70 Perso - février 2014 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 21 février 2014

Ceinture à Paris


La nuit tombe sur la banlieue qui n'en a plus pour longtemps à s'appeler la banlieue. Le périphérique recouvert, il n'y a plus aucune trace des fortifications. La Métropole n'a plus d'octroi à franchir pour avaler ses nouveaux arrondissements qui conserveront leurs noms communaux, mais quantité de lois se décideront au Centre. Paris nous serra la ceinture. La Métropole est une métaphore de l'Europe. D'un côté des économies substantielles pour les dépenses à cheval sur plusieurs villes, de l'autre une mainmise totale de la riche capitale sur divers secteurs comme l'urbanisme. 90 élus pour Paris, 2 pour Bagnolet, tout est à l'encan. On ne sait pas grand chose, mais c'est pour 2016, autant dire demain...
La nuit tombe au large de La Ciotat où j'aurais pu flotter sans ce maudit lumbago qui me cloître à la maison. Heureusement Scotch et Gezi m'accompagnent de leurs cabrioles lorsqu'ils daignent ouvrir un œil. Le vieux matou retrouve une nouvelle jeunesse devant les facéties de la minette que je garde en l'absence des amis qui se sont envolés pour Istanbul. Technique éprouvée, en fréquenter qui ne sont pas de son âge. Cela fonctionne dans tous les sens. En attendant de me redresser, mon planning est vide. Je peux tout faire. Sauf que c'est rien du tout.

vendredi 14 février 2014

Trop de lumière


J'ai posé ma patte sur mes yeux. J'attends une visite. Sans savoir qui c'est. Il fait jour. Il fera nuit. Trop de lumière pour la sieste. Si personne ne passe j'attendrai le dîner. J'adore rencontrer de nouvelles personnes. D'abord je regarde. Dans le passage. Au centre du cercle. Les filles me plaisent mieux que les gars. Je me case. Il ne faut pas que ça bouge. C'est pour moi. Exclusif. En attendant j'ai posé ma patte sur mes yeux. Le ciel s'est obscurci. Le vent fait voler les allitérations. Il joue avec les mots. Déroulant. Comme une pelote de laine. Il miaule. Je ronronne. Jean-Jacques lit S. en français. Chapitre après chapitre, il s'y prend en deux fois. D'abord le roman, puis les échanges manuscrits dans les marges. Mauvaise méthode. Il se retourne vers moi. Le bruit de ma langue. Pédicure, manucure. Je lui fiche la paix. Son dos le handicape. Il marche penché. J'essaie d'être discret. Toilette. Contorsions. Et je replonge dans mes rêves. J'attends la visite de Guézi. C'est pour dimanche.

mercredi 12 février 2014

Équilibre précaire


La douleur lancinante fait vaciller ma bougie. Elle penche dangereusement. Pas une goutte de cire ne vient tâcher le parquet. Ma bougie est aussi fausse que celle de Jason Shulman décrivant une sphère. Pas moyen de me concentrer sur un texte long. Je passe du coq à l'âne en dansant d'un pied sur l'autre. Les cubes en équilibre sur un fil se décalent les uns derrière les autres. Castagnettes. Même le balancier est trop lourd pour que je m'en charge. À plat. Je délègue. À force de répétitions on sait bien que ça passe. Maigrir. J'envoie des messages dans une bouteille. Les mails se perdent dans la foule. Appels à l'aide. Des pigeons reviennent de voyage, porteurs de bonnes nouvelles. Je les cueille lorsqu'ils passent à proximité du divan. Le vent fait plier les bambous. Je reste stoïque. Aucun mérite. Pas question de dégainer. Les jambes se dérobent. Au voleur ! Des pièges les attendent. Yuccas pointus, herbes coupantes. J'oscille. Main chaude ou pigeon-vole ? L'objet perdu est toujours là où il devrait être. Question d'organisation. Je m'installe. Incapable. Il faut que je bouge.

lundi 10 février 2014

Lumbago


Faut-il être idiot pour me coincer le dos une fois de plus ! Rien de nouveau sous le soleil, je me suis abîmé à 18 ans, la hernie discale et les trois disques écrabouillés j'en avais 31, voilà donc trente ans que je suis (ir)régulièrement handicapé. J'en prends chaque fois pour trente ans, mais quelques jours plus tard j'obtiens une remise de peine. Les ostéos ont remplacé les kinés, et depuis quelques années je ne pousse plus jamais de grand cri japonais en m'écroulant par terre, en particulier grâce au vigoureux massage chinois. La gymnastique matin et soir devrait m'empêcher de me mettre en baïonnette, avec les jambes décalées du tronc, position antalgique qui n'amuse que les camarades devant qui je me désape. Mais voilà, il arrive que j'exagère en faisant des folies de mon corps. Si certaines sont trop agréables pour les éviter, d'autres relèvent de la plus grande stupidité. Il faut pour cela un concours de circonstances, fatal, comme de porter un arbre en torsion après avoir scanné trois cents photographies du Drame toute la journée. C'était à prévoir, surtout après une légère prise de poids. Donc voilà, il ne suffit plus que d'enfiler ses chaussettes pour se retrouver avec un lumbago pas piqué des hannetons. Je l'écris comme un pense-bête, mais tout effort prévisible devrait automatiquement m'inciter à me gainer. Dans le cas contraire je n'arrive pas à penser à grand chose d'autre, d'autant que j'ai avalé analgésique et anti-inflammatoire, aussi ressasse-je dans cette colonne le spleen du bonzaï humain qui prend son mal à patience.