70 Musique - avril 2019 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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lundi 29 avril 2019

Un coffret hautement radioactif


Fan des films de Joe Dante, j'avais adoré Matinée (en français Panic sur Florida Beach) et ri des exercices absurdes imposés aux écoliers au moment de la crise des missiles de Cuba en 1962. Je pensais que le cinéaste les avait ironiquement imaginés, or à l'écoute de la centaine de chansons de l'époque traitant de la peur de la bombe atomique ou de la fascination qu'elle provoque, ainsi que des annonces radiophoniques de la protection civile, nous comprenons que cette psychose était générale. En France mes parents répétaient d'ailleurs qu'ils n'auraient jamais dû faire d'enfants avec cette menace planant au-dessus de nos têtes ! Le signe de la paix date de cette période, créé par Gerald Holtom à la demande de Bertrand Russell. Cette obsession est probablement à l'origine de mon adhésion aux Citoyens du Monde lorsque j'avais 12 ans.


En quête de choses bizarres et méconnues, j'ai donc dégotté les 5 CD d'Atomic Platters - Cold War Music From The Golden Age Of Homeland Security publiés en 2005 par Conelrad et Bear Family Records. Ils sont accompagnés d'un DVD comportant 9 courts métrages des années 50, anti-communisme forcément primaire à la clef, ainsi qu'un livret de 300 pages illustré de photos de la Guerre froide et rempli d'informations ahurissantes ! Le quartet de Slim Gaillard joue Atomic Cocktail, Doris Day chante Tic, Tic, Tic, Bo Didley joue Mr. Khruschev, le Golden Gate Quartet chante Atomic and Evil, Dexter Gordon joue Bikini... Les titres souvent rock 'n roll ou country & western s'appellent Get That Communist Joe, Atomic Nightmare, Radioactive Mama, I'm Gonna Dig Myself A Hole, They Locked God Outside The Iron Curtain, A Mushroom Cloud, Fifty Megatons, Uranium Rock, The Commies Are Coming, The Senator McCarthy Blues, Death Of Joe Stalin (Good Riddance), etc. Certes il manque Oh Lord Don't Let Them Drop That Atomic Bomb On Me de Charlie Mingus, mais c'est un festival de trucs plus délirants les uns que les autres, y compris les messages lus par Groucho Marx, Pat Boone, Johnny Cash, Boris Karlov, Bob Hope, Bing Crosby et quantité d'autres, plus deux pièces inédites de 1961 pour vous foutre la trouille, If The Bomb Falls et The Complacent Americans.
Sur le site Atomic Platters réalisé entre 1999 et 2005, Bill Geerharts livre nombreuses informations relatives à la Guerre froide et ce qu'elle a engendré aux États Unis, des pistes vers d'autres albums et d'autres films par exemple, ou pléthore de classements pour les titres du coffret. Bon j'y retourne, parce que c'est presqu'aussi drôle que Ninotchka de Lubitsch !

jeudi 25 avril 2019

Luc Ferrari : Complete Works


Nous pourrions regretter que le pavé de 400 pages sur le compositeur Luc Ferrari ne paraisse qu'en anglais ! Dans les films j'aime que les protagonistes s'expriment dans leur langue maternelle, quitte à avoir recours aux sous-titres. Entendre des soldats romains parler autrement qu'en latin m'a toujours paru étrange. Et Ferrari ne mâche pas ses mots, joue avec et ne pratique pas celle qu'on dit de bois. En fait, Complete Works vient compléter les Écrits (1951-2005) parus en français aux Presses du réel il y a deux ans sous le titre Musiques dans les spasmes (voir article) et dirigés par Brunhild Ferrari et Jérôme Hansen. Ainsi les textes de l'ouvrage américain peuvent s'y lire dans leur langue originale. Outre une chronologie (non exhaustive) des œuvres, l'intérêt de celui qui vient de paraître chez Ecstatic Peace Library vient des illustrations pleine page, de son grand format et de la qualité de la mise en pages. Il est probable que Thurston Moore n'est pas étranger à l'affaire, car il cosigne cette édition américaine avec sa compagne Eva Prinz, la traductrice Catherine Marcangeli et Brunhild Ferrari. Ce n'est pas si étonnant de la part du guitariste de Sonic Youth, collectionneur toujours à l'affût de voix personnelles. Avec la reproduction de la préface de Jim O'Rourke, la postface de David Grubbs et le commentaire de John Zorn en quatrième de couverture, cet ouvrage offre une couverture planétaire, hélas post mortem, au plus indépendant de tous les compositeurs français de son époque (en tout cas celui dont je me sens le plus proche), expérimentateur tous terrains, passionné autant par la musique électronique que concrète, s'essayant de manière très personnelle et réussie au théâtre musical, à l'improvisation dirigée, à la promenade sonore, à diverses formes orchestrales ou radiophoniques... Il était l'héritier direct de Schaeffer, Varèse et Cage, en ce qu'il ne les imita jamais, mais en tira les leçons dont il avait besoin.
Bien que ne figurant pas dans cette publication, je suis fier d'avoir cosigné Comedia dell'Amore 224 en 1992, six minutes enregistrées avec lui (reportage et voix - Ferrari n'utilisait pas le terme "field recording") et mes deux camarades du Drame, Bernard Vitet (trompette, bugle, voix) et Francis Gorgé (guitare). J'y jouais du synthétiseur et en avais assuré le mixage. Nous lui avions demandé, comme à chacun des invités de notre Opération Blow Up, un dessin. Luc nous avait répondu avec une photocopie noir et blanc de L'Odalisque de François Boucher, femme à la pose ambiguë qu'il avait cosignée avec le peintre ! C'était son côté coquin, qui l'avait fait surnommer par Bernard, également pour son élégance, "le Gainsbourg de la musique contemporaine"... Je me souviens aussi que c'est grâce à lui que j'avais rencontré Élise Caron et Michel Musseau qui avaient interprété nombreuses de ses œuvres dans les années 80. Quant à Thurston Moore qui, avec Brunhild Ferrari, dédicacera Complete Works le 20 mai au Souffle Continu (c'est là que j'ai acheté les deux livres, réciproquement 22€... et 52€, aïe !), il épata tous les journalistes présents à l'Olympia quand en sortie de scène du concert de Sonic Youth il leur posa comme première question : "Est que Un Drame Musical Instantané, ça existe toujours ?" Hélas, depuis 2008, la réponse est négative, mais je suis heureusement bien vivant et continue à produire toujours plus de musique que d'articles !

vendredi 19 avril 2019

Musique Brut Collection : Adolf Wölfli par Graeme Revell


C'est évidemment toujours par hasard que se font les découvertes, sérendipité appliquée à ma veille expérimentale que dessinent mes pérégrinations sur le Net et IRL (In Real Life), hasard tout de même guidé par la Méthode et ses tangentes. L'album Musique Brut Collection signé Graeme Revell est un objet à part. Certains ou certaines me diront évidemment qu'ils connaissent ce disque par cœur, mais pour moi c'est une surprise ! Il se compose de deux parties distinctes, mais néanmoins cousines, The Insect Musicians et Necropolis, Amphibians & Reptiles. Les dix premiers titres sont des œuvres de ce compositeur néo-zélandais de musiques de blockbusters qui a trituré ici exclusivement des sons d'insectes qu'il a enregistrés ou dont il a acquis les droits en sillonnant la planète en 1984 et 1985 et qu'il a retravaillés l'année suivante sur un synthétiseur Fairlight dans l'esprit de ce que suggère le Traité des objets musicaux de Pierre Schaeffer. Le résultat sonne comme une exotica électronique très mélodique, aussi étonnante et originale que lorsque les impressionnistes ou les minimalistes se sont inspirés des musiques du monde.


Les six dernières pièces sont des interprétations personnelles des musiques et partitions de l'artiste suisse d'art brut Adolf Wölfli. C'est tout aussi bizarre et passionnément hétérogène, mélange de bruits, d'ambiances, voix parlée en allemand, fanfare, piano mécanique, cloches, grandes orgues, chœurs, percussion, etc. Après plusieurs agressions sexuelles contre de très jeunes filles, Wölfli passa 35 ans enfermé dans l'asile d'aliénés de la Waldau près de Berne, pratiquement le foyer inaugural de l'art brut que découvrira Jean Dubuffet. Ce grand schizophrène fut probablement le modèle de Blaise Cendrars pour Moravagine, dessina quelques 1300 dessins et rédigea une biographie de 25000 pages. Sa musique est d'une incroyable modernité, du moins telle que l'interprète Revell qui lui trouve ou lui crée un cousinage évident avec ses propres expérimentations.

→ Graeme Revell, Musique Brut Collection, cd The Fine Line of Mute Records / Musique Brut

mercredi 17 avril 2019

Pianissimal


Bon je rabâche, mais je me sens toujours aussi incompétent pour évoquer les disques de pianistes. Déjà en solo c'est difficile, mais le trio piano-basse-batterie m'échappe le plus clair du temps. Peut-être est-ce le croisement du meuble bourgeois avec le swing du jazz que je n'assimile pas vraiment ? Pour les solos est-ce simplement parce que je conçois la musique d'abord comme un art d'équipe, le summum de la conversation où tout le monde parle en même temps tout en s'écoutant les uns les autres ? Il m'aura fallu aujourd'hui celui de Françoise Toullec pour que je me lance. Un hibou sur la corde rassemble des pièces conçues pour l'opus 102, un piano exceptionnel construit par Stephen Paulello, quatorze notes supplémentaires, une sixte dans le grave et une quarte dans l’aigu, encore plus surprenant que le Bösendorfer Impérial que nous avions l'habitude de réclamer à Radio France quand nous y faisions nos interventions hirsutes avec le Drame. Je triche aussi parce qu'il s'agit d'un piano préparé ou, plus exactement, d'un piano étendu. Le piano préparé est une perversion haute en couleurs me laissant souvent croire qu'il s'agit d'un ensemble de cordes et de percussions, un gamelan occidental entre les mains de quelque marionnettiste. Elliptique, Françoise Toullec tourne les pages d'une fiction abstraite. Pour honorer cet instrument grandiose elle a préféré ne pas lui greffer de vis, chevilles et d'autres petits objets iconoclastes ; si elle a surtout plongé dans son espace intérieur, elle l'a tout de même caressé, gratouillé, frappé avec des baguettes, et effleuré d'un archet électronique, l'e-Bow qui donne son titre à l'album. Au lieu des rythmes auxquels le piano préparé est habitué, elle a laissé résonner les cordes parallèles de l'opus 102 dans la lenteur, savourant chaque vibration en gourmette. J'ai enfilé mon maillot et j'ai plongé dans le son pour un bain de minuit à quatorze heure. Les autres n'y étaient pas.
Réveillé, j'ai remis les autres disques sur la platine. Guillaume de Chassy joue avec délicatesse les chansons de Barbara. Assumant son héritage hexagonal, lui aussi a pris là ses distances avec le jazz, n'en conservant que la souplesse de l'improvisation. Les compositeurs classiques ont d'ailleurs toujours usé de cette liberté. N'avez-vous jamais entendu les improvisations de Camille Saint-Saëns au Pianola sur Samson et Dalila ? Ou Granados ? Ou Mahler réduisant ses symphonies sur un Welte-Mignon ! Comme pour les standards de jazz qui sont en fait les chansons que chantaient leurs mamans aux futurs jazzmen virtuoses, de Chassy s'approprie celles de Barbara en les impressionnant début du XXe, pour un résultat sans âge, on dit "millésimé".
Le pianiste bulgare Mario Stantchev, dont j'avais apprécié son Jazz Before Jazz avec les œuvres Louis Moreau Gottschalk, conjugue le swing à tous les temps, échappant ainsi aux poncifs nord-américains. Les cinq autres pianistes qui s'empilent devant ma platine ont préféré s'adjoindre un bassiste et un batteur, c'est leur droit, mais franchement j'aurais préféré qu'ils composent des associations aux timbres moins convenus. Yaron Herman sautille avec grâce, accompagné par Sam Minae et Ziz Ravitz. Plus moderne, Stephan Oliva s'inspire toujours de son goût pour le cinématographe, mariant le jazz aux émotions qu'il procure. Peut-être de jouer avec les Américains Or Bareket et Leon Parker, Fred Nardin est plus classique et attendu. Même question avec Vincent Bourgeyx qui a passé trop de temps à New York et ne coïncide pas du tout avec mon "rêve cosmique", même à y rajouter un sax. Il y a des amateurs pour ce genre, heureusement pour eux, mais dès que cela ressemble à ce qu'on est susceptible d'entendre dans une boîte de jazz, ma tasse de thé déborde... Je préfère le Coréen Heo avec Alexis Coutureau et Kevin Lucchetti, c'est un peu plus bizarre, probablement dû aux éléments asiatiques qui fusionnent avec le jazz. La chanteuse Youn Sun Nah est venue soutenir son compatriote sur un titre. Il n'empêche que chaque fois je me souviens que Saint-Saëns avait ajouté les pianistes à son Carnaval des Animaux ! Il y en a que j'adore évidemment, on m'aura lu ailleurs, car ce n'est pas le piano qui m'ennuie, mais l'attribut pianistique. Je pense que cela me fait le même effet avec tous les instruments. Il n'y a qu'en art que j'apprécie les pervers.

→ Françoise Toullec, Un hibou sur la corde, cd Gazul Records, dist. Musea
→ Guillaume de Chassy, Pour Barbara, cd NoMadMusic, dist. Pias
→ Mario Stantchev, Musica Sin Fin, cd Cristal, dist. Believe Digital
→ Yaron Herman Trio, Songs of The Degrees, cd Blue Note, dist. Universal
→ Stephan Oliva / Sébastien Boisseau / Tom Rainey, Orbit, cd Yolk, dist. L'autre distribution
→ Fred Nardin Trio, Look Ahead, cd Naïve, dist. Believe
→ Vincent Bourgeyx, Cosmic Dream, cd Paris Jazz Underground, dist. L'autre distribution
→ Heo Trio, Sherpa, cd Cristal, dist. Sony Music

lundi 15 avril 2019

Aux Ronds-Points des Allumés, la revue


Les Allumés du Jazz ont publié simultanément un vinyle 30 cm et une revue de 124 pages à partir des Rencontres d'Avignon dont le thème était « Enregistrer la musique, pour quoi faire ? ». Les deux objets portent le titre « Aux Ronds-Points des Allumés du Jazz ». Cette association rassemble une soixantaine de labels de jazz, musiques improvisées ou tout simplement inventives. Or je suis sidéré par le travail fourni par tous les contributeurs de l'un comme de l'autre, des musiciens évidemment pour le disque, tandis que pour la revue ils ont été rejoints par des producteurs, des journalistes, des historiens, des disquaires, des ingénieurs du son, des organisateurs de spectacles, des bibliothécaires, des cinéastes, des photographes, des illustrateurs, etc. Les témoignages, analyses et réflexions débordent largement le cadre du jazz et dressent un portrait salé de notre société. Rappelons qu'il y a déjà 15 ans Francis Marmande écrivait dans Le Monde Diplomatique : « Les Allumés du jazz sont le seul journal de jazz à maintenir un point de vue politique sur cette musique. » Rien n'a changé, ou plus justement le monde a continué sa descente aux enfers, ce qui n'empêche pas les activistes de se battre contre l'absurdité des marchands avec les gouvernants à leurs bottes comme bras armé. D'où l'importance d'une telle somme ! Il m'est impossible de résumer ma lecture assidue tant elle fut riche d'enseignement, sans compter l'humour qui la traverse, que ce soit grâce aux flèches décochées par mes camarades ou aux dessins des nombreux illustrateurs. Les Allumés, jouant avec des allumettes, mettent le feu aux poudres en révélant l'envers du décor par leurs passionnants témoignages.
Les textes sont de Valérie de St Do, Francis Marmande, Guillaume Pitron, Hervé Krief, Sofian Fanen, Jean-Louis Comolli, Thierry Jousse, Guillaume Kosmicki, Pablo Cueco, PL. Renou, Bruno Tocanne, Guillaume Grenard, Alexandre Pierrepont, Christian Rollet, Thomas Dunoyer de Segonzac, Morgane Carnet, Michel Dorbon, Cyril Darmedru, Patrick Guivarc’h, Noël Akchoté, Cécile Even, Jacques Denis, Luc Bouquet, Jean Rochard, Guy Girard, Stéphan Oliva, Olivier Gasnier, Théo Jarrier, Pascal Bussy, Mico Nissim, Eve Risser, L’1consolable, Alexandre Herrer, Serge Adam, Daniel Yvinec, Laetitia Zaepfel, Saturnin Le Canard, Jean-Marc Foussat, Jean-Paul Ricard, Simone Hédière, Les Martine’s, Nicolas Talbot, Léo Remke-Rochard... Page 70 on trouvera le mien, Voir pour le croire, que j'avais écrit à la demande de mes camarades. Quant aux illustrations, elles sont de Nathalie Ferlut, Hélène Balcer, Denis Bourdaud, Matthias Lehmann, Johan de Moor, Zou, Jeanne Puchol, Thomas Dunoyer de Segonzac, Emre Ohrun, Anna Hymas, Efix, Jop, Rocco, Andy Singer, Laurel, Mape 816, Gabriel Rebufello, Sylvie Fontaine, Cattaneo, Thierry Alba, Pic, et les photographies de Judith Prat, Francis Azevedo, Guy Le Querrec, Sasha Ivanovich, Judith Wintreberg, Xavier Popy, Gérard Rouy. Nathalie Ferlut a signé la couverture de la revue comme celle du disque. Marianne T. secondée par Christelle Raffaëlli et les Allumettes Anne-Marie Perrein et Cyrielle Belot ont rassemblé ce superbe travail rédactionnel et graphique.
Continuité avec les 37 numéros du Journal des Allumés, les rubriques de la revue sont L'aventure collective, Numérique l'envers du décor, La simplification des stickers contre le discours critique, Le miroir aux allumettes, Quand le son rentre en boîte, Les travailleurs du disque, Les petites séries, Le musicien face à l'autoproduction jusqu'où ?. Est-ce assez explicite ? Que tire-t-on de cette lecture indispensable à qui veut comprendre l'histoire du disque, ce que nous voulons ou pouvons en faire aujourd'hui, et ce que nous réserve l'avenir à moins que nous nous groupions pour enrayer ou minimiser la catastrophe ? D'abord la joie et le plaisir de créer. Ensuite de le réaliser ensemble. C'est en fédérant toutes les forces en présence que nous pouvons résister à la mort programmée par le capitalisme dont le profit à court terme est le seul but. Il faut étendre ce combat aux autres secteurs de la musique, de l'art, de la culture, et par extension à tous les enjeux de notre vie, car c'est de cela que traite la revue en filigranes. Ce formidable élan vital est donc difficile à résumer ici, si ce n'est par la complicité que ce blog entretien quotidiennement avec les idées qui y sont exprimées tout au long des 124 pages qui explosent en couleurs...

Aux Ronds-Points des Allumés du jazz, revue au tirage limité, 5€ seulement !

vendredi 12 avril 2019

Aux Ronds-Points des Allumés, le disque


Les Allumés du Jazz frappent fort pour le Disquaire Day. En plus d'une revue liée au colloque avignonnais qui avait pour thème "Enregistrer la musique, pour quoi faire ?" le collectif d'une soixantaine de labels français publie le vinyle 30 centimètres où s'expriment les musiciens séduits par la question. Ayant participé à la table ronde "Le miroir aux allumettes", j'ai moi-même enregistré pour l'occasion une petite fiction musicale avec Amandine Casadamont (field recording), Sacha Gattino (sifflement), Sylvain Rifflet (saxophone ténor) et Sylvain Lemêtre (percussion), Les travailleurs du disque dans le miroir des allumettes.


à écouter sur une bonne écoute avec des basses !

À ce magnifique disque-manifeste ont également participé (appréciez l'incroyable distribution !) L’1consolable avec Alfred Cat, Sylvain Kassap, Christiane Bopp, Géraldine Laurent, Tony Hymas, Etienne Gaillochet, Laurent Rochelle, Ève Risser, Antonin-Tri Hoang, Catherine Delaunay, Jean-Brice Godet, Nathan Hanson, François Corneloup, Pablo Cueco, Mirtha Pozzi, Das Kapital (Hasse Poulsen, Daniel Erdmann, Edward Perraud), Riverdog (Jean-François Pauvros, Léo Remke-Rochard, Jack Dzik), Benoît Delbecq, Pascal Van den Heuvel, Jacky Molard Quartet (Jacky Molard, Hélène Labarrière, Janick Martin, Yanick Jory), Serge Adam / le Jazz Composers Allumés Orchestra (JCAO) avec Géraldine Laurent, Morgane Carnet, Sylvain Kassap, Michel Edelin, Rémi Gaudillat, Serge Adam, Christiane Bopp, Loïc Bachevillier, Jean-Philippe Viret, Samuel Silvant et Bruno Tocanne / Xavier Garcia empruntant des samples à une quinzaine de labels des Allumés (avec La Marmite Infernale, imuZZic Grand(s)Ensemble, Les Voyageurs de l’Espace, Samuel Silvant Quartet, Marc Sarrazy et Laurent Rochelle, Anti Rubber Brain Factory, Christofer Bjurström, Ill Chemistry, Dominique Pifarély, Big Band Quoi de neuf docteur, Denis Fournier et Denman Maroney) / Les Martine’s (Anne Mars, Richard Maniere) et Tristan Macé / le Collectif Ishtar avec Benoît Cancoin, Cyril Darmedru, Eddy Kowalski, Xavier Saïki, Tony di Napoli, Olivier Toulemonde, Sylvain Nallet, Gérald Chagnard, Lætitia Pauget, Hélène Peronnet, Jules Toulemonde, Gérard Authelain / les Fondeurs de son avec Florent Dupuit, Nicolas Souchal, Niels Mestre, Stef Maurin, Yoram Rosilio / et puis aussi Léo Aubry, Jean-Marc Bouchez, Les damnés du skeud, Boris Darley, Simon Deborne, Nicolas Desmarchelier, Hervé Michard, Dominique Pauvros, etc.

Et la musique ? La Face A commence par Changez de disque, un rap de circonstance de L'1consolable et des Damnés du Skeud. Le rappeur a peaufiné un texte formidable sur l'état de la production discographique, sa distribution, la dématérialisation, les subventions, les GAFA, la piraterie, etc. Il ne manque que l'arnaque qu'est devenu le Disquaire Day, sensé soutenir les disquaires, profession en danger mortel, et qui s'est bizarrement focalisé sur le vinyle, mais est surtout devenu une foire du disque récupérée par les marchands de tout et n'importe quoi, y compris de la bière et une boisson énergisante ou un concours de soldes ! Le flow de L'1consolable est revendicatif en diable, malin, et ça swingue d'enfer avec l'accompagnement jazz des musiciens inventifs qui lui ont envoyé chacun un petit bout de musique... Suit 7 Janvier, une longue suite pour orchestre à géométrie variable réuni pour l'occasion par Bruno Tocanne, composée par Rémi Gaudillat et interprétée par le Jazz Composers Allumés Orchestra. L'acronyme JCAO n'est pas innocent, clin d'œil musical au JCOA de Michael Mantler et Carla Bley, et les couleurs du big band changent au gré des mouvements comme un kaléidoscope.
La Face J débute avec Sur la route des Allumés, un montage pétillant et entraînant de Xavier Garcia "à partir d'emprunts joyeux et amicaux" d'une quinzaine d'ensembles liés aux Allumés. Ce puzzle, comme presque toutes les contributions du disque, figure une fractale du projet global. La mise en abîme est ici particulièrement évidente. Puis Les Martine's, voix et guitare, avec le bandéoniste Tristan Macé, font respirer la dentelle de Par les temps qui courent, ciselé comme les créations de papier que le couple de graphistes a l'habitude de produire. Ils nous préparent au calme de notre petite évocation radiophonique qui marque une pause énigmatique. Le titre Les travailleurs du disque dans le miroir des allumettes a guidé nos pas dans la forêt transylvanienne. J'ai calé mes sons électroniques sur le field recording d'Amandine, j'ai demandé à Sacha de passer siffler, et j'ai laissé les deux Sylvain, ténor et percussion, improviser en leur assignant simplement leurs places. Suite à cela, avec Des airs cultes (en sabots) le Collectif Ishtar réintègre les mots dans la musique, miroir des Rencontres d'Avignon qui inspirèrent ce disque, et Le Fondeur de Son de se sentir libre de clôturer ce superbe album collectif avec son Fonderie Topophonographique, à la fois bruitiste et fondamentalement collectiviste. Franchement, je suis super fier d'avoir participé à cette aventure qui se tient de bout en bout grâce à Jean Rochard et Bruno Tocanne qui ont supervisé l'ensemble avec le concours des Allumettes, Anne-Marie Parein et Cyrielle Belot.


Quant à la revue, y ont contribué pour les textes Valérie de St Do, Francis Marmande, Guillaume Pitron, Hervé Krief, Sofian Fanen, Jean-Louis Comolli, Thierry Jousse, Guillaume Kosmicki, Pablo Cueco, PL. Renou, Bruno Tocanne, Guillaume Grenard, Alexandre Pierrepont, Christian Rollet, Thomas Dunoyer de Segonzac, Morgane Carnet, Michel Dorbon, Cyril Darmedru, Patrick Guivarc’h, Noël Akchoté, Cécile Even, Jacques Denis, Luc Bouquet, Jean Rochard, Guy Girard, Stéphan Oliva, Olivier Gasnier, Théo Jarrier, Pascal Bussy, Mico Nissim, Eve Risser, L’1consolable, Alexandre Herrer, Serge Adam, Daniel Yvinec, Laetitia Zaepfel, Saturnin Le Canard, Jean-Marc Foussat, Jean-Paul Ricard, Simone Hédière, Les Martine’s, Nicolas Talbot, Léo Remke-Rochard et votre serviteur !
Les illustrations sont de Nathalie Ferlut, Hélène Balcer, Denis Bourdaud, Matthias Lehmann, Johan de Moor, Zou, Jeanne Puchol, Thomas Dunoyer de Segonzac, Emre Ohrun, Anna Hymas, Efix, Jop, Rocco, Andy Singer, Laurel, Mape 816, Gabriel Rebufello, Sylvie Fontaine, Cattaneo, Thierry Alba, Pic, et les photographies de Judith Prat, Francis Azevedo, Guy Le Querrec, Sasha Ivanovich, Judith Wintreberg, Xavier Popy, Gérard Rouy. Nathalie Ferlut a signé la pochette du disque et de la revue.

Le disque n'est disponible que demain samedi et exclusivement demain, à moins qu'il en reste quelques exemplaires après-demain, mais c'est rare. En général les vinyles conçus pour le Disquaire Day partent comme des petits pains, que ce soit dans le réseau des 42 boutiques associées à l'opération ou à l'étranger. J’ignore si c’est du 180 grammes, mais c’est du lourd qui les dépasse allègrement ! N'oubliez pas non plus les 124 pages de la revue sur laquelle je reviendrai...

Aux Ronds-Points des Allumés du Jazz : le disque vinyle 18€... La revue 5€ (gratuite avec le disque samedi uniquement, chez les disquaires qui l'auront reçue à temps, merci la Poste !)

mercredi 10 avril 2019

Lady M de Marc Ducret


Jusqu'ici mes références musicales à Macbeth étaient la partition du groupe Third Ear Band pour le film de Roman Polansky et l'opéra de Giuseppe Verdi. Je peux y ajouter aujourd'hui ce que le drame de Shakespeare a inspiré au guitariste Marc Ducret. Lady M préserve la forme opératique puisque le monologue de Lady Macbeth de l'acte V de la pièce est successivement porté par le contre-ténor Rodrigo Ferreira, la soprano Léa Trommenschlager et enfin par les deux ensemble. Chaque interprétation éclaire la scène différemment. D'abord Lady M erre comme une somnambule sans pouvoir trouver le sommeil que Macbeth a tué. Le même texte est répété, plus tragique, puis intervient l'inexorabilité du remords. L'écriture pour orchestre de Ducret est très rock, presque zappienne, contrairement à son jeu de guitare plus jazz. Si l'ensemble se passe la nuit, c'est une nuit de sang, rouge, électrique. Dans la tête de Lady M se heurtent les sentiments comme dans un flipper où les obstacles sont variés, la cognant, la propulsant, l'éclatant pour finalement rouler dans un couloir où les couleurs disparaîtront avec la fin du disque. Pour faire avancer la forêt vengeresse et réaliser la prophétie des trois sorcières, Ducret a choisi Sylvain Bardiau à la trompette et au bugle, Régis Huby au violon et violon ténor, Liudas Mockunas aux saxophones et à la clarinette contrebasse, Catherine Delaunay à la clarinette et au cor de basset, Samuel Blaser au trombone, son fils Bruno Ducret au violoncelle, Joachim Florent à la contrebasse et Sylvain Darrifourcq à la batterie. Les instruments rares ou anciens accentuent la gravité de cette œuvre pour voix et orchestre où le contre-ténor et la soprano font glisser le cauchemar vers la réalité. Ducret prouve une fois de plus qu'un petit ensemble d'aujourd'hui peut remplacer un lourd dispositif instrumental tel que le suggérait Edgard Varèse et participe ainsi au rajeunissement de la forme lyrique comme ont su le faire d'autres musiciens issus du rock ou du jazz tels Frank Zappa, Carla Bley, Michael Mantler, Steve Nieve et quelques autres dont le nom ne me revient pas à l'instant, mais que mes lecteurs et lectrices sauront me rappeler !

→ Marc Ducret, Lady M, Seven Songs & (Illusions), dist. L'autre distribution, sortie le 26 avril 2019
→ concert de sortie le 4 mai au Pan Piper, 2-4 impasse Lamier, Paris 11e

vendredi 5 avril 2019

Le Disquaire Day du Souffle Continu dans les temps

...
Les Primitifs du Futur, voilà déjà un titre qui me fait de l'œil ! C'est le nom de la bande d'énergumènes à géométrie variable que le guitariste Dominique Cravic rassemble depuis plus de trente ans pour jouer des trucs rétro façon musette. Ailleurs tous ces artistes sont des virtuoses dans des genres extrêmement différents qui se plaisent à jouer là les Années 30 avec tendresse et sincérité. Il ne devrait donc pas être étonnant d'y trouver Robert Crumb au banjo, le dessinateur ayant une fois de plus réalisé l'illustration de couverture où il atiré le portrait à Cravic accompagné de Daniel Colin, Claire Elzière, Hervé Legeay, Bertrand Auger, Didier Roussin, Mohammed Baazi, Jean-Michel Davis, Fabienne Dondard, Kairredine Medjoubi, Marc-Édouard Nabe, Robert Crumb, Olivier Blavet, Fay Lovsky, Raûl Barboza, Stéphane Sanseverino, Guy Lefebvre, Marc Richard, Mathilde Febrer, Jean-Jacques Milteau, Daniel Huck, Florence Dionneau... Dans le somptueux livret de 20 pages, 30x30cm puisque c'est un double vinyle, il y a d'ailleurs une dizaine de dessins de l'auteur de Fritz The Cat et Mr Natural. Sur les photos-souvenirs on reconnaîtra aussi Mieko Miyazaki, Vincent Segal, Patrick Tandin, Alain et Laura Antonietto, François Charle, Arsène Cassange, Coralie Fontayne, Jean-Philippe Viret, Steve Verbecke, Jean-Pierre Chaty, François Ovide, J.D. Jouannic, Julien Delli Fiori, Jean-Luc Katchoura, Aline Crumb, Juliette, Max Robin, Pierre Barouh, Jean-Claude Legué, Mumu Demarchi, Clément Lepidis, Vanja Larbrisseau, mais la liste des "effectifs à ce jour" en dernière page est autrement plus longue. Je livre ces noms, déçu de ne pas avoir le détail des interprètes sur chacun des 25 morceaux choisis pour ce Résumé des épisodes précédents, compilation des albums Cocktail d'amour, Le voyage de Django, Live in Concert, World Musette et Tribal Musette. Le créateur de Maus, Art Spiegelman, a eu la gentillesse d'écrire le texte du OBI, la longue bande de papier qui se détache lorsqu'on retire la cellophane, rappelant que la bande des Primitifs rend la passé certainement plus sympa qu'il ne l'était vraiment, et de se pâmer à l'écoute de l'accordéon, de la mandoline, de l'harmonica, du saxophone, de la scie musicale et de ces mélodies qui ne vous lâchent plus... Et que ça swingue !


Le second disque que sortira Le Souffle Continu pour la neuvième édition du Disquaire Day, le 13 avril prochain, est la réédition d'un petit 17 centimètres du Bénino-Togolais Alfred Panou, poète afro-groove accompagné par l'Art Ensemble of Chicago en 1969 ! Vous avez bien lu. Face A : Je suis un sauvage. Face B : Le moral nécessaire. Ainsi Sanvi Alfred Panou fut le premier slameur-rappeur noir de France avant de fonder vingt ans plus tard le cinéma La Clef-Images d'Ailleurs, premier espace cinématographique entièrement consacré aux films de la diversité. Texte revendicatif, surréaliste et caustique, typique de l'époque. Chouette d'écouter Lester Bowie, Joseph Jarman, Roscoe Mitchell, Malachi Favors dans ce contexte... L'année suivante, l'Art Ensemble accompagnera Brigitte Fontaine Comme à la radio produit également par Pierre Barouh pour Saravah !

→ Dominique Cravic et les Primitifs du Futur, Résumé des épisodes précédents, 2LP Souffle Continu Records, 29€, vendu exclusivement le 13 avril
→ Alfred Panou, Je suis un sauvage / Le moral nécessaire, EP 17cm Souffle Continu Records, 9€, vendu exclusivement samedi 13 avril

mercredi 3 avril 2019

Chansons débiles


Je connaissais évidemment They're Coming to Take Me Away, Ha-Haaa! de Napoleon XIV et sa version française par Berthe, le double album de Wild Man Fischer produit par Zappa et quelques autres trucs loufoques, mais je suis tombé coup sur coup par hasard sur C'est Fab de Nancy Sesay And The Melodaires, puis sur les deux volumes de Only In America, recueil d'une soixantaine de chansons débiles américaines des années 60 et début des 70s sorti sur le label Arf! Arf! à l'initiative d'Erik Lindgren. Ce ne sont pas tant les instrumentaux que les voix qui sont à côté de la plaque ou du moins prennent définitivement la tangente par rapport à ce qui tourne rond. On y croise des vers de terre, des araignées, des barrissements, des rugissements, des substances illicites et du rock en veux-tu en voilà avec des voix de faussets et des barytons de baloche !

Vol. 1
01. The Laughing Record #1 (2:51) 02. Jon Appleton - Chef D'Oeuvre (2:33) 03. Tony Burello - There'S A New Sound (2:30) 04. The Incredible Kim Fowley - Young American Saturday Night (1:53) 05. Terry Teene - Curse Of The Hearse (2:30) 06. The Wicked - The Spider & The Fly (2:06) 07. Electric Experience - Theme (2:23) 08. Pot Party (2:16) 09. Stu Mitchell - Acid (2:01) 10. Invisible Burgundy Bullfrog - Batman Rides Again (3:56) 11. The Intimates - I'Ve Got A Tiger In My Tank (2:16) 12. Individuals - Jungle Superman (2:53) 13. Forbidden Five - Enchanted Farm (1:55) 14. Forbidden Five - R.F.D. Rangoon (2:10) 15. Phoenix Trolley - Three Part Invention (Too Many Trees In The Forest) (2:18) 16. Randy And The Rest - The Vacuum (2:50) 17. Endless Pulse - Nowhere Chick (2:15) 18. Cosmic Rock Show - Rising Sun (2:41) 19. Call Girl (1:05) 20. The Gay Teenager (2:00) 21. My Love - Ease The Pain (2:37) 22. Mystery Track (0:35) 23. New Bang - Go Go Kitty (2:32) 24. Time Masheen - Big Black Bird (2:02) 25. Herter'S Crow Calling Record - Part One (2:43) 26. Herter'S Crow Calling Record - Part Two (2:51) 27. The Beagles - Let'S All Sing Like The Biries Sing (1:56) 28. Shaggs - My Pal Foot Foot (Unreleased Live Version) (2:30) 29. Mysterious Clown - Mysterious Clowns (2:59) 30. Oshun - Rattle Of Life (2:22) 31. The Far-Out,Underground Acid Rock Feet Of Harry Zonk - For What It'S Worth (2:51) 32. David Arvedon - Buckets Of Water (Unreleased) (4:30) 33. Bonus Track (0:19)
Vol. 2
01. James Rebel O'Leary - Rebel Star (2:23) 02. Tangela Tricoli - Stinky Poodle (2:20) 03. Miriam - In 1967 (1:34) 04. Nora Guthrie - Emily'S Illness (3:09) 05. Msr Singers - I'M Just The Other Woman (2:37) 06. William Howard Arpaia - Listen Mr Hat (2:35) 07. Harry Burgess - Chicago Policeman (3:32) 08. Phil Philips - Th Evil Dope (3:33) 09. Unknown - Mcdonald'S Funeral Home (0:50) 10. Earl Coleman - Hippy Heaven (4:56) 11. Roger Bailey - Did She Break Your Heart (1:46) 12. Rodd Keith - The Green Bug (2:43) 13. James Rebel O'Leary - South Bound 81 (2:30) 14. Buddy Max - Cheese Eating Flea Market Cowboy (2:00) 15. The World (We Wish) - Laughter Part I (2:27) 16. The Electric Lollipop - Lightning Bug (2:24) 17. Langley Schools Project - Little Deuce Coup (2:25) 18. Melvin Kaiser - Heap 'Lil Injun (2:28) 19. Uge - Mad Charles (2:15) 20. Monocles - The Spider And The Fly (2:04) 21. Lou Berrington And The African Kamp - The Kwella Stroll (2:54) 22. Sacramento City Collge Stage Band - Lsd '67 (4:14) 23. Georgie Leonard - Ernie The Narc (2:19) 24. Lost Dimension - Purple Haze (3:02) 25. Lucky Charms - Wipeout (2:42) 26. Ed Moose Savage - Gut (0:52) 27. Jim Fassett - Symphony Of The Birds Second Movement (Buffo) (3:55) 28. Don Wescott - Shimmering Glimmering Tube (7:14) 29. The Decibels - Star Spangled Banner (2:01)

Il y a quelques covers (des reprises) et les titres parlent souvent d'eux-mêmes, mais je ne connaissais presqu'aucun de ces artistes en herbe, champignons et buvards...