70 Musique - janvier 2022 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 28 janvier 2022

Sur la piste du trio Tatanka... et du démon


J'ai commencé par écouter Forêts, le second album du trio Tatanka, en pensant que c'était un excellent rejeton du groupe Soft Machine meilleure époque. Et puis, chemin faisant, dépassant les orées et m'enfonçant dans les sous-bois, je me suis laissé guider par la trompette d'Emmanuelle Legros qui a écrit presque toutes les compositions, le piano électrique de Guillaume Lavergne et la batterie de Corentin Quemener. Ici et là ils ont semé des petits cailloux qui me font prendre l'école buissonnière.
Depuis la mort de Bernard Vitet j'avoue que peu de trompettistes ont grâce à mes yeux. Il leur manque souvent le velouté du bugle et la syntaxe de ceux qui s'expriment en chuchotant. Or les mélodies d'Emmanuelle Legros animent merveilleusement broussailles et frondaisons. Ailleurs le piano-jouet et le synthé MS-20 apportent la fraîcheur de l'enfance, comme de petites clairières que le soleil allume. Cette musique gaie et charmante, pleine d'entrain, pousse à la rêverie. La pochette suggère un étang. Comme je l'ai raté, je repose le disque sur la platine en espérant cette fois le découvrir...


D'autant que hier soir je regardais celui du Démon, un film féérique de 1979 de Masahiro Shinoda digne de Miyazaki, musique de Isao Tomita, et il avait fallu cette fois monter jusqu'en haut de la montagne pour découvrir les yōkai qui s'y meuvent avec l'onnagata Bandō Tamasaburō V dans le double rôle de Yuri et de la princesse Shirayuki. Ça déborde, à grand renfort d'effets spéciaux... J'ai toujours aimé les effets "spéciaux" !



→ Tatanka, Forêts, CD La Bisonne, 13,68€, sortie le 25 février 2022
→ Masahiro Shinoda, L'étang du démon, DVD / Blu-Ray Carlotta, sortie le 15 février 2022

jeudi 27 janvier 2022

Jazz On A Summer's Day


Le générique s'ouvre sur un sublime trio de Jimmy Giuffre au ténor avec Bob Brookmeyer au trombone et, hors-champ, le guitariste Jim Hall. Leur répond la sirène d'un navire dans le port de Newport. Nous sommes en 1958. Le photographe Bert Stern filme le festival entrecoupé de scènes estivales et de plans sur les spectateurs. En titrant Jazz On A Summer's Day Stern annonce la couleur. La copie est belle. Thelonious Monk, Henry Grimes et Roy Haynes se retrouvent au milieu des régates. Comme Sonny Stitt et Sal Salvador. Pas le temps de s'attarder. Le programme est costaud. Anita O'Day entame Sweet Georgia Brown et scate en chapeau à plumes et gants blancs. Certains amateurs de jazz seront frustrés, mais les scènes documentaires sont sonores, filmées pas seulement pour leur cadre. Dixieland en vieille voiture, enfants sur balançoires. C'est le portrait d'une époque. Probable que Stern n'y connaît rien en jazz. Il ne prend pas le temps de filmer Miles Davis, mais on a droit au George Shearing Quintet. Heureusement suit Dinah Washington. La musique est là, le réalisateur préfère souvent regarder ceux qui dansent ou écoutent. La nuit est tombée. Gerry Mulligan avec Art Farmer, David Bailey et Bill Crow jouent Salt Peanuts. Le Newport Blues Band accompagne Big Maybelle. Les sièges vides se sont remplis. Le monteur Aram Avakian cosigne le film. On se demande ce que Chuck Berry est venu faire là avec son Sweet Little Sixteen, mais cela ne gâche rien et le public est content. Le flûtiste du Chico Hamilton Quintet est Eric Dolply, youpi ! Un solo espagnolé du guitariste Dennis Budimir précède celui, tout en nuances, du batteur aux mailloches. Louis Armstrong fait un peu trop le zouave, raconte des blagues, cela me donne un peu l'impression d'uncletomisme. Après il chante et joue, c'est Satchmo ! Stern s'attarde cette fois au milieu du mezzé jazzy. On enchaîne enfin avec Mahalia Jackson, deuxième plat de résistance du film... Jonathan Rosenbaum en parle comme probablement le meilleur film sur le jazz. Il y en a d'autres sur des musiciens en particulier, mais Jazz On A Summer's Day a quelque chose d'universel.



L'image et le son ont été rénovés. C'est superbe. En dessert, Carlotta offre Original MadMan, un long documentaire sur le travail photographique de Bernt Stern, célèbre pour ses 2571 clichés de Marilyn Monroe peu avant sa mort, réalisé par Shannah Laumeister, son épouse de quarante ans sa cadette. On a évidemment droit au cliché du photographe de mode fasciné par les femmes, mais on s'en échappe heureusement un peu lorsqu'il évoque son travail pour la publicité et pour Vogue. Ajouter un court entretien, des planches-contact de musiciens présents à Newport comme Jack Tiegarden, des photos d'Armstrong...

→ Bert Stern, DVD ou Blu-Ray Carlotta, 20€, sortie le 15 février 2022

mercredi 26 janvier 2022

Ça qui est merveilleux


En cette période sinistre où nos mines sont aussi grises que le ciel, l'humour est salvateur. Lorsqu'il est servi sur un plateau aux traits incisifs et couleurs chatoyantes de la graphiste Trax, on saute dessus toutes oreilles jointes, histoire de fuir le tunnel viral. Pourtant il n'y a rien de plus actuel que les préoccupations de la chanteuse Dominique Fonfrède dans ses phrases sensiques, émotionnelles ou absurdes, la bouche pleine de borborygmes et d'onomatopées. Ça dévore. Idem pour le piano préparé de Françoise Toullec. Id (ça en latin) aime. Ça aime, Ça qui est merveilleux. Dans la langue de Beckett qui inspire cette fois encore le duo, après Dramaticules, leur premier disque, ça se dit Oh this is a happy day. Ça sort de Oh les beaux jours !, une pièce de théâtre tragi-comique où Winnie est enterrée jusqu'au cou et s'enfonce peu à peu. Ça est à l'origine des choses que nous sommes. Qu'on nous sonne, le diable est dans les détails et les deux musiciennes y plongent corps et âme. Dans la harpe du piano, dans les petits riens du quotidien, plus dingue que le réel. Telles leurs cordes, si bien préparées que les deux filles peuvent se laisser glisser à l'improvisation comme ça leur chante. Il faut les voir aussi en concert ! Mais ici l'image est inscrite sur la galette. Fonfrède textualise, Toullec compose, et nous, nous compostualisons sur le chemin qui mène à la folie du monde. Y a de quoi rire ! Jaune, fou, éclaté. Merveilleux, sans aucun doute. Ah Ça oui !

→ Dominique Fonfrède & Françoise Toullec, Ça qui est merveilleux, CD GRRR, dist. Orkhêstra

lundi 24 janvier 2022

Uncle B!M


Si la pochette de 4:06 AM, le CD d'Uncle B!M est un peu avare d'informations, leur site regorge de vidéos, bios, etc. "Trombone, basse, batterie" ne laissait pas présager de ces paysages sonores et climax qu'ils atteignent tout en maintenant le groove. La musique du trio marseillais est mélodique avec une bonne maîtrise des effets électroniques, proche de celles de leurs cousins scandinaves. Le tromboniste Bastien Ballaz fabrique des boucles planantes sur son petit clavier, on sent la guitare sous la basse de Jérôme Mouriez et le batteur Denis Frangulian exploite les espaces qu'offre son logiciel. Ils revendiquent les influences de la scène rock progressive anglaise et celles de la pop moderne américaine, mais ils sont jazz, si on accepte que le terme a muté en colonisant la planète. C'est agréable, tendre et dynamique, moderne comme on dit des choses qui tournent autour de la mode.



→ Uncle B!M, 4:06 AM, CD Stomp Mix Switch, dist. Inouïe, 14,13€, sortie le 18 février 2022

vendredi 21 janvier 2022

The Human Seasons


The Human Seasons est le titre d'un poème de Keats. Le pianiste Gustavo Beytelmann et le DJ producteur Philippe Cohen Solal l'ont adopté pour leurs quatre improvisations thématiques. Ils ont commencé par le printemps pour représenter ainsi les quatre âges de la vie. Vivaldi n'a pas fait autrement. Leur version est plus douce, toute en nuances. Elle ne plaira pas autant à Eliott parce que la fougue incroyable du maître vénitien correspond mieux à ses 4 ans. Je ne sais pas où j'en suis moi-même, empilant les strates géologiques du temps comme un feuilleté quantique. J'imagine que le pianiste argentin et le musicien du Gotan Project sont de cette eau, mélangée au gré des courants. Les mélodies du premier inspirent des ambiances naturalistes au second qui ajoute ici ou là des voix comme celle d'Ingrid Bergman dans Sonate d'automne ou de Christopher Ettridge récitant le poème de John Keats. Aucune virtuosité démonstrative, juste une sincérité extrême, à l'épreuve du temps. Loin des pianos bavards, il n'y a que Solotude, le dernier disque d'Abdullah Ibrahim, qui respire aussi profondément. The Human Seasons est le genre de disque qu'on remet aussitôt qu'il semble terminé, comme les saisons qu'on espère revoir encore longtemps...

→ Gustavo Beytelmann & Philippe Cohen Solal, The Human Seasons, CD ¡ Ya Basta ! Records, dist. Believe, 10€, sortie le 4 février 2022
→ Abdullah Ibrahim, Solotude, Gearbox Records CD 19€ / LP 35€, dist. The Orchad

lundi 17 janvier 2022

Variations Volodine, saga opératique de Denis Frajerman


La Volte, éditeur entre autres d'Alain Damasio et Sabrina Calvo, publie un coffret de 6 CD de Denis Frajerman autour de l'œuvre du romancier Antoine Volodine, accompagnés d'un petit fascicule. En outre un code permet de télécharger l'ensemble des 6 albums si on souhaite en profiter dématérialisé (sauf que cela ne marchait pas quand j'ai essayé).
Chronologiquement tout commence avec Quatre poèmes en prose d'Antoine Volodine enregistrés en 1994 pour France Culture. Treize minutes où l'auteur est accompagné par Frajerman (bandes, claviers), Régis Codur (gt), Eric Roger (tpt), Jacques Barbéri (sax a), Emmanuelle Franz (vl), Aurore Pingard (vlc), Hervé Zénouda (zarb), Aline Lebert (voix), musique de scène radiophonique où percussions mélodiques et petite fanfare soutiennent les roulements d'r de l'auteur féérisant.
Quatre ans plus tard, sur fond de bestiaire et d'ambiances forestières dignes de Brocéliandre, les Suites Volodine produisent des rythmes incantatoires, terme que j'ai souvent utilisé pour la musique de Frajerman, timbres rappelant le groupe Third Ear Band ou certains disques d'exotica. À Frajerman, Codur, Barbéri, Roger et Zénouda se joignent Sandrine Bonnet (perc, voix) et Marc Resconi (tb) pour cette heure purement instrumentale.
An 2000, Des anges mineurs, oratorio post-exotique, à peu près même durée, convoque le récitant, cette fois sans roulements ajoutés, mais l'orchestre constitué de Frajerman , Barbéri plus Carole Deville (vlc), David Fenech (gt), Hélène Frissung (vl), Daniel Palomo-Vinuesa (sax bar) et Laurent Rochelle (cl bs) s'impose, boucles répétitives où s'accrochent les sons animaliers des instruments. L'ombre de Moondog plane sur ce minimalisme dont l'ambiance s'inspire évidemment des textes de Volodine.


Encore quatre ans plus tard, nouvelle production France Culture, Vociférations cantopéra avec Volodine, Barbéri, Frissung, Deville, Palomo-Vinuesa auxquels Frajerman ajoute Stephano Cavazzini (batterie), Keny 2 (sampler), Fanny Kobus (va), Lise N (murmures), Géraldine Ros (chant). Plus électro, plus fantômatique, entraînant, les boucles parfois de différentes longueurs se désynchronisent pour créer la meute. Volodine est envoutant, la poésie circonlocutoire inspire l'abstraction musicale, leur cousinage profite à l'une comme à l'autre...
En 2015, la petite famille s'est dispersée. Pour Terminus radieux, cantopéra, dont le texte a valu le Prix Medicis à l'auteur, Denis Frajerman joue des guitares avec la violoncelliste Carole Deville et deux mezzo-sopranos, Émilie Nicot et Justine Schaeffer qui dit ce texte plus descriptif comme une Madame Loyal, plus difficile à suivre aussi, malgré l'accompagnement, entre évocation médiévale et néoclassicisme minimaliste à la Philip Glass, sorte d'heroic fantasy que Volodine appelle post-exotisme.
En 2020, sur Les fugues Volodine Frajerman retrouve son ambient ensorceleuse qui manquait au précédent. Il multiplie les instruments tandis qu'Anja Frajerman est aux claviers et que Laurent Rochelle joue des anches et assure les arrangements. Des extraits sonores nous plongent dans un passé cosmopolite. Plus d'ordinateur, ni échantillonneur, ni séquenceur pour cette évocation instrumentale qui clôt cette saga opératique.
J'ai tout écouté dans la foulée, deux journées, ce n'est pas Bayreuth, mais ça se tient, du début à la fin !

→ Denis Frajerman & Antoine Volodine, Variations Volodine, 6 CD + 1 livret bilingue français-anglais de 64 pages, ed. La Volte, 35€, sortie en librairie le 20 janvier 2022

mercredi 12 janvier 2022

Expériences sonores de l'avant-garde russe (1908-1942)


En 1922, Arseny Avraamov compose et dirige une symphonie extraordinaire : autour du port de Baku, il rassemble les sirènes des usines et des navires de la mer caspienne, deux batteries d'artillerie, sept régiments d'infanterie, des camions, des hydravions, vingt-cinq locomotives à vapeur, des sifflets et des chœurs. Quatre-vingt ans plus tard, Leopoldo Amigo et Miguel Molina Alarcón, directeur artistique de ce double CD, recréent artificiellement l'événement comme ils font renaître maintes créations sonores époustouflantes de l'avant-garde russe des années 20, orchestre de bruiteurs de Nikolai Foregger, opéra cubo-futuriste de Mikhail Matiushin, Alexei Kruchenykh et Kasimir Malevitch, laboratoire de l'ouïe de Dziga Vertov, projet radiophonique de Velimir Khlebnikov, extraits de ballet de Sergei Prokofiev et Georgi Yakoulov, Cercle futuriste de Vladimir Kasyanov, manifeste nihiliste, sound painting de Varvara Stepanova, poèmes sonores de Vasily Kandinsky, Igor Severyanin, Vasilisk Gnedov, David Burliuk, Elena Guro, El Lissitzky, Olga Rozanova, du groupe H2SO4, de Simon Chikovani, Daniil Harms, Igor Terent'ev, Mikhail Larionov, Roman Jakobson "Aliagrov"...
Si le premier CD donne le tournis avec ces évocations renversantes d'une époque révolutionnaire pour les arts soviétiques, le second réunit des archives encore plus troublantes à commencer par la Symphonie du Dombass de Vertov extraite d'Enthousiasme. Suivent Zavod, symphonie des machines, fonderie d'Alexander Mossolov, Dnieprostroi, la station hydro-électrique de Julius Meytuss par l'Orchestre de Paris en 1931, mais aussi les voix de Lénine, Trotski (en anglais !), Vladimir Maïakovsky, Boris Pasternak, Malevitch (en anglais), Dmitri Chostakovitch, Lili Brik, Sergei Esenin, Vasily Kamensky, Anatoli Lunacharsky, Alexandra Kollontay, Anna Akhmatova, Osip Mandelshtam, Naum Gabo & Noton Pevsner...
Voix ou bruits, ici tout est musique. La fascination pour les machines qui ne libèreront pourtant jamais les hommes de leurs chaînes est une promesse pour le futur. Les formes explosent dans une géométrie impossible. Beaucoup de ces artistes sont des peintres. Les poèmes sonores sont autant de chants de résistance, aux conventions mesquines de l'ancien régime, hymnes à une révolution rêvée qui n'existe véritablement que dans le cœur et la tête de ces artistes provocateurs. La déconstruction du langage renvoie au discours des hommes politiques. On croit comprendre la langue russe dans la symphonie des machines et les syllabes des poèmes sonores. Où l'on entend la révolution en marche, quand les artistes s'en emparent !
Ces soixante-douze œuvres publiées par ReR sont accompagnées d'un épais livret illustré de 72 pages bourrées d'informations.

Article du 9 avril 2009

mardi 11 janvier 2022

Eddy Bitoire, poète du quotidien


Samedi le facteur dépose dans ma boîte aux lettres un Colissimo très attendu, mais je ne sais pas exactement ce qu'il y a dedans. Le cachet de la poste indique que le paquet a été envoyé de Saint-Geniès-de-Malgoirès dans le Gard. De son vivant, j'exhortais Eddy Bitoire à sortir ses chansons nâvrantes dont j'adorais l'humour franchouillard qui me rappelle Boris Vian, Henri Salvador ou les frères Lefdup. Bitoire c'est la face Hyde du Docteur Jekill, parce qu'on peut être franchement surpris par autant de déconnade lorsqu'on connaît la sobriété de ses disques de flûte solo et le sérieux de son esprit critique sur le monde et l'autre monde. Si les paroles sont parfois scatologiques, souvent grinçantes, les pastiches musicaux sont réalisés avec le plus grand soin sans négliger une bonne dose de salutaire foutage de gueule. Après la disparition brutale de Bitoire, sa famille aura mis sept ans pour publier ce fabuleux coffret, indispensable cadeau à se faire ou à offrir à celles et ceux qu'on aime, histoire de leur rappeler que la vie est courte et qu'il faut surtout la traverser joyeusement sans emmerder les autres. J'utilise un terme galvaudé par un président de la république, le pire que le système nous aura imposé (jusqu'ici) et à qui Bitoire, s'il l'avait connu, n'aurait pas manqué de tailler un short riquiqui à sa mesure. Mais qu'y a-t-il donc dans ce coffret en carton gauffré ?


Je sors d'abord la bouteille de bière de la brasserie du Lez avec la magnifique étiquette où Bitoire pose avec son micro, le mieux placé pour exprimer ce qu'il pense de ce qu'est devenue notre société qui part à vau-l'eau. Dans un filet à provision vert pomme sont glissés un superbe livre illustré et deux CD, soit les deux volumes des "meilleurs succès écrits, composés et interprétés par le poète du quotidien", pas moins de 28 chansons dont on retrouve les paroles dans l'épais ouvrage illustré remarquablement mis en page. Chacune est accompagnée des circonstances de sa création ou d'un passage de la vie aventureuse du héros ainsi que de conseils avisés, culinaires ou de bricolage. Si je connaissais la plupart de celles du premier CD, je découvre les plus récentes, souvent plus dures et plus amères. Comme le secret sera vite éventé, oserai-je suggérer d'en profiter pour écouter les œuvres "sérieuses" de Jean Morières, le musicien qui se cache derrière le pseudo canulardesque, saxophoniste de jazz passé à la flûte zavrila, un instrument chromatique de son invention. Notre ami nous manque cruellement, tant pour les discussions prises de tête où nous refaisions le monde que pour les parties de franche rigolade où nous profitions à fond de la vie. Ce coffret rend génialement hommage au camarade qui nous a quittés prématurément en haut d'une petite colline de sa garrigue. Ils sont quatre à s'être investis dans ce projet posthume : tout le monde chante et joue de plein d'instruments, Jérôme Dru qui a aussi réalisé le livre, texte et graphisme, Antoine Morières, le fiston, qui a compilé, mixé et masterisé les deux disques, Pascale Labbé, la compagne de Jean. En coulisses leurs deux filles, Mathilde et Fanny. Il y a dix ans j'avais affiché deux clips d'Eddy Bitoire qui annonçaient la suite. La voici et ça fait du bien par où que ça passe, mais attention, c'est cru !

→ Eddy Bitoire, le poète du quotidien , coffret 40€ envoi compris avec la bière, le filet à provision, le livre et les 2 CD, ed. Franchemencq, par Paypal (pascale.labbe1@free.fr) ou par chèque à l'ordre de Pascale Labbé, 2 rue de l'Église, 30190 Montignargues

dimanche 9 janvier 2022

Carnage, "ÉLU" in Citizen Jazz


Le talent narratif d’Un Drame Musical Instantané (UDMI) n’est plus à démontrer. Que ce soit dans Rideau !, ou plus sûrement encore dans L’Homme à la Caméra, le travail du trio Jean-Jacques Birgé, Francis Gorgé et Bernard Vitet est pétri d’histoires et d’inventivité musicales. C’est sans doute ce qui conduit le label autrichien Klang Galerie à rééditer avec opiniâtreté les albums de cet orchestre qui représente une sorte de colonne vertébrale des musiques créatives électroniques européennes des années 70 et 80. C’est évidemment ce qui a conduit à proposer une très belle réédition de Carnage, paru en 33 tours en 1985 et jamais réédité depuis. Une œuvre sombre, violente dans ses vociférations et le choix de Gorgé d’une guitare contondante sur un morceau tendu comme « Rangé des Voitures » aux paroles écrites par Birgé lui-même. Une des rares incursions d’UDMI dans la chanson, néanmoins troublée par toutes sortes de trouvailles sonores. La dimension cinématographique de l’orchestre, renforcé ici par des invités très portés sur les images (le percussionniste Youval Micenmacher, ou encore Michèle Buirette, la maman d’Elsa Birgé, à l’accordéon).

Du cinéma pour les oreilles, voilà qui a toujours été le cadre d’UDMI. Ici, il est question de rébellion, sur fond de destruction de l’Amazonie, de construction d’autoroute, d’explosion de bois mort et de stratégie de la tension qui nourrissaient la toile de fond politique des années 80. On en trouve, en réduction, tous les germes dans l’impressionnant « Une fièvre verte » qui ouvre l’album : « Et peu importe ce que coûtera cette autoroute », le ton est lancé. Le quoi-qu’il-en-coûte est projeté dans une forêt primaire, parmi les cris de la trompette et les reptations électroniques qu’un chaos abat. Un défrichage sonore, au sens propre et figuré, un carnage écologique en direct porté par le hautbois de Jean Querlier et le basson de Youenn Le Berre. Plus tard, en champ/contrechamp, on rencontrera des populations autochtones, une rythmique qui tend vers la transe… le rapport de force s’installe, tout comme un arc narratif assez puissant. Ce carnage, c’est l’opposition entre ceux qui détruisent la forêt et ceux qui en vivent : il faut se rappeler que le disque fut enregistré quelques années avant l’assassinat de Chico Mendes, syndicaliste brésilien qui luttait contre les exploiteurs de l’Amazonie. C’est également cette tension qui affleure dans « La Bourse et la vie », longue pièce orchestrale qui démontre la rigueur d’écriture des musiciens d’UDMI. Il y a un souffle épique, et pas seulement dans la trompette scaphandrière de Bernard Vitet (le pavillon joue dans un saladier d’eau).

Si des morceaux comme « Cabine 13 » [1] représentent des atmosphères plus classiques de la discographie d’UDMI, avec cette magnifique envolée de Vitet et le jeu lancinant de Gorgé, notons que Carnage est sans doute l’enregistrement du trio où le paradigme zappaien est le plus prégnant. C’est d’autant plus remarquable que c’est avant tout une influence de Jean-Jacques Birgé, qui reconnaît lui-même ne pas l’avoir éprouvée. C’est dans « Fièvre Verte » que c’est particulièrement sensible, avec un vrai sentiment d’évoluer dans les couloirs de 200 Motels. Quand au « Téléphone Muet », il semble à plusieurs reprises qu’on va entendre Suzy Creamcheese nous susurrer « Are You Hung Up ? », comme dans We’re Only in it For The Money. Quoi qu’il en soit, il faut remercier Klang Galerie pour la réédition de Carnage, un nouveau beau témoignage de la modernité d’UDMI.

par Franpi Barriaux // Publié le 9 janvier 2022

[1] Oui, c’est un contrepet.

L'air de rien in Citizen Jazz


Enregistrée en mars dernier, la rencontre entre l’univers de Jean-Jacques Birgé et celui d’Élise Caron promettait d’être fascinante. Surtout si le tromboniste Fidel Fourneyron s’ajoute à la partie pour équilibrer l’ensemble, dans une démarche qui se rapproche du très beau Parking d’Élise Dabrowski, sorti à la fin de l’été. C’est ainsi que « Détruisez Rien / Ce qu’il y a de plus important » offre au tromboniste une occasion de souligner d’un long phrasé lyrique les sons de ses deux compagnons, lui qui s’était jusqu’ici laissé envahir et submerger par l’étrangeté et l’inventivité alentour. Ainsi, « Du jardinage, pas d’architecture » où la note tenue du trombone et le léger feulement de l’embouchure sont comme cernés de sons fascinants et d’une voix spectrale, grommelante, jouant sur les phonèmes. Élise Caron installe des climats sauvages, au sens où ils ne s’apprivoisent pas. Birgé, quant à lui, fait feu de tout bois, du tintement irrégulier au vent factice.

Tous les deux conteurs hors pair, Birgé et Caron se trouvent immédiatement. Chaque direction, pourtant totalement aléatoire, est une pièce supplémentaire qui va alimenter une narration et un climat. « Que ferait votre ami le plus cher » est l’occasion d’un moment presque fantomatique, des sons lointains sur une voix d’éther, une danse brumeuse entre les psalmodies de la voix et un trombone qui la recouvre comme un drap de coton : c’est ce qui surprend sans doute dans cet Air de Rien que Jean-Jacques Birgé propose sur son BandCamp, une musique nocturne, peuplée d’esprits. Car la nuit est intranquille avec ce trio : on entend des chiens, des corbeaux, d’autres bestioles inconnues. Pourtant rien n’est hostile ; l’ensemble est même d’une douceur peu commune.

Envisagé comme un jeu basé sur l’aléatoire et le tirage de cartes, un exercice devenu courant dans la pratique de Jean-Jacques Birgé, L’Air de rien est une belle proposition qui offre des espaces nouveaux à ces trois grands musiciens. Élise Caron, qui s’accapare un des claviers-jouets de son hôte, joue d’ailleurs avec les codes tout au long de l’enregistrement. On l’attend à la voix, on l’imagine turbulente, elle se fond dans l’imaginaire de ses partenaires et joue de la flûte, même si dans le très beau « Utilisez une vieille idée », son babil offre sa couleur au morceau. L’air de rien ? On passe un très bon moment !

par Franpi Barriaux // Publié le 9 janvier 2022

vendredi 7 janvier 2022

Le Sacre du Tympan a 20 ans


Comment fabriquer un son qui exprime le retour dans le passé ? J'essaie d'abord vocalement, vrrrrrrloupe, et puis je passe aux machines, whooooooshuihou, mais rien n'est aussi explicite que d'écouter un disque d'avant, d'avant maintenant, s'entend, ou moins. Par exemple, la réédition du premier album du Sacre du Tympan, big band de pop-jazz dirigé par Fred Pallem, renvoie à ses balbutiements d'il y a vingt ans en m'évoquant à la fois André Popp, Frank Zappa, Danny Elfman et Spike Jones. Le livret, décousu et touffu, un peu foutraque comme la musique, cite plusieurs fois Django Bates, je n'y avais pas pensé. Je dis foutraque parce que c'est brut de décoffrage, joué avec la plus grande sincérité, avec un son couci-couça (c'est live) comme certains disques du grand orchestre du Drame vingt ans plus tôt. Mais s'ils n'avaient pas existé il n'y aurait probablement pas eu de suite. Au Sacre du Tympan l'humour est traité sérieusement. Le ringard y subit une transmutation vers le sublime. C'est aussi une histoire de potes. Une génération de virtuoses, peut-être la première qui soit sortie du CNSM. Je ne les connais pas tous, mais il y a Médéric Collignon au cornet de poche et qui scate, Matthias Mahler au trombone et Fred Gastard aux saxophones qui fonderont Journal Intime, le trompettiste Fabrice Martinez qui raconte avoir eu du mal à s'imposer alors, Rémi Sciuto, Christophe Monniot, Matthieu Donarier aux sax aussi... Ils sont tout de même dix-sept, essentiellement des cuivres. La musique de Pallem devrait inspirer des fanfares en quête de nouveaux répertoires. Il y a vraiment de quoi. Ce disque important, épuisé depuis longtemps, offrait une approche française au big band fantasmatique. On a toujours besoin de revenir aux sources pour comprendre qui l'on est véritablement, parce que comment on en est arrivé là représente souvent une énigme à chaque compositeur. Au début on ne se pose pas de question, on avance, on fonce. Et puis un jour, on se la pose. Certains se figent, d'autres font tout valser, mais l'écriture se précise. En tout cas, c'est un disque joyeux, plein d'entrain, une invitation à la danse, manière de l'entretenir en travestissant les poncifs avec des grimaces de clowns et des pirouettes d'acrobates. Une belle histoire.

→ Fred Pallem & Friendz, Le Sacre du Tympan, CD ou 2 LP Street Machine, dist. Chat noir, sortie le 18 février 2022

jeudi 6 janvier 2022

Bernard Vitet, les débuts


Me promenant au Père Lachaise, j'ai constaté que la présence de Bernard Vitet était enfin signalée sur la tombe qu'il partage avec ses grands-parents, ses parents, l'un de ses fils et un invité qui a tapé l'incruste, mais mon camarade n'est plus là pour s'en étonner. Tout s'explique pour qui connaît le dessous de l'affaire. Je me demande néanmoins ce qui est arrivé à Emmanuel, son fils aîné disparu quelques mois après lui. La lignée s'est éteinte. Heureusement Bernard continue à exister dans nos mémoires et grâce aux nombreux enregistrements qu'il a réalisés de 1954 à 2004, ici deux de ses plus anciens...

JACK DIÉVAL, BERNARD VITET, ART TAYLOR... À BELGRADE
Article du 21 mars 2009


Après avoir dégoté sur eBay Surprise-Partie avec Bernard Vitet, son premier disque, j'ai trouvé la réédition en 33 tours 25 cm, remasterisation conforme à l'original, de l'enregistrement du quintet de Jack Diéval des 4 et 5 mars 1961 sur Jugoton. Le pianiste est accompagné par Bernard Vitet au bugle, François Jeanneau au ténor, Jacques Hess à la basse et Art Taylor à la batterie. Même si Cosmic Sounds, situé en Grande-Bretagne, a mis deux mois à me l'envoyer, je suis content de poser sur ma platine tourne-disques cet enregistrement dont m'a plusieurs fois parlé Bernard. Les notes de pochette ont été heureusement traduites en anglais, avec certes pas mal de petites erreurs, mais on apprend tout de même que Pennies from Heaven, Moonlight in Vermont et Gloria occupent la première face avec en invités le ténor Eduard Sadjil et le trompettiste Predrag Ivanović. Sur la seconde, Theme n°4, My Birthplace et Bon Voyage sont des compositions yougoslaves de ce "modern jazz". Ce disque constitue le volume II du tryptique Sastanak u Studiju (Meetings in Studio) enregistré par la RTB, la Radio Television de Belgrade en charge d'immortaliser les artistes nationaux, ici avec leurs invités français.
Bernard avait l'habitude de jouer avec Diéval pour sa célèbre émission de radio Jazz aux Champs-Elysées. Il jouait également très souvent avec Jeanneau, entre autres au Club Saint-Germain ; on peut les entendre ensemble chez Claude François (!), sur deux titres de la musique du film de Roger Vadim, ''La bride sur le cou'', avec Georges Arvanitas au piano (Jazz et cinéma vol.2, Universal) et évidemment Free Jazz (cd réédité par in situ) avec François Tusques, Michel Portal, Beb Guérin... Pour les concerts de Belgrade à l'origine du disque avec Diéval, Bernard était très flatté de jouer avec Art Taylor qui avait accompagné Miles Davis période Gil Evans, John Coltrane sur Giant Steps, Thelonious Monk, etc.

SURPRISE-PARTIE AVEC BERNARD VITET
Article du 21 mai 2008


Encore un miracle du temps qui passe ! Bernard nous avait bien raconté que son premier disque s'intitulait Surprise-Partie D, un des premiers 33 tours vendus en supermarché (Monoprix), dans les années 50. Il avait été produit par Isaïe Diesenhaus, un type qui enregistrait du classique à la va-vite. Bernard Vitet, ayant eu beaucoup de mal pour se faire payer, avait dû user d'un stratagème plutôt rock'n roll. Pas du même style, la musique alterne mambos, boléros, calypsos, fox-trots et slow dans une optique jazz-latino. C'est donc sur eBay et CDandLP que je décroche la timbale, deux exemplaires du disque mythique sous des pochettes différentes (nette préférence pour celle signée J.Paciarz), ce qui montre à Bernard, qui n'en possédait aucun, que l'arnaque s'est répétée ! Il s'attendait aussi à ce que ce soit très ringard, mais le résultat est plus que digne dans son genre easy listening.
Bernard, qui avait alors dans les vingt et un ans, n'y joue pas de la trompette, mais du trombone à pistons, "un instrument pourri, complètement déchargé". Il est accompagné du Belge Sadi Lallemand au vibraphone, marimba et bongos (il avait dirigé l'orchestre de Jacques Hélian lorsque celui-ci était tombé gravement malade), de Bib Monville au sax ténor (beau-frère de James Moody avec qui Bernard jouait également), de Bob Aubert à la guitare, de Pierre Franzini au piano, probablement de Pierre Sim à la contrebasse, mais il ne se souvient plus du batteur, à moins que ce ne soit Baptiste "Mac Kac" Reilles (une sorte de prince des gitans complètement allumé qui ne s'entendait pourtant pas très bien avec Sadi). Ensuite, mon camarade joue essentiellement avec des vedettes de variétés, comme Yves Montand, Serge Gainsbourg, Barbara, Jean-Claude Pascal, Isabelle Aubret, Jacqueline Danno, Brigitte Bardot et avec des jazzmen comme Kansas Fields, Guy Lafitte, Jean-Claude Fohrenbach, Jacky Knudde, Bibi Rovère, Charles Saudrais, Léo Chauliac, Hubert Rostain, Alix Combelle, Ivan Julien, Christian Chevallier... Le free jazz est venu plus tard.
Le vinyle de la Guilde Européenne du Disque porte le numéro SP53. La face 1 présente Oye Mambo (mambo signé Trianda), Dansero (boléro d'Haymann), Crazy Rythm (mambo-guaracha de Meyer), Pielcanella (de Capo, annoncé sur le macaron, mais semble-t-il non enregsitré !?), Temptation (boléro de Brown), Starling Rye (calypso de S.Sid), Toi qui disais (fox de Suesse). Sur la face 2 se succèdent Le loup, la biche et le chevalier (calypso d'Henri Salvador), I got you under my skin (boléro de Cole Porter), Dimanche (fox de Bib Monville), Jokin' the blues (fox de Vitet) et Isabel Day (slow de Bob Aubert), mais cette fois encore il y a un titre de plus que le nombre de plages.
Au dos de la pochette jaune et orange, on peut lire les Conseils pour l'emploi des disques microsillon : "Les disques microsillon sont moulés en résine vinylique, donc pratiquement inusables. Ne les utilisez qu'avec un pick-up léger à saphir-microsillon. Vérifiez fréquemment l'état de votre saphir et changez-le toutes les 100 faces au plus. Pour conserver vos disques en bon état de propreté, essuyez-les avec soin dans le sens des sillons, à l'aide d'une chamoisine antistatique."

BERNARD VITET À LA TÉLÉ
Article du 26 février 2014


L'INA est une mine d'or pour qui veut fouiner dans les archives de la télévision. Jacques me signale une émission en direct de Jean Christophe Averty présentée par Sim Copans avec Georges Arvanitas au piano, Bob Garcia au sax ténor, Bernard Vitet à la trompette, Luigi Trussardi à la basse, réunis par le batteur Mac Kac dans la cave du Club Saint Germain sur un thème de Jay Jay Johnson. Un couple danse sur la piste. Jazz Memories du 7 novembre 1959 !

Ici le lien vers l'archive INA

Les enregistrements avec mon camarade Bernard Vitet sont plutôt rares. Les deux Châteauvallon de 1972 et 1973 avec Le Unit, soit Michel Portal, Beb Guérin, Léon Francioli et Pierre Favre, sont évidemment mes préférés. Mais je suis ravi de découvrir cette séance d'enregistrement de février 1961 dans un studio des Champs Élysées avec le quintet d'Arvanitas, Bernard cette fois au bugle, François Jeanneau au ténor, Pierre Michelot à la basse et Daniel Humair à la batterie.


Bernard est passé du be-bop au free jazz avant de quitter tout cela pour fonder avec nous Un Drame Musical Instantané en 1976. D'un commun accord et à sa demande Francis et moi avons cessé de l'appeler Babar, son surnom d'une époque révolue. Seuls ses vieux camarades continuaient à l'affubler de ce sobriquet qu'il détestait. Il n'avait de cesse de perdre l'embonpoint qui le lui avait valu à s'en rendre malade. Il se serrait la ceinture comme un fou et finit par ne plus rien manger. Il n'empêche qu'il ne perdit jamais la classe, soignant son look jusqu'au bout. Voyez la bagouse !


New School du 17 août 1971. Le free jazz est sur toutes les lèvres. Le quintette du contrebassiste Beb Guérin invite le ténor Barney Wilen à jouer de l'ocarina, le pianiste François Tusques du xylophone et de la scie musicale, et le batteur Noël McGhie à frapper délicatement ses cymbales.
Bernard a encore changé d'instrument... Et de look ! Il joue là d'une trompette de poche que je ne lui connais pas, mais ce n'est pas celle de Joséphine Baker qu'il a fini par vendre à Don Cherry.