "phynancière". Au lyrisme rafraîchissant de la soixantaine d'acteurs amateurs réunis sur la scène de l'Auditorium Saint-Germain répondent les enregistrements cartoonesques des chenapans Musseau, Caron et leurs amis.
Nous avions le même âge lorsque nous vîmes le clown Albert Fratellini et tous deux sommes des fans du célèbre piano-jouet Michelsonne, sauf que Michel se fit dédicacer le livre Nous les Fratellini et qu'il possède 17 Michelsonne quand les deux miens sont un peu fatigués. De plus, j'envie son humour pince-sans-rire ; j'aimerais savoir aborder comme lui les sujets graves avec sa distance de clown triste. En 1993, il tenait le piano sur notre album Crasse-Tignasse. Alors, en attendant de trouver une nouvelle occasion de collaborer, nous nous contenterons d'aller manifester ensemble le 5 mai prochain !

jeudi 18 avril 2013

Fantôme dans le MCD sur la création sonore


Très belle couverture du Magazine des Cultures Digitales qui marque son dixième anniversaire. Le Formidable Studio fabrique des objets qu'il photographie ensuite, ici une sculpture en vinyle fondu. Ce numéro 70 intitulé Echo / System est consacré à la création sonore et j'ai l'honneur d'y apparaître au moins deux fois.
Jean-Yves Leloup rappelle que "à partir de 1977 Un Drame Musical Instantané fut l'un des premiers groupes modernes à s'être emparé de la forme du ciné-concert, revisitant une grande partie des classiques du muet qui, aujourd'hui encore, constituent le répertoire des musiciens et DJs actuels : Le cuirassé Potemkine (S.M. Eisenstein), La chute de la Maison Usher (Jean Epstein), Le cabinet du Dr Caligari (Robert Wiene), Nosferatu (F.W. Murnau), L'homme à la caméra (Dziga Vertov), La Passion de Jeanne d'Arc (Carl T. Dreyer), Häxan (Benjamin Christensen) ou encore les films de Louis Feuillade, Marcel L'Herbier ou du Fonds Albert Kahn." La pochette de Trop d'adrénaline nuit illustre l'article.
Plus loin, Cécile Becker évoque son coup de cœur pour La machine à rêves de Leonardo da Vinci, œuvre récente cosignée avec Nicolas Clauss, réalisée pour iPad (et gratuite !), avec de belles images à l'appui.
En feuilletant les 132 pages de la revue bilingue, je me reconnais entre les lignes dans presque chaque sujet abordé par l'équipe que dirige Anne-Cécile Worms et dont Laurent Diouf est le rédacteur en chef. Évidemment pas pour les labels Optical Sound et monoKrak ou la Radio 2067 de David Guez, mais dès que sont évoqués la confusion technique, l'importance du visuel, la copie illégale ou les concerts live, je crois reconnaître mon discours ! Cela s'amplifie avec la mise en ligne de la musique sur les radios Web (notre Radio Drame offre 99 heures de musique inédite !) ou sa vente sur de multiples plateformes. La faillite de la presse spécialisée à la traîne justifie l'importance prise par les blogs (sic). Les installations me rappellent Les portes avec Nicolas Clauss et surtout Nabaz'mob avec Antoine Schmitt, les expériences audiovisuelles notre bon vieux light-show des années 60, les collaborations chorégraphiques les aventures du Drame, le field recording l'intégration de tous les sons possibles à nos créations, le montage électro-acoustique mes centaines de milliers de coupes exécutées du temps de la bande magnétique et mes plunderphonics avant la lettre, le synthé analogique mon ARP 2600, les nouveaux instruments mon Tenori-on et la Mascarade Machine conçue avec Antoine Schmitt, la science-fiction les articles de mon père dans la revue Satellite et l'album éponyme réalisé avec Francis Gorgé sous pseudos, etc. C'est dire si je vibre en sympathie avec ce passionnant numéro 70 !

mercredi 17 avril 2013

Métamorphose d'Inger Christensen en papillon


J'avais été emballé par le passage de Birgitte Lyregaard et Linda Edsjö sur scène à la Maison du Danemark il y a deux ans. L'album CD de Inger qui vient de sortir est à la hauteur de mon souvenir. On n'a beau ne pas parler un mot de danois, les vers de la grande poétesse Inger Christensen (1935-2009) nous emportent dans un étrange pays où tout est musique. Le vibraphone de Linda Edsjö fait scintiller la glace. Le chant de Birgitte Lyregaard se démultiplie à l'infini en faisant résonner le cristal de la langue. On imagine les petites scènes d'un théâtre de marionnettes où les deux filles incarnent tous les rôles, parfois comiques, toujours lyriques. Tout à l'écoute, on garde les yeux grand ouverts, émerveillés par la magie de ces voix, cousines de Björk ou Camille, qui nous font voyager loin, très loin. Si Birgitte chante en transformant sa voix et Linda joue des percussions en chantant, l'atmosphère reste pure, brise légère où des lutins expérimentent d'étranges potions et où les papillons ignorent les saisons. Lorsque le silence envahit définitivement l'espace, on rêve de retourner au plus vite dans cette vallée où le mot merveilleux n'a jamais sonné aussi juste (Gateway Music).

lundi 15 avril 2013

Merveilleux hommage à Moondog


Il aura fallu six mois de travail à Sylvain Rifflet pour réaliser l'un de ses rêves, un hommage au compositeur américain Louis Thomas Hardin dit Moondog, figure mythique new-yorkaise des années 50, minimaliste influencé autant par Stravinski que Charlie Parker, musicien de rue aveugle déguisé en Viking, compositeur prolixe, amateur de canons, de contrepoints et de mesures impaires, fan de jazz, de traditions amérindiennes et de musique répétitive. La première de ce spectacle unique fut un enchantement, Rifflet réussissant à s'approprier les compositions de Moondog sans ne jamais jouer les décalcomanies.
Tout commence dans le noir. Les musiciens traversent le public en diffusant une petite musique désuète sur leurs smartphones. Un écran s'éclaire projetant le chef d'orchestre et son invité Jon Irabagon dans les rues de New York. Un délicat fondu s'opère entre l'enregistrement et la scène. L'orchestre enchaîne.


Le quartet Alphabet, composé de Rifflet au sax et à la clarinette, Joce Mienniel aux flûtes et au synthétiseur, Phil Gordiani à la guitare et Benjamin Flament à la batterie métallique, est augmenté du saxophoniste Irabagon et de la pianiste Ève Risser. La grande surprise interviendra après deux pièces sous un arbre où pendent des sacs en plastique, un duo pour boîte à musique et guitare sèche suivi d'un trio pour piccolo, clavecin et guitare. Tout le concert respire cette délicatesse. Lentement des enfants descendent des gradins formant une chaîne qui trace des lignes graphiques sur la scène. Ils se regroupent enfin pour former le chœur de Perpetual Motion, titre du spectacle qu'a mis en place Anne-Marion Gallois.


Il ne manque aucun enfant à l'appel. Leur implication est totale. Rifflet a passé quatre mois à raison d'un jour par semaine aux collèges Jean Vilar de La Courneuve, République, Pierre Semard et au Conservatoire Jean Wiener de Bobigny pour les faire chanter en anglais cette musique a priori pas si facile à interpréter. Nous sommes transportés par leurs sourires radieux et leur énergie communicative. Une tendresse généreuse se dégage de l'ensemble. Ces enfants du 93, réfléchissant ce qu'il y a de plus prometteur dans la France d'aujourd'hui, sont à l'image de la rencontre du musicien new-yorkais et de la tradition européenne, melting pot culturel accouchant de joyeuses et originales démarches artistiques.


La scénographie transforme le concert en spectacle multimédia. Les vidéos de Maxence Rifflet simulent gros plans et toiles de fond en faisant descendre un écran derrière l'orchestre. Des pièces de chambre, comme ce duo pour clarinette et piano, alternent avec des ensembles électriques.


Les nouvelles générations de musiciens français s'affranchissent du jazz en y puisant maintes aspirations, mais sans tenter de le copier bêtement comme le firent trop nombreux de leurs aînés. Leur culture et leurs goûts sont plus variés. Selon les uns ou les autres, ils s'inspirent de la pop, du rock, du folk, de l'électro, mais aussi de la chanson française, de la musique classique ou contemporaine, des bruits ambiants, etc. Ils mêlent leur art à d'autres formes d'expression et, un comble dans une profession si souvent individualiste, on les rencontre aux concerts des uns les autres !


Ici le trio de souffleurs répond au trio de percussion. Flûte, sax, clarinette contre piano, guitare, percussion. La musique de Moondog pétille. Rifflet a gagné son pari.


J'apprécie d'autant ce merveilleux hommage que j'avais moi-même composé il y a sept ans Young Dynamite pour la compilation CD de TraceLabel. Déjà en 1969 j'avais été conquis par le vinyle paru chez CBS où figure le célèbre Bird's Lament que l'orchestre de Perpetual Motion, a Celebration to Moondog reprendra généreusement en rappel.

vendredi 12 avril 2013

Anatomy avec Edward Perraud


Après notre concert au Triton avec Antonin-Tri Hoang, Edward Perraud m'avait proposé de nous voir en studio le mois suivant. Nos Rêves et cauchemars nous avaient donné furieusement envie d'enregistrer une séance laboratoire comme celles que je mène depuis deux ans avec de jeunes musiciens et musiciennes aussi divers que Alexandra Grimal, Antonin-Tri Hoang, Fanny Lasfargues, Birgitte Lyregaard, Sacha Gattino, Ravi Shardja, Vincent Segal... Chaque fois marquées par la publication d'un album en édition numérique, écoute et téléchargement gratuits sur le site drame.org.

D'une certaine manière ces sessions figurent la suite du projet Urgent Meeting mené par le Drame il y a vingt ans. Nous avions proposé à des musiciens d'horizons extrêmement divers de venir chez nous enregistrer une pièce sur un thème proposé au choix. D'habitude, on se rencontre pour jouer. Il s'agissait de jouer pour se rencontrer. On s'installait le matin, nous les invitions à déjeuner dans un bon restaurant et nous enregistrions ensemble l'après-midi. Trente-trois répondirent à notre invitation et non des moindres : Colette Magny, Raymond Boni, Geneviève Cabannes, Didier Malherbe, Michèle Buirette, Pablo Cueco, Youenn Le Berre, Michael Riessler, Laura Seaton, Mary Wooten, Jean Quarlier, François Tusques, Dominique Fonfrède, Michel Godard, Gérard Siracusa, Yves Robert, Denis Colin, Louis Sclavis, Vinko Globokar pour un premier CD, Brigitte Fontaine, Frank Royon Le Mée, Henri Texier, Valentin Clastrier, Joëlle Léandre, Michel Musseau, Stéphane Bonnet, Jean-Louis Chautemps, György Kurtag, Didier Petit, Luc Ferrari, Hélène Sage, Carlos Zingaro, René Lussier pour le second volume intitulé Opération Blow Up. La musique avait été un prétexte pour tenter de comprendre ce que signifie d'être musicien, de composer dans l'instant et d'appréhender sous des angles différents le monde où nous évoluons.


La journée et la soirée du 4 avril passées avec Edward Perraud furent une extraordinaire partie de plaisir. Seule notre autodiscipline nous permit de mettre dans la boîte 76 minutes d'un duo échevelé. Nous avions tant de choses à nous raconter ! Nous le fîmes donc en paroles pendant les pauses et en musique pour dix pièces portant chacune le titre d'une partie du corps, sujet convenu quelques minutes avant d'entamer notre marathon. Nous oubliâmes ainsi étonnamment les mains et les bras qui nous permettent pourtant ces surprenantes acrobaties ou les oreilles par quoi commence toute musique. Se succèdent Cou, Tête, Poitrine, Nombril, Poils, Sexe, Jambes, Chevilles, Nez Bouche et Cerveau. J'aurai déjà écrit ces lignes sans qu'il n'en sache rien lorsqu'Edward m'enverra la pochette de l'album qu'il viendra de réaliser. Bras et jambes réintègrent ainsi physiquement Anatomy. Pour les oreilles nous nous fions aux vôtres ! De son côté Françoise Romand nous tira le portrait. Il est maintenant évident que nous n'en resterons pas là !

Dernière chose : Anatomy est en écoute et téléchargement gratuits sur drame.org (utiliser Safari, Chrome ou Explorer plutôt que FireFox).

mardi 9 avril 2013

Musik das Kapital


Fondé en 2002, Das Kapital est dans la lignée d'Albert Ayler et du Liberation Music Orchestra. En bon Nordique le guitariste danois Hasse Poulsen joue la ligne claire tandis que le saxophoniste allemand Daniel Erdmann rappelle que les Anglo-saxons produisent un son chaud en restant sur la réserve. Le batteur nantais Edward Perraud est l'artificier de ce trio virtuose qui interprète nombre de chansons sans paroles. Leurs deux premiers albums, Ballads & Barricades en 2009 et Conflicts & Conclusions en 2011, sont consacrés au compositeur Hanns Eisler, élève de Schönberg passé à Hollywood avant de revenir en Allemagne de l'Est, chaque fois en bisbille avec la politique locale. Le troisième, Das Kapital Loves Christmas en 2012, est une compilation de chants de Noël où Karl Marx porte le bonnet rouge de Coca Cola. La variété et la fantaisie des compositions leur permettent de s'échapper plus facilement de la partition, en particulier rythmiquement, et Erdmann ajoute cette fois le soprano quand la gravité épique d'Eisler ne réclamait que le ténor. Quelle que soit leur inspiration la musique de Das Kapital est aussi lyrique qu'énergique. On se prête à imaginer une extension du trio à un ensemble plus important, voire un grand orchestre qui renouvellerait les timbres, même si l'équilibre actuel est tout à fait remarquable. Aussitôt dit, aussitôt fait, je lis qu'un orchestre d'harmonie de 100 musiciens les seconde à Gand sur Eisler ! Ils sont déjà ailleurs, préparant pour le printemps un nouveau spectacle d'après les compositions de Wayne Shorter... (dist. L'autre Distribution)

lundi 8 avril 2013

Comment ça va sur la Terre ?


Les animaux en ont marre. Plus de pluie, plus de mares. Plus d'arbres, plus d'ombre... Se rebellant contre l'absurdité en maniant l'absurde, ils ont confié à trois filles drôles et émouvantes le soin de nous faire rire de leurs aventures. Michèle Buirette, Elsa Birgé et Linda Edsjö ont composé un spectacle musical exquis pour les enfants à partir de 5 ans. Que signifie cette formule imposée ? Trop jeune pour comprendre ou trop vieux pour apprécier ? Les mélodies sont si belles qu'il n'est pas de limite inférieure pour se laisser porter, et la magie du spectacle plaira à quiconque a gardé le goût de vivre. L'âge est un mille-feuilles quantique où l'on ajoute chaque fois un anniversaire à tous les précédents. Les parents choisissent les spectacles pour leurs petits et ce dimanche nombreux gamins venus avec leur classe pendant la semaine avaient entraîné toute leur famille au Théâtre Dunois où se joue jusqu'à dimanche prochain Comment ça va sur la Terre ?
Dans la salle petits et grands jubilent en écoutant les chansons à trois voix et en admirant les acrobaties d'Elsa. L'accordéon de Michèle et le vibraphone de Linda donnent une touche céleste à cette évocation terre à terre. Ce récital est aussi un spectacle humoristique s'appuyant sur une réflexion sérieuse. Comment pourrait-il en être autrement ? Cessons donc de nous morfondre, ne boudons pas notre plaisir et rebellons-nous avec le ver de terre, le pélican, le zèbre, l'hippocampe et la baleine. Comme le trio féminin, Robert Desnos a signé la pétition des deux mains, avec les pieds et de tout son cœur.
Si vous hésitiez vous pourrez la relire sur votre lecteur CD puisque l'album est sorti en temps et en heure. Petite merveille de sensibilité critique et d'humour impertinent, il rassemble les chansons dont les jeux de mots riment avec l'évidence des mélodies. Enregistré et mixé à Spézet par Jacky Molard qui fait une apparition au violon et à la mandoline, comme Hélène Labarrière contrebasse sur cinq morceaux, le disque est l'un de ces objets rares qui nous accompagnent tandis que nous grandissons (dist. Victor mélodie).