Dans mon article du 15 mai 2015 en direct de Tunis au Festival La Voix Est Libre, j'écrivais : "Le clou de la soirée est le trio formé du chanteur tunisien Mounir Troudi, du percussionniste franco-libanais Wassim Halal et du sonneur Erwan Keravec. (...) Je me laisse porter par le chant soufi de Troudi et les quatre peaux de Hallal, mais le plus étonnant est la cornemuse de Keravec qui enveloppe l'ensemble d'un tapis multicolore comme ceux admirés hier dans la Medina. Le Breton phrase aussi de manière virtuose soutenu par un bourdon en do droit comme un minaret." Créés à Beyrouth quelques semaines plus tôt, ces Revolutionary Birds sont enregistrés l'année suivante au Quartz de Brest en décembre 2016...


Le mélange des genres est une nécessité qui s'oppose à tous les intégrismes. Or si pour être de partout il faut être de quelque part, Wassim Halal, Erwan Keravec et Mounir Troudi parlent bien la même langue, celle de la musique. Ils participent au vertige qui nous attrape, corps et âme. Mon premier, cornemuse, prend la nuque jusqu'au bas du dos, mon second, daf, darbuka et bendir, nous démange les doigts, mon troisième est une voix qui vient de l'intérieur, et mon tout ferait bouger les jambes si nous n'étions assis dans une salle de spectacle ou dans le salon à savourer leur album ! La pochette montre que ces drôles d'oiseaux ont aussi un humour aiguisé, répétitivité d'un perroquet bavard et poulets rôtis embrochés à la queue-leu-leu, suggérant peut-être une révolution confisquée sur laquelle il faudra bien revenir !

→ Wassim Halal, Erwan Keravec, Mounir Troudi, Revolutionary Birds, cd Buda Musique, à paraître le 3 novembre 2017