70 Musique - novembre 2017 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 30 novembre 2017

L'isthme des ismes


C'est probablement le dernier album que GRRR mettra en ligne cette année, à moins que celui prévu avec Amandine Casadamont puisse être enregistré d'ici Noël. Comme les 71 autres inédits rassemblant 955 pièces, L'isthme des ismes est en écoute et téléchargement gratuits sur drame.org. Sur la page d'accueil, Radio Drame joue ainsi 140 heures de musique en ordre aléatoire. Il s'agit cette fois de courtes pièces enregistrées le 2 novembre dernier au Studio 107 de Radio France avec deux jeunes musiciens formidables, Antonin-Tri Hoang (piano, sax alto, clarinette basse) et Samuel Ber (batterie, percussion). J'y jouais essentiellement de l'échantillonneur commandé au clavier. Les cinq évocations politiques s'inséraient dans l'émission Tapage Nocturne de Bruno Letort qui m'était consacrée et dont on peut écouter le podcast intégral brillamment réalisé par Bruno Riou-Maillard.
De même qu'un concert et un disque ne s'échafaudent pas de la même manière, composer un album obéit à de nouvelles nécessités. J'ai donc réordonné les pièces, coupé le début de l'une, ajouté une autre, renommé les morceaux et compressé l'ensemble pour une diffusion souvent moins sophistiquée que la modulation de fréquence branchée sur une chaîne hi-fi !
L'album s'ouvre donc sur une pièce entièrement inédite, d'autant qu'elle ne fut jamais interprétée ainsi, contrairement aux cinq autres qui sont de pures improvisations, ce que j'ai toujours appelé "compositions instantanées" en opposition aux "compositions préalables". L'improvisation n'est pas un genre, mais consiste à réduire au maximum le temps entre la composition et l'interprétation. Balance est donc un montage de très courts extraits volés à la période de test quand chacun soigne la restitution de ses instruments avec l'aide de l'ingénieur du son. J'avais besoin de ce prologue pour annoncer la suite.
Craignant que les titres originaux se référant à des systèmes politiques plus ou moins sympathiques soient compris symboliquement, j'ai préféré tout renommer avec des termes plus abstraits, même s'ils conservent l'idée sous-jacente qui nous a guidés pendant l'enregistrement. Se succèdent ainsi Anarcosyndical, Capital, Naz, Produktiv, le dernier, Isthme, servant de suffixe phonétique à l'ensemble et jouant le rôle de coda. Le nouvel ordre m'a été dicté par des considérations musicales que seule l'écoute post-partum permet. On notera néanmoins une critique forte de tout système appliqué à une communauté extrêmement nombreuse et variée. Leurs failles sont repérables grâce aux ponts ténus qui les relient les uns aux autres, offrant à leurs thuriféraires de les emprunter ou pas. Cet "ou pas" mériterait de faire l'objet d'un prochain projet abordant la question de l'intégrité ou de la trahison, de la soumission ou de l'insurrection.

mercredi 29 novembre 2017

Le nez dans le guidon


Lorsque je suis penché sur des questions techniques, que ce soit pour arracher l'énorme lierre du mur du jardin ou tenter de comprendre de nouveaux logiciels informatiques, je deviens monomaniaque. C'est un comble pour un touche-à-tout shivaïque habituellement incapable de ne pas répondre instantanément à toute sollicitation extérieure ! Remettre les choses à plus tard risquerait de les faire tomber dans une oubliette où s'amoncelleraient les corps des sujets que la procrastination aurait désignés. Je me tortille sur mon siège plutôt qu'aller pisser, j'en oublie même parfois de manger. Un comble ! Le lierre, c'était la semaine dernière et ce sera la prochaine. J'y vais par bouts tant les lianes résistent et le volume de déchets végétaux est encombrant...
Ayant acquis plusieurs plug-ins de son extra-ordinaires pour mon ordinateur, je désirais les utiliser en live plutôt qu'en traitement après enregistrement. Or cela est impossible sans un logiciel approprié. J'en cherchais donc un qui soit aussi simple que la toile d'araignée qu'élaborent les guitaristes avec leurs pédales d'effets. Ceux-ci doivent choisir s'ils les connectent en série ou en parallèle, et surtout dans quel ordre les brancher, puisqu'un traitement en amont est affecté par celui en aval. Je savais l'opération possible avec Cubase, mais trop lourde et peu pratique en concert. Francis Gorgé me suggère Mainstage que je possède déjà, et, mieux, Audiostrom ou Gig Performer. Mes tests me font choisir ce dernier, le plus cher, zut ! Je peux juger de l'ergonomie en constatant ma faculté de comprendre comment faire ce que je souhaite et à quoi servent les commandes que je n'avais pas prévues. Évidemment c'est toujours simple quand on sait comment faire et compliqué lorsqu'on s'y penche la première fois. J'ai donc passé la journée de lundi à connecter mes deux échantillonneurs virtuels, Kontakt et UVI WorkStation, aux effets spéciaux VST ou AU, composant les interfaces dont j'ai besoin en reliant boutons et potentiomètres aux fonctions barjos de mes plug-ins Eventide ou GRM Tools. En fait, j'avais commencé par trafiquer ma voix avec H3000 Factory, BlackHole et Fission. L'idée première était de m'éviter d'emporter mon gros H3000 à chaque concert. Convaincu, il me reste à débourser 149$ pour Gig Performer qui ne fonctionnera plus d'ici 12 jours lorsque la version de démonstration sera arrivée à son terme.
Plein de studieuses résolutions, j'ai attaqué le lendemain la nouvelle version de Cubase, ayant sauté récemment de la 6 à la 9.5 ! Et v'lan 299 € de plus... Ce genre d'opérations s'exécute seulement lorsqu'on a terminé un projet, en l'occurrence le design sonore et la musique composés avec Sacha Gattino pour l'exposition Effets spéciaux, crevez l'écran ! à la Cité des Sciences et de l'Industrie, et avant d'en entamer un autre, du moins sous leurs aspects techniques. Actuellement en attente ou en préparation de créations plus ou moins lointaines, j'ai d'abord pris le temps de faire des copies de sécurité de mes disques durs, Terra après Terra, et quelques rangements dont je profiterai plus tard. Donc nouvelle prise de tête, déjà pour que sorte le premier son, puis pour comprendre les nouvelles fonctions du logiciel que j'utilise depuis sa préhistoire, le Pro24.
Tout ceci pour justifier que je n'ai pas le temps d'écrire mon article aujourd'hui !

vendredi 24 novembre 2017

Art Zoyd emballé emballant


Internet est une machine à remonter le temps. Plus nous avançons vers le futur, plus le passé se révèle. Nous découvrons des pans de notre histoire qui nous avaient échappé. Nous retrouvons des cousins de province dont nous avions entendu parler, mais que nous n'avions jamais rencontrés. Les rééditions cinématographiques ou musicales peuvent produire cet Effet Glapion de déjà vu et entendu, mirage d'anticipation que l'avenir corrobore.
Le coffret 44 1/2: Live And Unreleased Works que le label Cuneiform consacre au groupe français Art Zoyd donne toute son envergure à un orchestre symphonique où les instruments virtuels prennent la place des pupitres. En écoutant les 12 disques, se perçoit l'influence de la musique minimaliste et des partitions de film américaines, une alchimie personnelle accouchant d'une musique répétitive incantatoire dont les connotations laissent entrevoir des paysages grandioses plus proches des canyons du grand ouest que du Massif Central. Si le chaos s'emmêle il est organisé, canalisé. L'unanimité est exigée, poèmes symphoniques plus rythmiques que mélodiques. Leur assimilation au rock progressif est aussi absurde que n'importe quelle étiquette. La grandiloquence orchestrale n'est pas la seule qualité de ce groupe à l'origine sans batteur. Avec eux je partage ce goût pour les machines électroniques mêlées aux instruments acoustiques, ajoutant des enregistrements de bruitages, et en particulier pour le geste instrumental qui les pousse vers des interfaces innovantes.
En écoutant la musique d'Art Zoyd dont j'avais un vague souvenir remontant à vingt ans ou quarante ans en arrière, je découvre une musique très proche de certaines que j'ai composées pour le cinéma. Pas de hasard. Je me souviens que c'est le seul groupe qui m'ait demandé l'autorisation de mettre en musique un film parce qu'ils savaient qu'Un Drame Musical Instantané s'y était précédemment attaqué. Il s'agissait du Nosferatu de F.W. Murnau, et je leur avais évidemment répondu que nous n'avions aucun droit, ni exclusivité sur les ciné-concerts dont nous avions relancé la mode en 1976. Cette précaution les honore. Comme le Drame, ils accompagnèrent également La chute de la Maison Usher, L'homme à la caméra, La sorcellerie à travers les âges (Håxan)... Je suis heureux qu'ils s'y soient employés avec le plus grand succès, d'autant que nous avons décidé de ne pas continuer les ciné-concerts lorsque cette initiative, qui nous en fit créer 24 au total et nous permit de faire le tour du monde, est devenue une mode. Plus troublant encore, je reconnais ce goût pour la symphonie qui orienta mon choix instrumental vers les synthétiseurs et les échantillonneurs. Différence majeure, j'aime improviser ces envolées cataclysmiques alors qu'Art Zoyd suit soigneusement ses partitions, avec néanmoins une rage indescriptible.
Fondé en 1969, mais rénové en 1976 par le violoniste Gérard Hourbette et le bassiste Thierry Zaboitzeff lorsque sort leur premier album, Art Zoyd rejoint le collectif Rock In Opposition. En 2014, ils fêteront leurs retrouvailles (Zaboitzeff ayant quitté le groupe en 1997) pour un anniversaire qui me trouble une fois de plus par ces bizarres hasards (1976 marque la fondation du Drame et 2014 sa résurrection avec un concert mémorable où Francis Gorgé reprend du service). Je passe d'autres concordances troublantes propres à notre génération (d'autant que nos travaux sont radicalement différents), car il s'agit avant tout de saluer un coffret somptueux, quasi indispensable, pour rétablir la vérité sur l'histoire du rock expérimental, musique contemporaine non académique à laquelle s'abreuveront sans le savoir maints musiciens français.


Art Zoyd est une nébuleuse. Elle a entraîné quantité d'instrumentistes dans son sillage. Il y a deux ans j'avais assisté à un concert fabuleux de la claviériste Patricia Dallio qui y participa pendant trente ans et collabora plus tard avec mes camarades plasticiens Antoine Schmitt et Nicolas Clauss. C'est encore Laurent Dailleau qui m'avait poussé à jouer du Theremin... Au fur et à mesure qu'ils avançaient, le fantasme symphonique devint réalité, leur groupe s'adjoignant ici ou là un véritable orchestre classique. Les voix d'abord rockisantes deviendront plus robotiques. Les 2 DVD rappellent enfin leur travail pour le ballet de Roland Petit ou Nosferatu, et de 1979 à 2015 permettent de mieux comprendre leur orchestration moderne. Le coffret slalome entre les albums déjà publiés, se cantonnant aux enregistrements en public, spectacles vivants par excellence (en anglais on dit live), et y ajoutant un paquet d'inédits excitants.

→ Art Zoyd, 44 1/2: Live And Unreleased Works, coffret luxueux produit par Cuneiform - 12 CD, 2 DVD, 2 livrets, 2 affiches - 149,99€

mardi 14 novembre 2017

A Touch of Psychedelic Rap


J'aime toujours autant le rap inventif du duo Shabazz Palaces, composé du rappeur Ishmael Butler (sous le pseudo Palaceer Lazaro) et du multi-instrumente Tendai Maraire. Sortis à deux semaines d'écart en juillet dernier, Quazarz Born On a Gangster Star et Quazarz Vs. the Jealous Machines se distinguent encore cette fois parmi les innombrables hip-hopers, grâce à leurs influences africaine et jazz, des perspectives réverbérées et une utilisation iconoclaste de l'électronique. Ils sonnent un peu comme si The Deviants avaient fait du rap, a psychedelic touch of rap ! Ayant du mal à comprendre les paroles, j'ai cherché d'où venait le nom « Shabazz ».
Dans Message to the Blackman in America, Elijah Muhammad explique que ce nom était celui des descendants d'une « nation noire asiatique », dont descendraient tous les Noirs actuels d'Afrique et de la diaspora. En 1964, après avoir fondé sa propre organisation religieuse, « The Muslim Mosque Inc. », d'origine sunnite orthodoxe, Malcolm X revient de son pèlerinage à La Mecque (le hajj) sous le nom musulman de El-Hajj Malik El-Shabazz (الحاج مالك شبز), tout en condamnant le racisme antiblanc de Nation of Islam qu'il vient de quitter. Son épouse et ses filles prendront le nom de famille de Shabazz.



Le second album peut paraître plus expérimental que le premier, mais tout de même moins que les deux précédents, Black Up et Lese Majesty (écoutes sous les liens !). L'extra-terrestre Qwazarz qui rend visite aux Terriens noyés dans leur technologie rappelle les élucubrations de Sun Ra, d'autant que ces aliens communiquent surtout par la musique, mélange de funk jazzy et de lignes de basse krautrock agrémenté d'un flow à la Tricky et de rythmes destructurés qui ne poussent pas à la danse... Ce genre de cocktail trance produit l'ivresse à coup sûr !



Pour terminer, voici un live sur KEXP, station de radio musicale publique basée à Seattle sur la côte ouest...



→ Shabazz Palaces , Quazarz Born On a Gangster Star + Quazarz Vs. the Jealous Machines, cd Sub Pop Records, entre 9€ et 14€ (?!) chacun, pour avoir le meilleur son. Sinon, écoutes ci-dessus !

lundi 6 novembre 2017

Podcast de notre tapage nocturne


Le podcast de l'émission Tapage nocturne de Bruno Letort qui m'était consacrée, enregistrée l'après-midi du 2 novembre et diffusée le lendemain soir, est en ligne ! Avec Samuel Ber et Antonin-Tri Hoang qui ont été formidables, nous improvisons en trio au Studio 107. Le reste des pièces est issu d'albums sortis sur le label GRRR, distribués par Orkhêstra et Les Allumés du Jazz. Bruno Letort s'est appuyé sur mon parcours atypique pour m'interroger. Bruno Riou-Maillard a réalisé l'émission en effectuant un astucieux montage, Soizic Noël a pris les photos et fait en sorte que la séance se déroule dans les meilleures conditions.


1. L'isthme des ismes (2017)
Antonin-Tri Hoang - sax alto, piano
Jean-Jacques Birgé - piano préparé
Samuel Ber - percussion

2. Fascisme (2017)
Jean-Jacques Birgé - clavier, harmonica, varinette, guimbarde, anche
Antonin-Tri Hoang - sax alto, piano
Samuel Ber - percussion

3. A French Letter (extrait du CD d'Un D.M.I. Kind Lieder, 1991)
Jean-Jacques Birgé - chant
Bernard Vitet - trompette
Francis Gorgé - guitare
Gérard Siracusa - percussion

4. Contretemps (extrait du CD d'El Strøm Long Time No Sea, 2012)
Birgitte Lyregaard - chant
Jean-Jacques Birgé - Theremin, (reed) trumpet, Tenori-on
Sacha Gattino - sampler

5. Radio Sandwich (extrait du CD d'El Strøm Long Time No Sea, 2012)
Jean-Jacques Birgé - Mascarade Machine
Sacha Gattino - sampler
Birgitte Lyregaard - chant

6. Mémé (extrait du CD d'Un D.M.I. Kind Lieder, 1991)
Jean-Jacques Birgé - chant, clavier
Francis Gorgé - guitare
Bernard Vitet - trompette
Gérard Siracusa - percussion

7. Établissement d'un ciel d'alternance (extrait du CD éponyme, 1996)
Michel Houellebecq - voix
Jean-Jacques Birgé - clavier


8. Communisme (2017)
Jean-Jacques Birgé - clavier
Antonin-Tri Hoang - sax alto, clarinette basse, piano
Samuel Ber - percussion

9. Anarchisme (2017)
Jean-Jacques Birgé - clavier
Antonin-Tri Hoang - sax alto, clarinette basse, piano
Samuel Ber - percussion

10. Capitalisme (2017)
Jean-Jacques Birgé - clavier, voix, varinette
Antonin-Tri Hoang - sax alto, clarinette basse, piano
Samuel Ber - percussion

Si je connaissais Antonin depuis ses premiers balbutiements de transe indienne, je n'avais jamais entendu Samuel avant la balance. C'est probablement les situations que je préfère dans la composition instantanée. Ce serait chouette de nous retrouver bientôt sur scène, mais comme je ne fais aucun effort pour trouver des concerts, cela dépend maintenant des organisateurs. Sans les attendre, je me replonge dans mon travail de laboratoire sur un projet qui me tient à cœur, commencé il y a plusieurs années...

vendredi 3 novembre 2017

L'isthme des ismes (Tapage Nocturne ce soir sur France Musique)


La précocité est une denrée périssable. J'aurai 65 ans dimanche. Antonin-Tri Hoang a déjà 27 ans. Samuel Ber est le benjamin de notre trio du haut de ses 22 ans. J'avais allumé les jeunes musiciens et musiciennes que je défends entre autres sur ce blog depuis une douzaine d'années parce que s'ils ignorent les anciens, ils connaissent encore moins bien ceux et celles qui les suivent. Antonin, piqué au vif, m'a donc présenté Samuel, percussionniste belge encore au C.N.S.M. Je privilégie ces rencontres intergénérationnelles, parce que si nous avons parfois les mêmes objectifs, les méthodes pour les atteindre diffèrent d'une époque à une autre. Aujourd'hui, que ce soit en les écoutant ou en jouant avec eux, j'apprends plus des jeunes que des vieux. D'autre part, je ressens une nécessité voire un devoir de transmettre ce qui me fut légué.
J'ai donc proposé à mes deux acolytes de participer au Tapage Nocturne produit par Bruno Letort sur France Musique et diffusé ce vendredi soir à 23h. Il y a six ans le précédent Tapage figurait mon duo avec le violoncelliste Vincent Segal. Comme nous improvisons le plus librement possible j'ai suggéré un cadre canalisant nos débordantes imaginations. J'ai donc proposé quatre pièces éminemment politiques regroupées sous le titre critique L'isthme des ismes :
1. Fascisme (Chaque fois que l’un de nous exprime sa singularité , il est réprimé jusqu’à l’annihilation totale de l’ensemble)
2. Communisme (Organisation de l’ensemble dans un esprit productiviste, ça roule!)
3. Anarchisme (Liberté de chacun dans le respect de l’autre, en toute complémentarité)
4. Capitalisme (Exploitation des ressources jusqu’à leur épuisement)
5. L'isthme des ismes (qui m'a causé bien du tracas, car mon disque dur se démontait et remontait sans cesse et sans que je comprenne pourquoi, peut-être pour me suggérer qu'aucun système ne fonctionne face à la multiplicité des interprétations ?). Car il ne s'agit pas de chaque fois composer une métaphore musicale du système énoncé, mais de générer les réflexions intimes qui nous échappent lorsque nous improvisons. C'est un des effets circonlocutoires que j'affecte particulièrement. Nous tournons autour du pot, troublés par les ambiguïtés que chaque "isme" produit sur les populations et sur soi-même en l'occurrence. Ces prétextes génèrent ainsi un échange de propos sonores que nous affinerons verbalement l'enregistrement terminé, sur le chemin du retour !


Antonin-Tri Hoang est au sax alto, à la clarinette basse et au piano. Samuel Ber joue de la batterie et d'un set de percussion incluant woodblocks, gongs chinois et thaïlandais, bol tibétain, tam-tam symphonique, bongos et djembé. J'ai été raisonnable en n'emportant qu'un clavier, plus un harmonica, une varinette, un appeau et une guimbarde ; par contre mon ordinateur est rempli d'échantillons, percussions à clavier, guitare électrique, aboiements de berger allemand, sons inouïs, et même un orchestre symphonique quasi varésien !
Pour une fois Françoise a pris la photo de nuit, logique pour un Tapage Nocturne ! On a l'impression d'être dans un hôtel à Hawaï. Soizic Noël a ensuite immortalisé notre trio au Studio 107 ! J'ai toujours imaginé la musique composée collectivement comme une conversation où chacun écoute les autres tout en s'exprimant, exercice complexe qui ne livre son suc plus ou moins objectif qu'à la réécoute. Je syntoniserai donc comme vous la modulation de fréquence de mon poste de radio ce soir en direct sur les ondes.

L'isthme des ismes, France Musique, Tapage Nocturne, vendredi 3 novembre à 23h