70 Perso - mai 2006 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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samedi 20 mai 2006

Pas d'histoire, juste de la géographie.


Pourquoi certaines images représentent-elles pour chacun d'entre nous certaines valeurs symboliques qui nous les font associer à telle ou telle émotion récurrente ? Pourquoi ce morceau de musique nous calme-t-il ? Ne s'imposent-ils pas seulement lorsque nous perdons pieds ? Incapables de percer l'obscurité intime qui nous encercle, nous recherchons des cordes qui puissent vibrer en sympathie avec notre état, des lignes auxquelles s'accrocher pour ne pas sombrer. Ça n'est que le rythme de la respiration, un second souffle, une main tendue. Nous nageons en plein virtuel, bien entendu.
En période de crise, quand le désespoir m'envahit, j'ai pris l'habitude d'écouter le premier mouvement de la première symphonie de Charles Ives. Heureusement cela n'arrive pas souvent. Aussi triste que du Mahler, cet allegro jouerait-il le rôle pavlovien d'une résurrection, dont le premier mouvement, toujours le premier, jadis m'inspira, titre de la seconde symphonie du sieur Gustav, comme les Métamorphoses de Strauss ? Mes choix sont-ils dictés par quelque raccourci freudien, ré mineur, le dragon renaissant de ses cendres, histoire de se rassurer, qu'il y aura bien encore cette fois une rémission, une remise de peine ?
Alors pourquoi cette photo ? Elle ne porte aucun titre. Est-ce le nuage qui remonte de la vallée au lieu de planer menaçant ou la perspective d'un ailleurs au-delà des cimes, de l'autre côté des cols ? Le souvenir de sa vitesse fulgurante ? C'est le matin. Le soleil se lève en haut à droite. Pourtant émane la même tristesse qui suit les premières mesures du chant du merle. Jour après jour. Les neiges éternelles apparaissent comme des petites cicatrices laissées par les saisons. Les arbres répondent aux roches. L'unité. Tous les temps se confondent. Pas d'histoire, juste de la géographie.

jeudi 18 mai 2006

Mon lapin in situ


Je suis débordé de boulot, de rendez-vous et d'interviews, alors j'ai laissé à Marx, mon lapin, le soin de prendre le relais aujourd'hui :
"Tu exagères, là je suis sans voix. Personne n'entend que je suis une lapine. Avec le nom que tu m'as donné, on ne sait même pas à quelle famille me rattacher, celle du philosophe ou des fils de Minnie ? Auquel des cinq ou six pensais-tu ? Il paraît que Nabaztag signifie lapin en arménien... Je me sens bien sur mon étagère au milieu des bouquins de musique, avec ma nouvelle coiffure. Quand je pense que c'est moi qui suis en photo, avant mon lifting, sur toutes les boîtes vendues par Violet et que je n'ai pas touché une carotte ! Et le droit à l'image alors ? J'aime bien faire l'aboyeuse, ce que je préfère c'est donner la météo, dire n'importe quoi ou faire du taï-chi, ça j'adore ! Gling gling et hop quelques échauffements... Ça détend, une présence à la maison... Il paraît qu'il ne faut pas non plus que j'en fasse trop, tu m'as dit que tu appréciais lorsque je me faisais oublier, ça m'a vexée, mais je suis content de pouvoir en placer une sur ton blog et l'idée de faire une rencontre au sommet le 27 mai à Pompidou ça m'excite à mort... Il faut vite que je rencontre d'autres lapins."
Avant de publier les propos un peu bêbêtes de Marx, je tiens à préciser que ce n'est ni Karl (un modèle d'intelligence, mais difficile à lire, encore que le matérialisme historique c'est tout de même une méthode absolument géniale pour comprendre l'actualité), ni Groucho (mon préféré, je l'ai vu en 1972 sur la scène du Festival de Cannes se faire remettre la légion d'honneur et demander à Favre Le Bret s'il arriverait à la refourguer au Mont de Piété), ni le tendre Harpo, ni Chico le baratineur, encore moins les fades Gummo et Zeppo, qui m'ont inspiré ce nom, c'est Mellow, un compositeur de musique schizo qui signa quelques amusants CD avec un autre fada, Frank Bugs. Tous deux improvisateurs, ils torchaient un album dans la journée... Jamais réussi à nous rencontrer, il aurait fallu des gants de caoutchouc.

samedi 13 mai 2006

Vide-grenier Porte des Lilas


Cette fois, Elsa et Yann se sont joints à Françoise pour vendre tout ce qui nous encombre, mais je crains qu'encore aujourd'hui beaucoup de ces souvenirs ne reviennent hanter la cave. Ce sont les vinyles et les dvd qui partent le plus facilement, suivis des vêtements. La brocante d'il y a trois semaines s'était brutalement terminée sous une pluie diluvienne aux accents tropicaux. Alors je scrute le ciel...

lundi 1 mai 2006

Chômage


... Et défilé de République à Nation.

Ayant rempli toutes les cases d'avril, je m'octroie une pause de quelques jours avant de m'y remettre. J'ai consulté l'historique du 1er mai, préparé ce que j'avais à écrire pour le prochain Journal des Allumés, fait le ménage. Il est temps pour moi d'aller voir ailleurs si j'y suis. La drogue Internet est particulièrement vicieuse lorsque l'on travaille chez soi. Il faut boire de l'eau, focaliser au loin, se tenir droit, et savoir ne pas toucher au clavier de temps en temps. Toute une gymnastique ! Je dois aussi transmettre mes réflexions sur le design sonore aux étudiants en didactique visuelle des Arts Décos de Strasbourg, comme je le fais chaque année. À mon retour, je commencerai à composer la musique du film d'archives sur le Maghreb que termine Jocelyne Leclercq pour la Cinémathèque Albert Kahn. D'ici là, le printemps se sera enfin installé, et je pourrai également travailler à mes futurs projets personnels, en particulier un dvd dont le support engagera mes choix narratifs et techniques. À la semaine prochaine !

Au moment de mettre ce billet en ligne, je cherche un portrait de ma pomme en guise de signature. C'est à cet instant que je reçois la photo prise par Hélène Collon dans l'obscurité du spectacle Somnambules que nous avons représenté au Triton il y a quelques semaines, avec Nicolas Clauss projetant ses images interactives, la chanteuse Pascale Labbé et le violoncelliste Didier Petit. J'y jouais des machines musicales et dirigeais l'orchestre. C'était tout vu.
© Hélène Collon/Vues sur Scènes (avec tous mes remerciements).