Treize ans après Totobonalokua qui avait marqué les débuts du label NøFørmat, le même trio réitère la magie de leurs voix mêlées, et même le surpasse. Le Martiniquais Gérald Toto, le Camerounais Richard Bona et le Congolais Lokua Kanza vont emballer les amateurs de belles voix, leurs harmonies vocales se hissant à la hauteur de leurs évidentes mélodies. Au jeu des comparaisons, j'ai immédiatement pensé à des Crosby Stills Nash & Young panafricains, avec des réminiscences de Simon and Garfunkel ou Bobby McFerrin. Susurrées, fredonnées, assumées, leurs chansons tissent un tapis volant au dessus d'un continent dont les frontières auraient été pulvérisées par le langage universel de la musique. D'en haut le paysage est d'une beauté à couper le souffle. Passé la folie des peuples qui se déchirent à l'instigation des puissants qui exploitent leurs richesses, la langue de chacun dessine des reliefs incroyables aux couleurs éclatantes, changeant sans cesse sous un soleil qui réchauffe le cœur. Le titre du disque, Bondeko, signifie l'amitié ou la fraternité en lingala. Les guitares tissent cette merveille veloutée. De temps en temps le claquement des langues comme les peaux des percussions brodent autour des cordes, qu'elles soient de métal, de boyaux ou purement vocales. Cette nouvelle musique pop échappe à la world désincarnée où personne ne reconnaît plus ses petits. À l'opposé, ces trois artistes dessinent une carte du Tendre d'un continent influent dont les ressources ont encore beaucoup à nous apprendre.


→ Toto Bona Lokua, Bondeko, cd NøFørmat, 15€, sortie le 3 novembre 2017