Dans l'expectative je regarde la lumière. Intérieure ou aveuglante comme celle du soleil. Un praticien me racontait qu'il ne savait pas quoi répondre à un adolescent qui allait perdre la vue pour avoir regardé le soleil en face pendant des années, comme ça, pour voir. On obtient parfois l'effet inverse. Personne ne lui a dit ? Cette clarté peut être sonore. Un coup de téléphone de bonne nouvelle. Pourquoi pas ? L'espoir fait vivre. J'ai longtemps habité rue de l'espérance, mais aujourd'hui mon adresse porte le nom d'un jeune résistant mort à 17 ans. Le soir tombe.
J'ai bien travaillé. Non-stop de 7h à 18h. Composé seize boucles sur le mode de la toile de fond, bien qu'ici le décor soit sonore. Ces ambiances diffusées doucement donneront une perspective à la seconde partie du projecteur de rêves de Léonard de Vinci, en arrière-plan du quatuor à cordes. On les devinera à peine jusqu'à ce qu'une image envahisse tout l'écran et qu'un instrument solo laisse apparaître cette découverte. Associées aléatoirement aux images de Nicolas Clauss, elles leur donneront un sens différent selon les combinaisons audiovisuelles. Cette couche sonore renforcera le sandwich d'images fixes et mobiles en théâtralisant le résultat global. J'avais inauguré cette méthode en 1997 avec la douzième et dernière scène du CD-Rom Carton où étaient associés dix images et dix sons que l'on pouvait combiner à loisir. Cette fois, j'ai choisi des ambiances dans l'ensemble plutôt classiques, a priori repérables, mais je les ai traitées de façon à laisser une place à l'interprétation de chacun. Noyé le poids des sons. Ils ont cette merveilleuse propriété de susciter l'évocation.