70 Musique - janvier 2018 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mardi 30 janvier 2018

Claire Diterzi, variété expérimentale


L'arbre en poche, le nouvel album de Claire Diterzi, retrouve la folie de Tableaux de chasse, mais la chanteuse s'efface souvent derrière le contre-ténor congolais Serge Kakudji. Artiste pluridisciplinaire, elle en a écrit les textes et composé la musique lors de sa résidence à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon et chez elle où elle a réalisé elle-même les enregistrements de même qu'elle programme ses machines et joue des claviers, de la guitare, des kalimbas... Elle a même mis en scène le spectacle d'où cette suite de douze scènes est tirée. Les critiques apprécient rarement les touche-à-tout qu'ils affublent du suffixe "de génie" lorsqu'ils sont bienveillants. En 2010 Claire Diterzi avait été la cible d'une cabale honteuse de la part de certains compositeurs "contemporains" lorsqu'elle avait obtenu une résidence à la villa Médicis de Rome. Une femme c'est déjà difficile à admettre dans le cénacle machiste, mais une chanteuse de musique populaire, avec des origines paternelles kabyles qui plus est, leur paraissait intolérable ! Or l'artiste cultive soigneusement la recherche dans ses facéties vocales comme dans ses arrangements instrumentaux, et L'arbre en poche est une œuvre osée qui peut revendiquer le statut d'expérimental tout en pouvant séduire un plus large public.


Inspirée par Le Baron perché, elle en tire l'anagramme qui donne leur titre à l'album et au spectacle, après avoir essayé Arche bien drôle, Rebel chaperon, L'herbe Prozac, Branche éplore, Bar Léon Chéper, Proche branlée pour contourner le refus des droits du roman d'Italo Calvino ! Elle aime jouer sur les mots pour éviter les maux qui l'ont fait souffrir. Les clins d'œil érotiques ou gentiment provocateurs conjurent les sorts jetés par de vilaines sorcières. Sa révolte fustige les dégâts monstrueux que l'homme inflige à la nature, sa sensibilité laissant entrevoir qu'elle-même s'y fond et s'y confond. Sa voix se multiplie par la puissance des harmoniseurs. L'électro se teinte de sons anciens, créant un nouveau baroque où s'envole la voix sublime de Serge Kakudji...

→ Claire Diterzi, L'arbre en poche, cd Pias, 15,99€

jeudi 25 janvier 2018

Tombeau de Poulenc


J'ai toujours adoré Francis Poulenc, compositeur français mésestimé, peut-être pour les mêmes raisons que je dois toujours défendre Jean Cocteau. Il fut même mon voisin au Père Lachaise, mais j'ai déménagé ! J'ai usé le coffret de ses mélodies comme celui de sa musique de chambre, joué et rejoué ses opéras. Dans des genres radicalement différents, une comédie surréaliste, une tragédie historique et une comédie dramatique intimiste, Les mamelles de Tirésias, Le dialogue des Carmélites et La voix humaine sont trois chefs d'œuvre absolus dont les livrets sont respectivement d'Apollinaire, Bernanos et Cocteau. De plus, Poulenc, mouton noir de la famille Rhône-Poulenc, a bénéficié d'interprètes exceptionnels comme Pierre Bernac et la sublimissime Denise Duval. Il y avait deux Poulenc, le compositeur mystique de chœurs célestes et le garnement casquette sur l'œil, celui que je préfère évidemment ! En composant un Tombeau de Poulenc, le pianiste Jean-Christophe Cholet, le saxophoniste Alban Darche et l'ancien chef du Vienna Art Orchestra, Mathias Rüegg, en inventent un troisième, imaginaire contemporain, à l'aide d'un orchestre de jazz.


Librement inspirée par l'œuvre de Poulenc sans jamais tenter la moindre adaptation, Le tombeau de Poulenc est une rencontre exquise entre la musique classique française du début du XXe siècle et les influences du jazz. "Dans la musique occidentale savante, un tombeau est un genre musical en usage pendant la période baroque. Il était composé en hommage à un grand personnage ou un collègue musicien (maître ou ami), aussi bien de son vivant qu'après sa mort, contrairement à ce que le nom de ce genre musical pourrait laisser penser. Il s'agit généralement d'une pièce monumentale, de rythme lent et de caractère méditatif, non dénué parfois de fantaisie et d'audace harmonique ou rythmique. C'est le plus souvent une allemande lente et élégiaque ou une pavane, danse de la Renaissance depuis longtemps tombée en désuétude à l'époque de la mode des tombeaux. Contrairement au lamento italien, le tombeau n'est pas censé utiliser les modes expressifs du deuil et de la douleur qui sont alors vus avec scepticisme dans la tradition musicale classique française. Cependant certains éléments sont notables comme l'usage d'une note répétitive symbolisant la Mort frappant à la porte ou l'utilisation de gammes diatoniques ou chromatiques montantes ou descendantes symbolisant les tribulations de l'âme et sa transcendance." Si je reproduis cette définition de Wikipédia, cela n'a rien d'innocent, vous comprendrez cette allusion à mon propre travail dans quelques mois ! Les plus célèbres sont le Tombeau de Couperin par Ravel ou celui de Debussy par Dukas, Roussel, Malipiero, Goossens, Bartók, Schmitt, de Falla, Ravel, Satie et Stravinsky.
Le choix de deux pianos rappelle tout de même le Concerto en ré mineur de Poulenc, les références instrumentales étant là les plus prononcées. L'orchestre comprend aussi violon, flûtes, saxophone ou clarinette, trompette, trombone, tuba, contrebasse et batterie. De l'ensemble se dégage une douceur particulière, une musique de chambre aux fenêtres ouvertes sur la campagne.

Le Tombeau de Poulenc, cd Yolk, dist. L'autre distribution, 12,99€, sortie le 2 février 2018

mardi 16 janvier 2018

L'Afrique d'un marin saoul au Pôle Nord


J'ai commencé l'enregistrement du prochain album du groupe de rock new-yorkais Controlled Bleeding qui a déjà publié mon remix Driving Through Darkness Lights Off et ma participation à TROD (Defiler's Song) sur l'album Carving Songs. Chvad SB m'envoie les pistes qu'ils ont réalisées là-bas. À moi d'ajouter ce qui me passe par la tête. Paul me raconte chaque fois le petit scénario qu'ils se sont inventés avec Mike. Avant chaque morceau je prépare les instruments que je compte utiliser. J'ai beau avoir sorti l'artillerie lourde pour la fanfare destroy, c'est le petit machin rouge blanc bleu qui est le pivot de ce blues tordu, histoire de marin saoul... Pour la seconde pièce j'ai programmé de vieux synthétiseurs numériques et ajouté quelques sons polaires, et pour la troisième j'ai récréé une Afrique de pacotille avec un marimba, un glockenspiel, des rhombes, des maracas en mousse, un violon vietnamien (!) et la jungle évidemment ! À suivre...

lundi 15 janvier 2018

À travail égal salaire égal


Le label autrichien Klang Galerie continue la réédition des vinyles d'Un Drame Musical Instantané en CD. Après Rideau ! (1980), c'est au tour du disque À travail égal salaire égal (1981) d'être remasterisé et de sortir en digipack avec en bonus une version inédite de La preuve par le Grand Huit enregistrée l'année suivante ! C'est le premier album du Drame avec le grand orchestre puisqu'y figurent la version orchestrale de Crimes Parfaits (pour bande magnétique, septuor à cordes et orchestres radiophoniques) et La preuve par le Grand Huit à sa création.
Le disque s'ouvre sur On tourne, pièce de field recording. Réalisé dans une usine de métaux, nous pensions utiliser l'enregistrement comme bande d'accompagnement, mais rentrés au studio nous nous sommes aperçus que la pièce fonctionnait sans aucun instrument supplémentaire. Elle nous faisait penser à Varèse ! Nous nous sommes tout de même crus obligés d'ajouter, discrètement, quelques gongs. À cette époque, mettre un reportage sonore sur le même plan qu'une composition musicale n'était pas dans les usages ! Quant à Pour quoi la nuit ?, c'est un morceau expérimental où nous changeons tous les trois d'instrument à chaque accord. Après que j'ai recollé les morceaux les uns à la suite des autres, nous avons coupé le montage en plein milieu et diffusé les deux parties simultanément. Mais c'était encore trop raide, alors avec Francis Gorgé et Bernard Vitet nous avons rejoué librement par dessus. Nous l'avions appelé Pourquoi la nuit ?, mais le titre était déjà pris à la Sacem. Encore un coup de ciseaux, cette fois sur le premier mot, et le tour était joué ! Pour quoi la nuit ? (ci-dessous avant remasterisation) est aussi présent sur le CD Machiavel où l'on trouve la version initiale, électro-acoustique, de Crimes Parfaits.



Pour remplacer la coda de Crimes Parfaits attrapée au vol en reportage au coin du Boulevard de la Bastille et du Quai de la Rapée (poursuite en voitures dont nous fûmes témoins et qui se termina par un véritable coup de feu de celle de derrière sur celle de devant, dans le tournant vers le Pont d'Austerlitz ; la cassette s'arrêta miraculeusement juste après les exclamations de Bernard et Brigitte), lors de la création en public Bernard qui avait sorti un pistolet-mitrailleur d'une grande valise, avec le Théâtre Berthelot plongé dans le noir, avait tiré sur la salle (évidemment avec des balles à blanc), mais certains spectateurs ne s'en sont jamais remis. Tout cela se passait en 1981 et, comme la fin de Cet obscur du désir, dernier film de Luis Buñuel, cette mise en scène était sinistrement prémonitoire de l'époque à venir, tout comme l'explosion de l'avion peinte par Jacques Monory qui orne la pochette de notre vinyle Carnage publié en 1985 et qui sortira également en CD en 2019, après Les bons contes font les bons amis et L'homme à la caméra.
Sur les deux pièces pour orchestre figurent Jean Querlier (flûte, sax alto), Youenn Le Berre (flûtes, sax ténor), Jouk Minor (gumbri, guitare flamenca, sax baryton), Patrice Petitdidier (cor), Philippe Legris (tuba), Hélène Sage (voix, contrebasse, flûtes, clarinette, trombone à anche), Emmanuelle Huret (voix), Jacques Marugg (vibraphone, xylophone, timbales), Gérard Siracusa (percussion, cloches tubulaires), Bruno Girard (violon), Nathalie Baudoin (alto), Kent Carter (alto, violoncelle), Hélène Bass (violoncelle), Marie-Noëlle Sabatelli (violoncelle), Didier Petit (violoncelle), Geneviève Cabannes (contrebasse).
Francis Gorgé joue de la guitare, Bernard Vitet de la trompette et du cor de poste, tous les deux dirigeant l'orchestre. Je diffuse la bande magnétique en plus d'être au synthétiseur (ici le PPG Wave 2.2), piano, harmonica, guimbardes et bruitages...

→ Un Drame Musical Instantané, À travail égal salaire égal, CD Klang Galerie gg244, 16€

mardi 9 janvier 2018

Musique d'ameublement du samedi soir


Presque chaque fois que nous nous rendons à une fête chez des amis nous sommes surpris par leur utilisation de la musique. Elle est supposée créer du lien social, or sa diffusion produit exactement l'effet contraire. J'exclus de cette critique l'invitation à la danse qui se justifie à condition que les invités s'y prêtent. Hélas la plupart du temps le dance-floor est déserté au profit de la cuisine où il est pratiquement impossible de se mouvoir. Les rares soirées où nos hôtes ne diffusaient aucune ambiance sonore polluante avaient été organisées par des musiciens qui savent évidemment de quoi il s'agit !
Première remarque. Lorsque l'on ne connaît personne il est capital de pouvoir s'immiscer dans une conversation, à condition que le niveau sonore permette d'entendre de quoi parle tel ou tel groupe de convives. On attrape ainsi un mot à la volée pour s'intégrer à la discussion en cours.
Deuxième remarque. Il n'est pas utile de remonter le niveau sonore général si ce n'est pour attraper une extinction de voix en se battant contre le vacarme général. Le lendemain l'inoffensif Homeovox vous soulagera, mais cette escalade de décibels est-elle bien raisonnable ?
Troisième remarque. Si la peur du silence est en cause, pourquoi choisir des musiques inadaptées à l'occasion, en l'occurrence des morceaux rythmés censés provoquer des mouvements des jambes ou du bassin, ou encore des chansons où le brouhaha empêche d'en comprendre les paroles ?
Quatrième remarque. Si malgré mes supplications le besoin irrépressible de diffuser une play-list vous taraude je suggère de choisir des ambiances sonores adaptées aux effets que l'on souhaite produire. Des décors sonores genre "nature et découverte" pourront par exemple transformer l'atmosphère en vous faisant voyager. Si on veut ajouter une touche musicale, des albums comme Bayaka, mélange d'ambiances naturelles et de musique pygmée, seront tout indiqués. Certains préféreront du new age, de l'ambient ou de la musique classique, mais dans ces conditions tout cela s'apparentera à juste titre à de la muzak ! Si l'on souhaite chauffer l'ambiance, autant attendre le bon moment et annoncer franchement la couleur en envoyant les tchatcheurs récalcitrants à la cuisine et les danseurs sur le parquet...

mercredi 3 janvier 2018

Carving Songs


Invité à participer au double CD de remix de l'album Larva Lumps & Baby Bumps (2016) du groupe new-yorkais Controlled Bleeding intitulé Carving Songs (2017), je renouai avec mes origines rock en composant Driving Through Darkness Lights Off où je joue de tous les instruments dont un solo de guitare électrique virtuel enregistré en une seule prise dont je suis très fier ! Suite à cette échappée, Paul Lemos me proposa de faire partie à part entière de leur prochain album, ce dont je m'exécute lorsque les pistes des nouveaux morceaux atterrissent sur mon écran.
En découvrant l'ensemble des contributions de Carving Songs je me rends compte à quel point le rock est dans mes gégènes électriques. Industrielle, sombre et destroy, la musique de Controlled Bleeding interroge mes fantasmes adolescents. La rencontre du trompettiste Bernard Vitet et le goût des jazzmen pour l'improvisation m'en détournèrent, comme l'intérêt que suscita chez moi la musique contemporaine. À la fin des années 70 le rock tournait en boucle, l'extraordinaire vague inventive, psychédélique ou soixantehuitarde, ayant été déjà canalisée par la récupération marchande des majors. Le jazz accouchait par contre de nouveaux courants qui s'affranchissaient du swing en intégrant les racines européennes, nationales ou régionales. Les enjeux économiques n'étaient évidemment pas les mêmes, le free jazz ne risquant pas de renflouer les caisses.
Carving Songs rappellent ces couleurs, bannière étoilée souvent déchirée, parfois planante, actualisée par l'apport de l'électronique et de la noise, mais toujours aussi inclassable. Je suis surpris de constater que mon remix ne fait pas tâche au milieu des autres. L'ensemble présente une homogénéité, probablement due à l'énergie des pièces originales de Controlled Bleeding, malgré la diversité des ambiances et des instrumentations. Je regrette que les notes de pochette ne soient pas plus précises à ce sujet. Elles ne livrent que les titres et le nom des vingt groupes ou artistes qui ont joué le jeu. Se succèdent ainsi Monolake, Barnacles, Child Bite, Child Abuse, Renalod & The Loaf, Zeitkratzer, Justin K Broadrick (Godflesh), Ramleh, Rothko, Tim Story, Perv, Ron Anderson, Crowhurst, ma pomme, Le Syndicat, Hélène Sage, Isobel Morris, Weasel Walter (Lydia Lunch Retrovirus), Merzbow, Meatleg. L'album s'ouvre sur TROD (Defiler's Song) par Controlled Bleeding themselves, morceau auquel je participe également ! Je rejoins ainsi Paul Lemos et Mike Bazini sur la seconde moitié, ma voix passée dans le H3000, un bol tibétain, des rhombes, un ours grizzli, un alligator, un cobra et quelques lions m'épaulant pour interpréter leur "Rhythm Of Death" :



Carving Songs va de l'ambiant expérimental à la noise la plus radicale en passant par le hard et le gothique, le rock américain étant présent dans toutes ces chansons, des plus souriantes aux plus destroy, les rythmes lourds et entraînants ainsi que les guitares saturées constituant tout de même la base de l'album.

→ Controlled Bleeding, Carving Songs, Artoffact Records, téléchargement 10$, CD 16,98$, vinyle 25,98$ ou 29,98$

lundi 1 janvier 2018

Harpon inaugure 2018


Nous n'avions rien publié ensemble depuis le concert au Silencio Club en juin 2016. Paradis est le troisième album du duo Harpon, enregistré et mixé jeudi dernier avec Amandine Casadamont. Il est déjà en ligne, en écoute et téléchargement gratuits comme 73 autres sur le site drame.org ! Une façon d'accompagner nos vœux pour 2018...
Contrairement au premier, en studio, et au deuxième, live, qui étaient plus dramatiques et légers, axés sur la fiction, Paradis dévoile des ambiances sombres, plus instrumentales. Peut-être avons-nous été influencés par la projection de Blade Runner 2049, projeté la veille au soir. Si le scénario du film de Denis Villeneuve inspiré de Philip K. Dick est raté, bourré de longueurs et d'invraisemblances, sa recherche plastique et une utilisation intelligente du son intégré à la musique sans surcharge d'effets redondants comme le cinéma le pratique hélas de nos jours nous ont marqués. Nous avons pris la photo de la pochette juste avant le film. Les quatre improvisations préparées durent environ quinze minutes chacune : 97 Round, Geno Taping, Terroirs, Drugstar. Amandine Casadamont est aux commandes de trois platines tandis que je me sers essentiellement d'un clavier branché sur mon ordinateur auquel j'ai ajouté trompette avec anche ou embouchure, flûte, erhu, guimbardes, percussion. De temps en temps je transforme certains de mes sons ou ceux d'Amandine avec l'Eventide H3000. Terroirs est exclusivement composé de field recordings.
En fin de séance nous avons enregistré une cinquième pièce destinée à mon prochain album physique ; CD ou LP, je ne sais pas encore. Je me suis servi cette fois exclusivement de la Mascarade Machine, système conçu avec Antoine Schmitt et permettant de transformer le flux radiophonique en timbre, mélodie, nappes, etc.


Amandine Casadamont explique qu'elle réalise un travail construit à partir du monde du vinyle, des pièces fabriquées de ready-made sonores issus exclusivement de vinyles. Les sources sont déconstruites et reconfigurées sous une forme hybride entre l’ancien et le nouveau. Elle compose ses mix à partir de trois platines vinyles sans aucun effet synthétique. Elle joue parfois sur le pitch, donne des à-coups, scratche, découpe comme dans ses fameuses productions radiophoniques. Au delà de ce jeu de déconstruction/reconstruction, elle s’interroge sur de nouvelles formes possibles et impossibles, et sur la matière sonore, abstraite ou concrète. Ses outils sont ceux du DJ, mais l’objet se rapproche davantage du travail du réalisateur sonore ou de l’artiste. Ses compositions live relèvent plus du cinéma sonore ou de l’ambiant expérimental que du DJing et de la culture clubbing. Pas de calage de bpm destiné à faire bouger les corps, ici on s’installe dans le son, l’esprit voyage dans un univers original déconstruit et reconstruit en fonction du moment. Son travail 99% vinyle, appelé aussi « Hörspiel Mix » a été primé au New York Festival en 2016 dans la catégorie Radio Art. La création à laquelle j'avais assisté avait été réalisée en public et diffusée sur France Culture.
Le terme allemand Hörspiel n'a pas d'équivalent en français, éventuellement "évocation radiophonique". En nommant jadis mon groupe Un Drame Musical Instantané, c'est la même idée qui me guidait, composer des œuvres suffisamment suggestives pour que l'auditeur ou le spectateur puisse se faire son propre cinéma !