70 Musique - novembre 2013 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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lundi 25 novembre 2013

Radio Campus podcasté


Le podcast de l'émission BŒUF sur Radio Campus dont j'étais l'invité le 2 novembre dernier vient d'être mis en ligne...
Comme c'est une émission sur les musiques électroniques j'avais apporté mon premier enregistrement de 1965, un extrait de la réédition de Défense de en duo avec Francis Gorgé (1975) où je jouais de l'ARP 2600, un radio edit de circonstance de la radiophonie de Crimes Parfaits (1981) et un inédit intitulé Furioso composé en 2000 pour un film qu'Étienne Mineur n'a jamais terminé !
J'interviens de 22'45 à 1h20'... et reprends à 1h42'05" pour une petite improvisation live au Tenori-on !
Le DJ Set est signé BOEUF et Mad:AM, l'animateur est KODH, le chroniqueur Maxime et la réalisatrice Mélanie.

mercredi 13 novembre 2013

Improvisations de 1981


Mettre le nez dans les archives pousse à passer le chiffon à poussière sur des trésors dont on ignorait même la nature. D'une lampe retrouvant son éclat sort parfois un génie qui vous susurre un secret à l'oreille. Une photo glissée entre deux pages. Une boîte remplie de petits objets dont la promiscuité indique la proximité. Il y aurait une logique à l'égarement et une autre pour l'épanouissement. Certains souvenirs attendent d'être mûrs pour justifier qu'on les ai gardés si longtemps. Rares sont ceux sans valeur. À creuser consciencieusement les galeries on apprend qu'il n'existe aucun hasard dans la quête du sens. Il suffit de tirer sur un fil pour que la pelote se dévide et délivre son message en son cœur. Certaines trouvailles sont trop intimes pour être partagées. D'autres n'ont d'intérêt que dans l'exposition.
De temps en temps j'ouvre quelques boîtes plates et carrées dans lesquelles sont enfermées des bandes magnétiques. C'était après le fil, mais avant le numérique. Encore faut-il posséder la machine qui sache les lire. Le décryptage n'est pas aussi aisé qu'un livre ou la moindre impression. Mon Revox PR99 ne délivrait qu'un seul des deux canaux. Je l'ai descendu de son piédestal pour l'emporter en réparation. J'ai sorti trois autres magnétophones des placards. Le premier, un A77, diffusait une ronflette de la mort, puissant son sourd et grave écrasant tous ses cousins. Le moteur du second, un B77, refusa d'avancer. Le troisième, un gros Teac 4 pistes, finit par donner satisfaction. Je numérisai cinq bandes avant que ce dernier ne s'emballe. J'eus la très mauvaise idée de tenter d'arrêter les plateaux qui tournaient comme des fous. La forte détonation suivie d'une fumée blanche et d'une odeur de brûlé ne présage rien de bon. Un magnétophone qui ne tourne pas régulièrement laisse figer la graisse qui s'étale et grippe tout. J'ai réussi à terminer mon opération du week-end en empruntant à Olivier un cinquième magnéto, un Revox remis en fonction l'an passé et qui depuis dormait dangereusement sur une étagère.
Résultat des courses, un album d'une durée quasi double, 2h35 inédites d'un duo avec Hélène Sage, fruit de nos premières séances d'improvisation à l'été 1981, juste avant la création du grand orchestre d'Un Drame Musical Instantané. J'ai le plaisir d'y découvrir mon orgue Farfisa Professional que j'utilise en même temps que le synthétiseur ARP 2600 et une des premières boîtes à rythmes Boss. Ce sont les seuls instruments que j'ai jamais revendus, erreur certaine, du moins pour les deux premiers. Je suis également surpris de m'entendre à l'accordéon et à la contrebasse, tentatives totalement oubliées. Le reste de mon attirail est aussi varié qu'une mandoline, un violon, une trompette, un saxophone alto, le petit piano Michelsonne, des effets électroniques, etc. Quant à Hélène, excellente flûtiste et contrebassiste, elle passe allègrement du saxophone ténor à la clarinette basse, souffle dans sa célèbre bouilloire et fait vibrer ses cordes vocales dont elle est devenue depuis une spécialiste reconnue. Quant aux émotions que ces dix improvisations suscitent, je vous laisse le soin de vous les approprier. Elles sont en écoute et téléchargement gratuits sur drame.org.

mardi 12 novembre 2013

Aheym du Kronos Quartet


Un album du Kronos Quartet est toujours une bonne nouvelle. Même lorsqu'il n'y a pas de grande surprise le choix du répertoire et l'interprétation vivifiante livrent une énergie communicative. La musique de ce nouveau CD est entièrement composée par Bryce Dessner, le guitariste du groupe rock indépendant The National. L'influence des minimalistes y est évidente, mais les déclinaisons récentes que leurs émules développent offrent des variations souvent plus excitantes que les dernières œuvres de Steve Reich dont l'inspiration musicale semble à cours. Les prétextes de Aheym, Little Blue Someting, Tenebre et Tour Eiffel sont néanmoins moins convaincants que le lyrisme qu'elles ont engendré. Si quelques arpèges rappellent le côté guitaristique du compositeur, le rock est rarement convié aux agapes. L'apparition du chanteur Sufjan Stevens, se multipliant sur plusieurs voies comme le quatuor, est un peu fugitive dans Tenebre, mais la fraîcheur du Brooklyn Youth Chorus dirigé par Dianne Berkun envahit puissamment Tour Eiffel, rejoint par Dessner, le percussionniste David Cossin, la pianiste Lisa Kaplan et le trombone Dave Nelson, confirmant le désir de positivité de l'ensemble. Ce trait caractéristique des jeunes musiciens d'aujourd'hui exprime-t-il alors une fuite devant l'entropie qui nous guette ou une volonté délibérée de retarder la catastrophe ?

mardi 5 novembre 2013

Vous prendrez bien une tranche de gâteau pour mon anniversaire ?


Pour mon anniversaire un joli cadeau m'est tombé du ciel, heureusement de pas trop haut, mais d'assez loin tout de même, puisque la cassette était posée sur la plus haute étagère des archives et qu'elle date de 1987. Sur la jaquette était écrit ECONOMIA en lettres capitales. Vérification faite, il s'agit bien des éléments de la musique que j'avais composée pour La Saga des Millar, un gigantesque spectacle audiovisuel immersif réalisé par Michel Séméniako pour La Cité des Sciences et de l'Industrie. La production avait duré trois ans et avait fini par ruiner Robert Boner (qui avait produit Sauve qui peut la vie avec Godard), miné par les délais de paiement considérables qui en mirent d'ailleurs plus d'un sur la paille. En fait, à son lancement, La Cité des Sciences prit tant de temps à payer tous les gagnants des appels d'offres que tous, ou presque, déposèrent le bilan, les agios bancaires avalant leurs bénéfices et au delà, car il leur fallait bien régler les salaires et, surtout, les fatales charges sociales. L'histoire est très immorale, les meilleurs y laissant leur peau puisqu'ils avaient remporté les concours. Le sujet de notre spectacle étant l'économie on appréciera ce mauvais tour à sa juste valeur. En 1778, John Millar, bien avant Marx, soutient que les rapports sociaux (y compris les relations entre les sexes !) sont fixés par les systèmes économiques ! Depuis nos mésaventures le service comptable de La Cité a fait de considérables progrès ; je me souviens que c'est la seule fois de ma vie où je fus contraint d'aller au Prud'hommes avec le reste de l'équipe pour être (partiellement) payé.
Je ne me rappelle pourtant que les bons souvenirs. Le plaisir que j'eus de travailler pendant de longues années avec Michel et sa compagne, Marie-Jésus Diaz, avant que l'une et l'autre retournent à la photographie, furent sans mélange. Aussi je découvre avec joie la musique dont il ne me reste que cette copie sur cassette. Je n'ai évidemment pas le mixage définitif qui se jouait en multiphonie avec les dialogues et les bruitages, sous les écrans qui entouraient également le public. Le spectacle de 55 minutes était diffusé toutes les heures.



Comme les éléments sonores sont séparés j'ai réalisé hier un petit montage, remix d'aujourd'hui d'une musique enregistrée il y a plus de 25 ans. J'y joue du synthétiseur, de l'échantillonneur, de la percussion, de la flûte et je chante ou utilise un vocodeur ! C'est là mon petit cadeau, j'adore les surprises, car j'avais totalement oublié ce que j'avais composé. Je le partage avec vous comme un gâteau. Jean Renoir disait qu'il ne tournait pas des tranches de vie, mais des tranches de gâteau !

N.B.: si le player n'apparaît pas, parce que vous êtes par exemple sur tablette, vous pouvez aller écouter cette pièce inédite de 19 minutes, La Saga des Millar, sur l'album Musique appliquée du site drame.org, c'est le 33ème index, le dernier. Que cela ne vous empêche pas de glaner parmi la centaine d'heures en écoute et téléchargement gratuits répartis en 49 albums inédits ou même en aléatoire sur la Page d'accueil.