70 Musique - janvier 2021 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 29 janvier 2021

Dans mes enceintes... (1)


Quand Monks of Nothingness d'Olivier Laisney & Yantras démarre, je pense à ce qu'aurait fait Miles Davis s'il avait été plus inspiré à la fin de sa vie, tenté par le rap et rejoignant le trip hop qu'il avait peut-être initié. Le trompettiste, fan des modes à transposition limitée de Messiaen, est accompagné par Magic Malik (flûte, voix), Romain Clerc-Renaud (claviers, électronique), Damien Varaillon (contrebasse) et Franck Vaillant (batterie, électronique). Le mélange, jazz, homogène, prend bien, avec le rappeur Mike Ladd devenu incontournable dans l'Hexagone dès l'hybridation.


J'ai un faible pour le mélange des genres, les orchestrations hybrides, les voix parlées, alors quand je réécoute Pauca Meæ de Sylvain Daniel, je pense à Origami Harvest d'Ambrose Akinmusire. Cela n'a rien à voir, sauf qu'il y a un quatuor à cordes dans les deux, aussi mélangé à la trompette (Guillaume Poncelet) et à la batterie (David Aknin) tandis que le compositeur bassiste (qui joua jadis du cor) s'empare des claviers, de la percussion, du bugle, etc. Olivier Augrond lit le Livre IV des Contemplations de Victor Hugo. En fait, si ! Il y a des liens entre les deux disques. C'est rythmé et romantique, coloré et mélancolique, répétitif et plein de surprises. Après le précédent Palimpseste, je voudrais vraiment connaître ce qui se passera à la troisième saison...


La délicatesse du jeu de Benoît Delbecq est légendaire. Son travail en solo sur piano préparé est probablement ce que je préfère du claviériste. Son nouvel album The Weight of Light (le poids de la lumière), entre Monk et Webern, lui colle parfaitement. Travail d'équilibriste. La première fois que j'ai entendu du piano préparé, c'était François Tusques pour un disque publié par Le Chant du Monde dans sa collection Instrumental. La seconde fois, le disque Harmonia Mundi des Sonates et Interludes de John Cage m'a définitivement conquis. Je ne me lasse jamais de cet instrument. Ceux et celles qui l'utilisent ont toujours des idées très personnelles, des petits secrets de fabrication. Delbecq met souvent des petits bouts de bois dans les cordes comme des rameaux qui auraient poussé là. Sur la vidéo, des feuilles blanches cachent ses préparations comme Louis Armstrong camouflait ses doigtés sous son mouchoir. Dans quel monde vit-on ?
P.S.: Mais non, pas du tout, Benoît m'envoie un mot pour me dire que c'est un hasard du tournage, film qu'Igor Juget vient de terminer sur l'enregistrement de ce bel album, et qu'on y verra plein de gros plans sur les préparations arboricoles !


Mon cousin Serge m'a offert Mysteries, le disque du trompettiste Simon Höfele qui joue magistralement Ligeti, Jolivet, Hosokawa, Hamilton, Takemitsu, Gruber... Il m'a également envoyé une étude mathématique qu'il a réalisée sur les harmoniques de l'instrument, mais je n'y comprends pas grand chose. Si certains sont intéressés, je peux leur faire suivre.
Et puis il y a d'autres disques sur la platine, mais ça ira pour aujourd'hui. Je dois mettre les épinards à cuire sur le feu et les patates douces dans le four, en évitant les traces de doigts sur les surfaces argentées... À suivre.

→ Olivier Laisney & Yantras, Monks of Nothingness, CD Onze Heures Onze
→ Sylvain Daniel, Pauca Meæ, CD Kyudo, dist. L'autre distribution - Believe
→ Benoît Delbecq, The Weight of Light, CD Pyroclastic
→ Simon Höfele, Mysteries, CD Genuin

mardi 26 janvier 2021

Astor Piazzolla par Louise Jallu


J'avais pensé le tango comme le blues ou la valse, une musique populaire vivante. Ma discothèque arborait humblement Carlos Gardel, Anibal Triolo, Roberto Goyeneche, le Sexteto Mayor que j'allais écouter aux Trottoirs de Buenos Aires, Olivier Manoury, l'accordéoniste Richard Galliano, le Kronos Quartet ou le violoniste Gidon Kremer jouant évidemment Astor Piazzolla que j'avais découvert en 1974 grâce à son duo avec Gerry Mulligan. Mais en 1986 son époustouflant album Tango: Zero Hour avec son Quinteto Nuevo Tango me fit prendre conscience que le bandonéoniste était un compositeur contemporain et sa musique un coup de fouet salutaire dressant un pont entre la tradition et l'invention, explosant même le genre. Deux ans plus tard son Concerto et les Trois tangos pour bandonéon et orchestre confirmèrent ce sentiment...
Il y a deux ans, invité au Café de la Danse par mon camarade Raymond Sarti en charge de la scénographie des concerts, j'avais été emporté par la fraîcheur de Louise Jallu et de son quartet. C'est d'ailleurs à cette occasion que je découvris aussi le violoniste Mathias Lévy avec qui j'aurai ensuite l'immense joie de collaborer sur Questions avec Élise Dabrowski. Le premier disque de la bandonéoniste, Francesita, entérina mon enthousiasme.


Le nouvel album de Louise Jallu rend hommage à Astor Piazzolla en en proposant une lecture personnelle. Avec le compositeur Bernard Cavanna, elle réarrange le maître du tango avec autant de fougue que de délicatesse, trouvant de nouvelles articulations, de nouveaux accords, s'y plongeant corps et âme, improvisant... Des saturations et de la sirène varésienne de Libertango aux sons du métro parisien de Adiós Nonino, les deux comparses se jouent de l'orthodoxie à lui octroyant des lettres de noblesse. Avec Gustavo Beytelmann, ancien pianiste de Piazzolla, ou Médéric Collignon, au bugle sur Oblivion, le soufflet devient éventail, le passé et l'avenir se conjuguant au présent. J'ai toujours adoré que les bruits du quotidien, ici enregistrés par Gino Favotti, s'immiscent dans la musique tant la réciproque est évidente, basique. Sur Buenos Aires hora cero des bruits de pas donnent le tempo. Le claviériste Marc Benham, le contrebassiste Alexandre Perrot et Mathias Lévy nous entraînent dans la spirale. On aurait envie de laisser aller ses jambes, si le tango n'était si difficile à danser, magique, vertigineux. Une sirène de navire ouvre Los sueños, invitation au voyage. On en a bien besoin par les temps qui ne courent plus ! Les vagues s'effacent, comme tous les bruits du monde cette fois, pour un dernier bain avec Lo que vendrá où tous les musiciens entament une partie de quatre dont la passion est toujours aussi communicative.

→ Louise Jallu, Piazzolla 2021, CD Klarthe, dist. PIAS

Jacques Thollot (13 ans) avec Bernard Vitet...


7 novembre 1959. Filmé en direct par Jean-Christophe Averty, dans la cave du club Saint Germain, le tout jeune batteur Jacques Thollot (13 ans) joue le célèbre thème de Dizzy Gillespie , Night in Tunisia. Il est accompagné par Georges Arvanitas au piano, Robert Garcia au saxo ténor, Bernard Vitet à la trompette, Luigi Trussardi à la contrebasse. Avant sa prestation, Sim Copans pose au jeune batteur quelques questions auxquelles il répond timidement.

Cliquer ici pour l'extrait vidéo publié par l'INA.

Bernard racontait : "Je l'ai rencontré pour la première fois au Club Saint-Germain. Il était habillé en costume de collégien d'autrefois. Son père, un grand gaillard très extraverti qui jouait très bien du sax, était là aussi, pour le vendre. À côté de lui, Jacques avait l'air d'être un peu à côté de ses pompes, tout timide, tout pâle. Il avait alors 12 ou 13 ans. Evidemment, à cet âge-là, il n'était pas capable de conduire un orchestre. Il jouait tout comme Max Roach. Il avait visiblement beaucoup travaillé, il faisait de beaux solos mais ralentissait tous les tempos, c'était infernal. Il était très gêné par la présence de son père. Il nous regardait avec l'air de dire : « Ne faites pas attention ». Je me disais que ça allait être dur pour lui, et effectivement ça a été dur."
Dans un autre Cours du Temps du Journal des Allumés du Jazz, nous avions longuement interviewé Jacques, qui était plus qu'un batteur, un compositeur génial et un poète.
Juste avant, toujours en direct, un ensemble composé du batteur Baptiste " Mac Kac" Reilles, Georges Arvanitas au piano, Robert Garcia au saxo ténor, Bernard Vitet à la trompette, Luigi Trussardi à la contrebasse joue un thème composé par Jay Jay Johnson.
Ce matin je suis heureux de revoir et écouter Bernard, ici 17 ans avant que nous entamions une collaboration qui dura 32 ans ! J'avais retrouvé cette archive il y a 6 ans : Bernard Vitet à la télé...

lundi 25 janvier 2021

Autoportrait de Hélène Breschand


La vie est un roman, l'autoportrait sonore de Hélène Breschand, compositrice, improvisatrice et harpiste, me renvoie ses extraits comme autant de reflets de ma propre histoire. Je vais y revenir, mais d'abord je tiens à préciser que j'adore les montages radiophoniques et que celui d'Hélène, réalisé pour Radio Aligre, est extrêmement réussi, mélange de voix, de musiques, d'ambiances, journal pudique croisant le best of de ses petites madeleines. J'ai un faible pour les encyclopédistes œcuméniques, qualité qui s'ajoute à la sensibilité virtuose de la harpiste avec qui je n'ai encore jamais joué. Je l'avais engagée au Théâtre Antique lorsque j'étais directeur musical des Soirées des Rencontres d'Arles, la choisissant pour accompagner la prestation live Shadows du photographe Hiroshi Sugimoto... Si la belle tisse avec patience et passion sa tapisserie, chaîne et trame de cordes tendues et détendues, comme Pénélope dans l'Odyssée, elle est bien la magicienne Hélène au destin inexorable, mythologie savamment cuisinée à la sauce orphique.
Concordances qu'en corps dansent quand cordes anse... Hélène ouvre donc le bal avec les Shadoks dont j'ai eu un temps la chance de composer la musique pour Jacques Rouxel, et c'est par la clé Laborintus II de Luciano Berio que je suis entré en musique contemporaine. J'eus aussi la chance de travailler sur scène avec Claude Piéplu, d'entendre la voix d'Alain Resnais dans mon combiné téléphonique en bakélite, d'être présenté à Jeanne Moreau un soir à minuit au Napoléon, d'assister à la plus belle symphonie batracienne de ma vie à Nong Khiaw au Laos, le cinéma m'a livré sa syntaxe elliptique... Il faut tant de morceaux de miroirs brisés pour réfléchir le puzzle d'une vie, jeu d'échecs du Septième sceau où seuls sont épargnés les baladins. Mais c'est en entendant Domenico Modugno chanter les paroles de Pier Paolo Pasolini dans son sublime court métrage Que cosa sono le nuvole ? que mon cœur a chaviré. Il clôt cet autoportrait, exercice de sorcellerie qui, comme toute œuvre, est réussi dès lors que l'auditeur, le spectateur ou le visiteur peut se l'approprier.

jeudi 21 janvier 2021

Quand Morricone et Nicolai construisaient l'imaginaire


J'écoute plein de trucs super en ce moment. Que faire d'autre le soir lorsqu'on est seul, cloîtré par la faute des nuisibles qui nous gouvernent à part lire ou regarder des films ? Inutile de rappeler les albums que j'ai récemment chroniqués dans cette colonne. Par exemple, à l'instant vous pourriez entendre Dimensioni Sonore: musiche par l'immagine sonore et l'immaginazione, coffret de 10 CD de Ennio Morricone & Bruno Nicolai de 1972, réédité en 2020 (tirage limité à 200 ex.). Cinq chacun. Si l'autre coffret de 10 CD, tout aussi rare, The Ennio Morricone Chronicles (tiré en 2000 à 500 ex. avec, entre autres, plus d'une centaine d'arrangements de chansons populaires), m'avait épaté, ses pièces contemporaines ne m'avaient pas convaincu. Je dois aujourd'hui réviser ma position. Ces pièces orchestrales conçues ici comme un catalogue de musique illustrative sont inventives, surprenantes, sans que l'on ressente pourtant le besoin d'images. Le compositeur romain a bouleversé l'histoire de la musique de film, mais il a aussi validé l'intégration d'instruments populaires comme la guitare électrique, l'harmonica ou la guimbarde à l'orchestre symphonique.


Excellente idée de l'avoir associé à son ami très cher, Bruno Nicolai, autre spécialiste des western spaghetti et des giallo. Leurs compositions à tous deux sont épatantes, musique évocatrice débordant d'imagination sans que l'invention n'empêche la théâtralité, orchestrations vivantes rappelant parfois l'improvisation ou anticipant les répétitions de l'électro.
Je me souviens de l'émotion de ma fille qui chantait Micaela dans l'adaptation de Carmen par l'Orchestra di piazza Vittorio au Teatro Olimpico di Roma lorsqu'elle apprit que Morricone était assis avec sa femme au troisième rang ! C'est probablement l'un de ses souvenirs les plus renversants, avec l'enthousiasme de Robert Wyatt pour sa reprise de Alifib. Il est dommage qu'il n'y ait aucune trace publique de cette version musique du monde de l'opéra de Bizet, l'arrangement de Leandro Piccioni, pianiste soliste de Morricone, et Mario Tronco prenant des libertés forcément séduisantes pour le maître !...


Mon euphorie ne se tarit pas en découvrant les dix CD des deux amis romains qui ont souvent collaboré. Nicolai est mort à 65 ans en 1991, Morricone l'a rejoint il y a six mois à 91 ans. Qui pourrait prendre la relève si ce n'est les jeunes musiciens qui font fi des étiquettes et construisent sans cesse des nouveaux mondes ? À condition que la gestion de la crise ne les assassine pas corps et biens.
Auparavant j'avais profité d'une ribambelle d'excellents albums parus récemment. On en parle bientôt...

mercredi 20 janvier 2021

27 jingles à la gloire du CD


À l'initiative des Allumés du Jazz, plusieurs dizaines de musiciens et leurs camarades ont enregistré 27 jingles pour clamer leur attachement au format CD. Je vous laisse découvrir qui sont-ils et ce qu'ils défendent. Ils offrent leurs enregistrements gracieusement, en toute solidarité, aux stations de radio qui partageraient leur goût pour la musique et souhaiteraient les diffuser. À l'origine, l'association, qui regroupe une soixantaine de labels de jazz, musiques improvisées ou tout simplement inventives, avait publié un sympathique fascicule de 4 pages, Le CD a ses charmes, en supplément du numéro 39 de leur célèbre Journal, le tout illustré par l'excellent Zou.

Chacun des neuf textes imprimés a ainsi été interprété par trois artistes différents, en solitaire ou en groupe. Chacun/e dut choisir entre Plaisir du geste, La culture c’est physique !, Froid le CD ?, Small is beautiful, Un moyen durable, Qui veut streamer des millions ?, Mercy mercy me (the Ecology), Disquaires par cœur, S’aider sans céder ses CD. Je me suis moi-même prêté au jeu en composant un petit cut-up au clavier accompagnant mon numéro d'allumé patenté.


Je ne vais pas rappeler ici les excellents arguments mettant les CD à l'honneur, puisqu'on peut les écouter en musique ! Sur la page du site où figurent les 9 x 3 jingles, s'affiche le texte de chaque annonce illustrée par Zou. Je suis curieux de découvrir au hasard de mes écoutes quelle station s'emparera de cette campagne salutaire. Radios nationales (les officielles), radios privées (les commerciales) ou radios libres (la résistance) ?

Évocation de Frank Zappa sur Art District Radio


Il y a quelques jours Serge Mariani invitait Jean Luc Ponty, Jimi Drouillard, Thierry Maillard et moi-même à évoquer Frank Zappa sur Art District Radio... La bonne adresse du podcast est https://artdistrict-radio.com/.../jaa.../speciale-zappa-1943
Pour ma part j'étais très ému de rencontrer Jean-Luc Ponty en direct du Texas où il réside (nous étions tous en visio) ; je ne l'avais pas revu depuis le 15 décembre 1970 au Gaumont Palace. Le lendemain, j'ai eu le plaisir de lui envoyer l'enregistrement du concert du Festival de Biot-Valbonne, que j'avais réalisé quelques mois plus tôt, alors qu'il jouait avec FZ, Alby Cullaz et Aldo Romano. J'avais emprunté l'ampli Marshall de Patrick Vian (Red Noise) pour Frank qui était venu seul avec sa guitare et rassemblé les musiciens pouvant jouer avec les deux "Américains".
À l'époque le disque King Kong où Ponty jouait la musique composée et arrangée par Zappa était une référence absolue pour nous. Le violoniste était accompagné par George Duke, qu'il avait fait connaître à Zappa, Ian Underwood, Ernie Watt, Gene Estes, Buell Neidlinger ou Wilton Felder, Art Tripp ou John Guerin...

vendredi 15 janvier 2021

De l'aventurier, du passeur et de l'inventeur, c'est Bernard qui me manque le plus...


Ce fut la dernière apparition de Bernard Vitet en public. Il mourut cinq ans et demi plus tard d'insuffisance respiratoire. Nous avions collaboré quasi quotidiennement pendant trente deux ans. Je n'ai passé autant de temps avec personne d'autre. C'était mon meilleur ami. Lorsque nous ne passions pas toute la journée à travailler, nous parlions des heures au téléphone, refaisant sans cesse le monde. Je rêverais de lui faire entendre chaque nouvelle pièce, découvrir ce que produisent les nouvelles générations, et discuter avec lui du jeu de massacre que le Capital nous impose. Il braverait le couvre-feu au guidon de son Solex ou de sa Harley. Il était monté en puissance en avançant dans le siècle. Avec mon père, Jean Birgé, et mon maître, Jean-André Fieschi, il forme un triumvirat dont la culture générale permettait toutes les outrances. Cet aventurier, ce passeur et cet inventeur m'ont appris à penser par moi-même. Bernard avait toujours une interprétation différente de la réalité. C'est celui des trois qui me manque le plus...

FRANÇOIS TUSQUES ET BERNARD VITET, DUO PERMUTANT
Article du 2 décembre 2007

Concert très émouvant vendredi soir à Montreuil où François Tusques jouait en duo avec Bernard Vitet dans le cadre des Journées Approxcinématives "Free Jazz / oreille Cinéma / iconophonies déconstructives ". Bernard, qui ne peut plus jouer de trompette à cause de ses problèmes dentaires, avait apporté sa trompette à anche (une trompette piccolo en si bémol aigu à quatre pistons avec un bec de saxophone sopranino) et son Reggy (un synthétiseur à pad sensitif construit il y a trentaine d'années par son cousin). François tissait une trame de notes grapillées s'enchevêtrant avec les sons électroniques. L'osmose était parfaite, y compris lorsqu'ils intervertirent les rôles, Bernard passant au piano et François au Reggy ! François dit que le synthétiseur produit un peu ce qu'il a toujours cherché, un habile équilibre entre l'écrit et l'aléatoire. Les notes rebondissaient dans tous les sens comme le vacarme des oiseaux virevoltant le soir en essaim, assourdissant tintamarre envahissant certains arbres appréciés par les passereaux, pour une musique naviguant entre free jazz et Ligeti.


Beaucoup d'anciens s'étaient déplacés pour écouter les deux septuagénaires, mais le peu de jeunes gens présents m'appparut angoissant. Je comprends aussi mieux Bernard qui a toujours évité de se retrouver au milieu de ses vieux potes, parce que cela lui "flanquait les moules", les mollusques collés à la proue des navires les empêchant d'avancer. L'âge du public est une question préoccupante. Les musiciens des nouvelles générations s'intéressent-ils si peu à ce qui s'est fait auparavant et à ce qui les a façonnés, souvent malgré eux ? Le concert de vendredi montrait une approche électro tout à fait originale et juvénile qui tranchait avec le tout venant à la mode.
Hier, nous assistâmes à la projection de trois films parmi la somptueuse programmation de Patrice Caillet : Archie Shepp au Panifrican Festival d'Alger avec Alan Silva qui jouait également ce soir, Sunny Murray, Clifford Thornton et Grachan Moncur III, filmés par Théo Robichet en 1971 rappelait l'enracinement du jazz en Afrique et le combat des Black Panthers, ''Don Cherry'', le film de 1967 de Jean-Noël Delamarre, Nathalie Perrey, Philippe Gras et Horace, mettait en scène la face "Peace and Love" de l'époque, et le film sur Un Drame Musical Instantané tourné en 1983 par Emmanuelle K pour la chaîne de télévision pirate Antène 1 montrait la liberté qui soufflait encore alors sur la création...

mardi 12 janvier 2021

Joce Mienniel rêve la pop


The Dreamer n'est pas un disque de flûtiste, mais celui d'un compositeur qui rêve de pop. Par pop, entendre que le rock est une musique plus populaire que le jazz ou la musique improvisée. Il n'empêche que la flûte de Joce Mienniel tinte le son de son nouveau groupe d'une couleur céleste qui s'intègre merveilleusement au métal de ses influences pinkfloydiennes seconde manière. La première était plus psychédélique, mais là il y a le muscle de ce qui fit le succès du groupe anglais dont Joce reprend d'ailleurs le tube Money. Et puis il chante, il chante feutré, mais il chante, en anglais, des mots de tristesse. Ils s'évaporeront lorsqu'une femme lui prendra la main dans une inattendue mise à nu ; les photographies de Cédric Roulliat laissent pantois, entre Orphée, fidèle insouciant, et la trivialité d'Œdipe. Planante et affirmée, la musique s'envole en volutes répétitives jusqu'à la reprise du thème de Michel Nyman pour le film Meurtres dans un jardin anglais. Pas de crime ici, mais un hommage assumé à la puissance électrique de la pop. En ajoutant son synthétiseur Korg MS20 (comme on peut aussi l'entendre sur notre collaboration Game Bling avec Eve Risser et mon récent album Pique-nique au labo), en s'associant au claviériste Vincent Lafont (qu'il a longtemps cotoyé au sein de l'ONJ période Yvinec), au guitariste Maxime Delpierre et au batteur Sébastien Brun (tous deux entendus, entre autres, avec Jeanne Added), Joce Mienniel produit ce son de groupe qui fait la particularité du rock face aux discours solistes des jazzmen. En 2012 ses Paris Short Stories lui permettaient de s'approprier les standards de notre époque avec une originalité de timbres inédite. En 2016 sur Tilt, déjà avec Lafont et Brun, il continuait à jongler avec le rock et les trouvailles à la Morricone. Il est logique que, quatre nouvelles années plus tard, son style s'affirme encore une fois, un truc addictif, suffisamment riche pour tourner en boucle sur la platine.
Comme Sylvaine Hélary, Joce Mienniel dresse un pont entre ce qui est assimilé au jazz et la pop. Sur d'autres projets, comme pour Naïssam Jalal, les musiques extra-européennes lui rappellent les origines ancestrales de son instrument. Comme leurs homologues qui ont choisi les bois (clarinettes, basson), les cordes (violons, violoncelles) ou la percussion, ces virtuoses de la flûte précisent une caractéristique hexagonale qui se démarque des Anglo-saxons plus branchés par les saxophones, les guitares électriques ou la batterie. Mais quel que soit l'instrument, les nouvelles générations de musiciens français affirment de plus en plus un courant novateur et inventif, indéfinissable parce qu'ils réfléchissent la variété et la richesse de nos paysages continentaux, un œcuménisme qu'il s'agit de défendre contre les coups de butoir d'une industrie multinationale phagocytée par les États Unis. Aucun nationalisme évidemment dans mon propos, mais le désir de marier ses propres racines aux grands mouvements planétaires. La musique classique et la pop anglaise sont facilement décelables chez ce rêveur, travailleur acharné qui nous fait partager ses trépidants fantasmes oniriques.

→ Joce Mienniel, The Dreamer, CD Drugstore Malone, dist. L'autre distribution, sortie le 5 février 2021

mercredi 6 janvier 2021

Le temps de la musique, le temps du politique


Le numéro 40 du Journal des Allumés du Jazz est à la hauteur des précédents, toujours aussi riche et passionnant. Il est d’autant plus indispensable que l'ancestral Jazz Mag est dévoyé par un rédacteur-en-chef paranoïaque qui n’a rien trouvé de mieux que de censurer les labels, en l’occurrence GRRR et nato, dont les producteurs auraient eu l’outrecuidance de critiquer ses couves et articles vintage au détriment de la scène vivante. C'est cocasse lorsqu'on sait que son prochain numéro est censé évoquer la résistance ! Drôle de conception de la presse et belle manière d'enterrer une revue que plus grand monde ne lit, et pour cause. Époque pitoyable comparée à l'ouverture d'esprit de son ancien rédac'chef, Philippe Carles. Cela rappelle aussi les "canons" de Télérama à l'époque où Jean Wagner y sévissait, ils équivalaient à la consécration suprême... Quant à Jazz News, il semble emboîter le pas à Jazz Mag depuis qu’il a été racheté par le même propriétaire, Édouard Rencker, PDG du groupe Makheia. La presse musicale est véritablement sinistrée, tous genres confondus, et la presse généraliste a perdu presque toutes ses colonnes qui étaient dédiées à la musique. Il reste quelques journalistes qui savent écrire, mais leur espace d'expression est une peau de chagrin.

Allumez donc la mèche, et cette fois, la rubrique Encyclopédie d’Albert Lory analyse les termes résilience, présentiel, distanciel et process, illustrés par Matthias Lehmann, Edith, Julien Mariolle et Gabriel Rebuffelo. Rappelons que ce journal « gratuit, à la périodicité diablement aléatoire » sollicite la participation de nombreux auteurs de bandes dessinées. Suivent cinq pages et demie intitulées Le temps de la musique, le temps du politique, témoignages passionnants et réveillés recueillis par Pierre Tenne et Jean Rochard avec Éric Beynel, Billie Brelok, Jean-Louis Comolli, François Corneloup, Gilles Coronado, D’ de Kabal, Élise Dabrowski, Denis Fournier, Antonin-Tri Hoang, Naïssam Jalal, Caroline Lemière, Frédéric Maurin, Fanny Ménégoz, Jacky Molard Quartet (Hélène Labarrière, Yannick Jory, Janick Martin, Jacky Molard), Basile Naudet, Jean-François Pauvros, Nicolas Souchal, Yoram Rosilio, Christian Tarting, Léa Trommenschlager, illustrées par Emre Orhun, Sylvie Fontaine, Andy Singer, Zou et les photographies de Jean-Pierre Levaray et Guy Le Querrec. Serge Adam remet les concerts sans public en perspective, illustration de Rocco. En demandant "Faut-il aller plus vite que la musique ?", le communiqué des Allumés pose les questions que le Centre national de la Musique fraîchement créé évacue : disques, petites structures, numérisation à outrance, droits d'auteur, empreinte carbone... Partout Le Tamis de l'essentiel fait froid dans le dos. Thierry Alba dessine le vertige. Jean-Brice Godet aborde La musique au temps du corona et s'entretient avec Raphaëlle Tchamitchian, Matthieu Malgrange, Félicie Bazelaire, Alexandre Pierrepont, Nawel Benziane, Timothée Quost, Mathieu Schoenahl, Anouchka Charbey, Julien Courquin, illustrés par Johan De Moor. En intro, il rappelle un texte prémonitoire de Marc Moulin, Big Brother de 2003 ! Le premier confinement a mis le Système D à l'honneur, mais le second a mis à mal le volontarisme. Changer ses habitudes est une bonne chose pour un artiste, à condition qu'il puisse exercer son art du partage. Pour The Healing Force, Jean Mestinard interroge les doutes de Paul Wacrenier photographié par Philippe Clin. Jazz Police, un intermède (L)BD de Pic et JR qui rappelle que la confrontation ne date pas d'aujourd'hui. Efix tire le portrait du Gredin, neuf et fringant syndicat des disquaires indépendants avec Julie David, Christophe Ouali et Yves Plouhinec interrogés par Allumette. On est à la moitié du canard et on a déjà passé plusieurs heures à le décortiquer. Il reste pourtant plus de chair sur la carcasse que la somme des numéros de Jazz Magazine de l'année !

Reprise de Jean-Brice Godet qui s'est intéressé au DOC, le Doigt dans l'Oreille du Chauve, un conglomérat d'activités résistantes en Normandie. La Bretagne n'est pas en reste, Gaby Kerdoncuff évoquant ses Échos-sillons, six maisons de disques et une ribambelle de musiciens et producteurs qui d'habitude "résisdansent" en se fichant du centralisme. Laurel fait sauter les disques comme des crêpes. Yec'hed mat ! Illustré par Anna Hymas, le texte de Jonathan Thomas, membre du CRAL (EHESS), évoque Des disques politiques historiques, avec la figure, inattendue pour certains, de Jean-Marie Le Pen ! Je précise que la SERP ne possédait pas que des enregistrements d'extrême-droite, mais aussi les droits des discours de Lénine, peut-être pour mieux faire passer la pilule ? Reprise de Pierre Tenne qui recense les encyclopédies du Net (Wikipedia, Discogs, Bandcamp...) pour un Saint Thomas Swing illustré par Nathalie Ferlut. L'inénarrable Pablo Cueco, soutenu par Johann de Moor, dévoile Les abîmes du complot ("Protégez-nous de ceux qui veulent nous sauver", Livre du Deuxième Confinement). Il est aussi l'auteur d'un rébus diabolique avec Denis Bourdaud. On retrouve le médecin-urgentiste Mohamed El Khebir, présent dans le numéro 39, évoquant le ras-le-bol du nouveau confinement, avec Zou se prenant pour Van Gogh. Terminons avec les nouveautés, parce que les Allumés ce sont aussi des centaines et des centaines de disques formidables vendus sur leur site. J'apprécie évidemment la chronique de mon Pique-nique au labo par un certain T.C. avant les dernières étincelles d'Allumette par Efix et Jiair et la photo de Le Querrec commentée cette fois par Antoine Péran.

Ce n'est pas tout ça, j'ai mon ménage à faire. J'espère ne pas vous avoir saoulés avec cette distribution digne d'un générique de film hollywoodien, mais il y a là plus qu'à boire et à manger. C'est du roboratif ! Alors d'ici le prochain numéro, abonnez-vous, c'est gratuit ! À moins que vous ne préfériez soutenir...

lundi 4 janvier 2021

Étienne Brunet apprivoise le confinement à la clarinette basse


D'Étienne Brunet, en 2011 j'écrivais : " Étienne Brunet accouche d'un nouveau concept, comme chaque fois, avec les forceps. Fidèle qu'à lui-même, il reproduit les gènes d'un autre médium pour sortir du noir et crier rage ou désespoir. Pendant un an il aura creusé une ribambelle de logiciels de son et d'image pour faire naître son projet inspiré d'un roman à paraître. Quand cela ? On ne sait jamais. Tinnitus-Mojo est son histoire, celle d'un musicien qui a perdu l'audition d'une oreille et se lance éperdument dans la quête infinie des nouvelles technologies pour retrouver sa forme, ou, à défaut, l'inventer. " Étienne, rencontré il y a de 40 ans lorsqu'il jouait dans le trio Axolotl, a toujours choisi d'appuyer son art sur des concepts, qu'il enregistre Postcommunism Atmosphere avec Corneliu Stroe et Laurent Saiet, La légende du Franc Rock and Roll avec Saïet, Benjamin Ritter, Erick Borelva, Christophe Minck et Paul Rogers, Free/bifteck avec Daunik Lazro, Daniel Mille, Thierry Madiot, Borelva, Camel Zekri, Hubert Dupont, Julien Blaine et Fred van Hove aux grandes orgues avec qui il commet également Improvisations, ou Tips (Tribute to Steve Lacy) avec un petit ensemble, et bien d'autres albums où il saisit chaque fois l'essence-même de chaque culture, d'abord en CD, puis de plus en plus sur Internet, médium qui convient à ses élucubrations psychédéliques audiovisuelles. Ses livres, parce qu'il écrit comme il souffle, sont des disques de papier, rythmés et sonores. Isolé comme tous les artistes atypiques, seul comme tant de garçons de son âge égarés sur la Carte du Tendre, il lui a fallu composé avec le confinement.


Il a enfourché sa clarinette basse, fidèle Rossinante, et il a joué chaque jour des deux confinements, sur son balcon au printemps, dans sa chambre cet automne. C'est roots, enregistré à l’arrache avec son téléphone, mais ensuite réintégré à des images vidéographiques. Son passé de technicien à Canal+ lui aura peut-être servi à apprivoiser les machines. Dans le passé j'ai parfois joué avec Étienne, en trio avec son fils Léo à la Gameboy qui depuis est passé à la guitare baroque, au luth et au théorbe, en quartet avec Nicolas Clauss et Éric Échampard ; Étienne jouait alors du sax alto et de la cornemuse !


Étienne Brunet ne s'arrête jamais de défricher des territoires qu'il ne connaît pas, meilleure méthode pour ne pas s'endormir. De toute manière, comme tous les grands productifs, il meuble ses insomnies. On le retrouve à Bangkok avec un groupe thaïlandais, à Berlin avec le violoncelliste Tristan Honsinger, à Lisbonne dans un grand ensemble d'improvisateurs, commémorant Pierre Barouh qui fut longtemps son producteur dans un orchestre Saravah, avec les Africains Djeour Cissokho, Mamadou Faye et le groupe Allalaké ; il s'est aussi formé à l'écriture symphonique et collabore avec le plasticien Fred Sapey, avec les poètes Julien Blaine et Jacques Donguy...
Après l'ancien, Étienne vient de mettre en ligne son nouveau site, d'une grande richesse et profondeur. Le système, même dans ses marges, isole stupidement les compositeurs comme lui, travailleur acharné en liaison directe avec son temps, prêt à y laisser sa chemise, sa peau et son âme. Le succès est un concept absurde pour les explorateurs. Ce sont les risques qui donnent toute la saveur à la vie, car le chemin est toujours plus excitant que la destination.

vendredi 1 janvier 2021

Pique-nique au labo dans Revue & Corrigée


Agréable manière de commencer l'année avec un article de Pierre Durr dans le n°126 de Revue & Corrigée (décembre 2020) à propos de mon dernier album sorti chez GRRR (dist. Orkhêstra, Les Allumés du Jazz et Bandcamp).

JEAN-JACQUES BIRGÉ
PIQUE-NIQUE AU LABO
GRRR, 2xCD, 2031-32 – 2020

On retient l’idée. En ces temps de confinement, on nous interdit d’aller rendre visite à nos amis. En revanche, on peut travailler. Alors pourquoi ne pas aller dans un studio d’enregistrement, bien sûr pour travailler, mais aussi pour rencontrer d’autres personnes ? Et la musique, c’est aussi le partage d’un savoir-faire et d’émotions que l’on communique aux auditeurs... Certes, ce double enregistrement n’a pas été réalisé lors des confinements : la chronologie des 22 titres (d’octobre 2010 à décembre 2019) n’inclut pas l’année 2020... Mais ouvre une piste (c’est le cas de le dire) pour contrer les interdictions de sortie. Tout au long de ces dix dernières années, Jean-Jacques Birgé a donc accueilli pour chaque titre, ici présenté, une ou deux personnes, histoire d’enregistrer ensemble. Car pour paraphraser Guigou Chenevier, le musicien est le meilleur ami du musicien*. ll est vrai qu’en son temps, Un Drame Musical Instantané ouvrait lui aussi la porte à d’autres musiciens**. Pour ce Pique-Nique au Labo, la plupart des invités sont français, ou tout du moins résidents : violoncellistes (Vincent Segal, Karsten Hochapfel), violonistes (Mathias Lévy, Jean-Francois Vrod), saxophonistes ou clarinettistes (Antonin-Tri Hoang, Sylvain Rifflet, Alexandra Grimal, Jean-Brice Godet), guitaristes (Julien Desprez, Hasse Poulsen, Christelle Séry), batteurs et/ou percussionnistes (Edward Perraud, Samuel Ber, Linda Edsjö, Sylvain Lemêtre), vocalistes (Birgitte Lyregaard, Médéric Collignon), accordéoniste (Pascal Contet), platiniste (Amandine Casadamont), et quelques autres encore à la basse, aux flûtes, etc. Cette somme vous plonge dans des effets euphorisants (« Improvisation »), vous entraîne dans des ritournelles déjantées (« Sur trois pattes »), dans des ambiances tour à tour tendres, espiègles, savoureuses (« Je pense a ton cul »), déconcertantes (« La Patience de la dame »), entourées de mystérieux halos (« Sous Surveillance », « Masked Man »), de rires et de parenthèses conviviales (« Soyez extravagant », ou l’intro de « Accretion »), épisodiquement plus lugubre (« In Total Darkness »), sans oublier quelque référence à des tragédies (les détonations et tirs dans une ville assiégée in « Dans l’Œuvre et hors d’œuvre »***). Au-delà du choix et de la variété des sonorités et couleurs mises en jeu, le souci de la continuité et de la progressivité permet à cet enregistrement d’éviter l’écueil des compilations disparates — sachant toutefois que ces 22 pièces ne sont que des éclats scintillants issus d’une vingtaine d’albums (parmi 60 autres !) numériques conçus ces dix dernières années, et disponibles sur drame.org.

* Guigou Chenevier, Le Batteur est le meilleur ami du musicien, in PolySons, 2003.
** Voir Urgent Meeting, GRRR, 1991, et Urgent Meeting 2 : Operation Blow-up, GRRR, 1992.
*** On pense à « Starry Night » de Mazen Kerbaj.