70 Perso - septembre 2006 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 21 septembre 2006

Comme des mouches autour de la Liberté


Ce matin, j'ai du mal à me concentrer. Je suis probablement déjà parti. Ne pas avoir de gros boulot à rendre m'explose façon puzzle. Les phases de travail et d'inactivité ne sont plus délimitées. On s'arrête seulement pour entamer un nouveau truc. D'un côté on boucle les affaires en suspens, de l'autre on appâte le poisson, lançant des lignes à tours de bras, dans toutes les directions. C'est une technique, laisser flotter le bouchon en attendant que ça morde. Il faut beaucoup de canes. Ça tombe bien, la forêt de bambous s'épaissit chaque année dans le jardin. Je donne le feuillage à manger aux cochons d'Inde de Caro et Loulou, et j'épluche les tiges. Dans une journée, les urgences ne manquent pas de se déclarer. Y répondre au fur et à mesure pour ne pas laisser les piles s'accumuler. Il faut plus de méthode que de patience. Jamais de repos. Mauvaise conscience de s'arrêter avant d'avoir ramené un gros poisson dans ses filets.
Je termine les sons d'un nouveau jeu pour le site des P'tits Repères, cette fois un morpion. À cause de mon départ, je dois imaginer l'action et fabriquer le son en amont. Cela donnera des effets différents puisque Mika est obligé de coller ses animations sur mes bruits, mais Sonia (surletoit) prépare toujours le travail de telle manière que c'est du nanan. Quel plaisir de péter, roter, éternuer, tousser dans le micro ! À la fin de la prise, je n'ai plus de voix.
Avec Antoine, nous ajustons le nouveau troisième mouvement de Nabaz'mob, l'opéra des lapins que nous présentons la semaine prochaine à New York, au Wired NextFest. Même collaboration facile. Quel plaisir de bosser avec des personnes responsables qui mettent leur c?ur à l'ouvrage !
Dernières touches au Journal n°17 des Allumés du Jazz. Terminé plusieurs articles, les dessins de Vercors, la rubrique DVD, l'entretien avec Claude Barthélémy, un encart sur Route One / USA pour le Cours du Temps avec Barre Phillips, rendez-vous fin octobre avec Le Querrec qui s'envole pour le Festival Minneapolis-sur-Seine organisé par Jean Rochard et Sara Rennke, etc.
Dernières touches au CD d'inédits du Drame qui accompagnera le n°3 de la revue acoustellaire Sextant dont je partage l'affiche avec le violoncelliste Vincent Courtois. Là aussi, beau travail d'amateurs bien plus pros que les pros. Des heures et des heures d'entretiens. Bernard, Nicolas, Antoine sont de la partie. Curieux de voir le résultat. Pour l'écoute, le CD sera en libre téléchargement sur le site de la revue. Alléchant. Un trio de 1983 avec Francis, deux chansons avec Elsa lorsqu'elle avait six et neuf ans, un live au Glaz'art en 1998 avec une ribambelle d'invités, un duo électro de l'année suivante avec Bernard et une musique de film...
J'essaye de joindre Michel depuis que j'ai reçu l'autorisation de Flammarion de produire le CD de notre duo. Réunir les photos pour le livret. Ce serait bien de lui donner la forme d'un livre pour le diffuser en librairies.
Je pourrais énumérer tout ce qu'il reste à faire sans ne jamais m'arrêter. Pourtant j'ai l'impression d'être dés?uvré. La trésorerie est maîtresse. L'inquiétude de l'avenir. Mieux vaut en effet penser à la semaine prochaine. Les voyages forment la jeunesse. Retour à la photo.
La Liberté est une statue. Encore moins cernable qu'un fantôme. Depuis le 11 septembre, les hélicoptères tournent autour comme de grosses mouches vertes. On dirait Alcatraz, ou Guantanamo. Les indigènes ont besoin du soutien extérieur. On se sent des airs de Lafayette quand ce n'est que l'expression de la faillite. Celui qui fit détruire la Bastille déclara "l'insurrection est le plus sain des devoirs, lorsque l'oppression et la servitude rendent une révolution nécessaire."

samedi 16 septembre 2006

La fuite en avant


Pour ce blog j'ai imaginé une forme créative de journal, un feuilleton dynamisé par ce nouveau mode de diffusion et d'échange. J'ai rédigé quelques billets, pour voir. Une image en amont du billet facilite la lecture. J'ai toujours aimé inventer des titres pour mes copains et moi. J'ai supprimé les chapeaux pour que mes lecteurs n'aient pas à cliquer pour lire l'intégralité du texte. Et puis j'ai continué.
J'ai été déçu par les commentaires parce que j'attendais plus de retours. Ils existent, mais en privé. D'autres, anonymes, ont produit quelques débordements. Je dois remercier Étienne Mineur et Pierre Wendling, d'incandescence, qui m'ont initié techniquement, le blog d'Étienne m'a servi de modèle, Pierre m'a aidé à installer quelques plugins dont le mode d'emploi me semblait obscur. L'impact de l'expérience fut inattendu (billet du 17 mai intitulé Blog on Blog). J'évalue humblement mes lecteurs réguliers à une centaine, mais leur nombre ne fait que grandir.
Tout a basculé en mars dernier lorsque j'ai décidé de publier un article chaque matin 7 jours sur 7. L'exemple d'Étienne m'a encouragé. Le défi de forçat s'est avéré un épanouissement. Mettre en ligne quotidiennement un article avec titre et photo est un des meilleurs moments de ma journée. Comme j'ai l'habitude de m'interroger avec quelque inquiétude sur mon avenir, sur le genre de métier que j'exercerai l'année prochaine, je m'aperçois que ce sport pourrait devenir lucratif, à condition de trouver un moyen de le rentabiliser, forcément en l'adaptant à un modèle économique plus ou moins déjà existant. Y réfléchir. Toutes les propositions sont les bienvenues !
Quelques uns de mes lecteurs ont raconté que mon travail de bloggeur était une œuvre à part entière. La quantité impressionne toujours et légitimise la démarche. Un journal abordant les sujets les plus divers, forme encyclopédique mêlée de parti pris, correspond bien à mes aspirations créatives. Mes sujets jouent le rôle de citations ou de samples, se répondant d'une catégorie à l'autre. Le ton change selon les circonstances. Je ne suis satisfait d'un billet que dans le contexte global du blog. Je pensais faire mes gammes, je dessinais déjà le cadre. N'est-ce pas ainsi que tout commence ? La passion précède la maîtrise. L'expérimentation s'organise et cette prise de conscience m'ouvre de nouvelles perspectives. En découvrant son plaisir, on reconnaît son chemin. J'ignore, à cet instant, comment faire évoluer ce travail de fourmi.
Je rêve toujours d'inventer une musique inouïe, de tourner un nouveau film, d'imaginer de nouvelles installations d'art contemporain et bien d'autres élucubrations que la marée déposera sur le sable. Mais je tiens ici une forme qui me convient, qui fonctionne en autodiscipline, qui m'amuse et m'excite sans faillir, jour après jour.

dimanche 10 septembre 2006

Le mur de la honte


Mon voisin est charmant. Cela ne l'empêche pas d'être bruyant. Il m'a réveillé ce dimanche matin pour me demander l'autorisation de planter des piquets dans notre mur mitoyen pour remplacer la haie de cyprès qu'il a supprimée par un grillage de 1,20m de haut. Son coupeur de bois était prêt à percer le toit de notre garage pour que ce soit dans l'alignement ! J'ai bien entendu refusé pour ne pas fragiliser le mur ni transformer le bac-acier du garage en caisse de résonance quand les ballons de foot viendront frapper. De plus, c'est le chemin de ronde de Scotch, un de ses postes d'observation favoris. J'ai donc suggéré à mon voisin qu'il plante de grands piquets dans son propre jardin pour soutenir son grillage. Nous aurions évidemment trouvé plus élégant qu'il laisse grandir sa haie touffue constituant un tampon isophonique et d'un vert plus souriant que le métal tressé.
Comme je demandais si je pouvais récupérer un des troncs d'arbre pour en faire un socle de sculpture pour Anna, le bûcheron a tenté de le négocier contre ses fichus piquets. Désolé, Anna !
Mon charmant voisin m'a expliqué qu'il avait arraché son superbe peuplier à cause des racines qui déformaient son allée dallée et mettaient en danger sa maison, et qu'il avait l'intention de remplacer la haie de conifères par des fruitiers. Des fruitiers si près du mur ? Et puis, ça ne pousse pas vite. Il évoque des citronniers, des amandiers... J'ai suggéré des grimpants pour éviter que sa grille rappelle trop un camp de concentration. Il pense faire pousser des petits arbres tout autour de son terrain pour cacher le vis-à-vis avec l'immeuble de lofts qui se construit en face...
On est parfois mal conseillé.