70 Perso - juin 2015 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mardi 23 juin 2015

Trop loin, trop proche


Pas la moindre idée de vacances. Cela me semble très loin. Changer d'air est pourtant nécessaire à la réinitialisation de mon système interne. De son côté, Françoise part quelques jours à La Ciotat où seront projetés jeudi et samedi ses deux longs métrages de fiction, la comédie Vice Vertu et Vice Versa et le polar Passé Composé, première partie de sa rétrospective qui se tiendra dans le plus vieux cinéma du monde, le mythique Eden des Frères Lumière. Son opération à l'œil gauche lui interdit de prendre l'avion ou d'aller à la montagne pour l'instant. Nous déciderons donc plus tard si et où nous bougeons pendant l'été...
Je travaille d'arrache-pied sur plusieurs projets dont certains doivent être bouclés avant mon départ pour Arles où j'accompagne le Prix Découverte le 8 juillet. Sous le grand écran du Théâtre Antique je jonglerai avec les sons sur mon clavier, ajoutant la trompette à anche, l'harmonica et un peu de percussion à mon incroyable panoplie.
Entre temps je sonorise un jeu de donjons et dragons avec des pions sur iPad selon le modèle de Spellshot et je termine le design sonore du Monde de Yo-Ho des Éditions Volumiques. La même fine équipe est également susceptible de terminer le jeu de la Famille Fantôme pour lequel Sacha Gattino et moi avons livré la musique il y a trois ans ! Tous les deux ayant récemment gagné l'appel d'offre de l'exposition Darwin qui se tiendra à l'automne à la Cité des Sciences et de l'Industrie, nous démarrons la production de la dizaine d'attractions que nous devons sonorisées. Au jour le jour je choisis aussi des musiques pour certaines projections des Rencontres d'Arles, et cet été l'étude du métro du Grand Paris sera enfin bouclée.
Beaucoup de travail, et pourtant j'ignore totalement quoi fabriquer à la rentrée. Aucun projet personnel d'envergure n'est encore défini. C'est à cela que servent les vacances. Prendre le recul nécessaire pour sortir des habitudes qui vous plaquent le nez contre la vitre.

vendredi 19 juin 2015

Comme dans un rêve


Il fait nuit. Les lampadaires éclairent le parvis d'une lumière orange. Partis assister à un spectacle dont je suis censé avoir composé la musique nous traversons l'immense parking qui longe le bâtiment moderne qui abrite la scène nationale. Ma fille et moi grimpons les escaliers roulants qui rappellent ceux de l'Opéra de Saint-Étienne. La salle est pleine à craquer. Je rejoins donc la cabine du projectionniste où notre client est dans tous ses états. Il m'explique que la musique du spectacle que Sacha a enregistrée en mon absence est parfaite, mais qu'il y a un problème avec celle qui accompagne le livre, c'est un CD glissé sous un revers de la couverture. Je n'ai pu réellement travailler au projet, accaparé par la fin de celui pour Orange. Je descends dans la salle discuter avec Sacha qui a raisonnablement fait sa part. Notre client tente de m'expliquer ce qu'il veut, une musique printanière, légère, charmante. Je comprends qu'il cherche tout simplement quelque chose du genre des Quatre Saisons de Vivaldi, c'est une tarte à la crème mille fois utilisée. En prononçant ces mots j'entends soudain dans ma tête une musique inouïe qui s'en inspire. Tout y est, la structure et l'instrumentation, les mélodies et l'harmonie renversante qui leur sied. Rien n'a jamais été aussi précis au commencement d'un travail. Je me réveille et je me souviens de tout, même de la musique dans ses moindres détails. Seul bémol, mon client est virtuel et je ne vois aucune raison de l'enregistrer sans une commande réelle ! Tout est si présent que j'ai du mal à me persuader que je rêve. Tout se dissipe d'habitude au réveil. C'était il y a trois jours, mais je continue d'entendre cette musique dont le processus compositionnel ressemble fort à une partition que j'ai écrite il y a quelques années pour un théâtre de marionnettes conçu par Raymond pour La Cité des Sciences. Faut-il considérer ce rêve comme un signe et m'y coller ? Ou renvoyer ces élucubrations dans les limbes, en attendant une opportunité, maintenant que la méthode est validée par les fantômes de la nuit.
Au fur et à mesure que je décris cette aventure se dévoilent des éléments de la veille. Cette fois le sens caché m'importe peu. Du moins dans un premier temps. La méthode de composition évoquée me poursuit et je sens que je vais devoir m'y plonger pour m'en débarrasser ! D'autant que, depuis, je commence à entendre des voix...
Là-dessus Étienne m'annonce qu'il finalise les Petits Fantômes, Tiemo émerge des profondeurs d'un métro qui n'existe pas encore, Olivier et Gila convoquent l'Arlésienne et Claire m'entraîne dans un nouveau donjon... La même journée ! On dit que la nuit porte conseil. Alors, je me rendors.

mercredi 17 juin 2015

Du secret de l'accord imparfait


Aujourd'hui pas question d'écrire. Des piles de livres me tendent les bras. Je m'approche. Il y a de tout. Romans, pièces de théâtre, poésie, encyclopédies, journaux, magazines, lettres, courriels, tracts débordent de mes boîtes aux lettres et de mes étagères. Le survol des commentaires de mes récents billets polémiques me consterne. Rapidement ils ne se réfèrent plus à mes interrogations et tournent à une empoignade d'egos qui n'a plus grand chose à voir avec ce que je tentais d'approcher. Chacun et chacune lancent des affirmations péremptoires ou comminatoires après avoir lu en diagonale des phrases tapées à la va-vite, sans se relire. Le dialogue de sourds n'accouche que d'insultes et de sous-entendus pernicieux. Les commentaires sont jetés à la figure sans prendre le temps de la réflexion qu'impose la rédaction d'un billet.
Osons une comparaison. Dans un couple tenter de changer l'autre est peine perdue. Le travail consiste au contraire à l'accepter. Dans le premier cas on demande à l'autre un travail impossible, l'épreuve faisant fi de la névrose de chacun ; dans le second c'est à soi de bosser puisque que c'est soi qui exprime ce désir, parfois une souffrance, toujours une incompatibilité... Du moins à première vue. Dans les joutes oratoires la mauvaise foi est de mise, mais seulement à condition qu'elle porte ses effets. Lors d'un conflit on peut choisir de mentir : admettre que l'on a tort en sachant paradoxalement que la raison est avec soi. On évite ainsi quelques jours de tristesse qui de toute façon aboutiront au même résultat. Jouissez donc des différents au lieu d'encenser la sympathie. On n'obtient jamais d'accord dans le conflit, mais dans son dépassement.
Mieux vaut aller se promener, laisser reposer la colère, oublier ses rancœurs. On sait très bien qui sont ses amis, où l'amour fleurit. Ne vous inquiétez pas pour nous, ce n'est pas de circonstance. Il fait beau. Tout le monde se repose à la maison. Le chat a fini par s'enrouler sur lui-même, les pattes lui servant de volets. Il règne un doux parfum de vacances. Je ne voulais rien écrire. La rue du liseur m'a inspiré ces mots d'apaisement. Je m'étends sur le divan. Pour lire. Et je respire. Et le meilleur.

P.S. : on me demande de quelles polémiques il s'agit... Un exemple récent !

vendredi 12 juin 2015

Décollement de la rétine


Commençons par les bonnes nouvelles ! Françoise se remet doucement, mais sûrement, de l'opération après son décollement de la rétine. C'est arrivé après des années d'embêtements suite à des négligences avec ses lentilles de contact, quantité de cicatrisations au laser et deux implants pour ses cataractes. Les céphalées auraient dû la pousser à aller plus tôt consulter, mais elle a attendu de ne plus voir que la moitié de l'image de l'œil gauche pour foncer aux urgences de la Fondation Rothschild, service public impeccable, équipe chirurgicale irréprochable du Dr Le Mer. Il avait même eu la curiosité d'aller voir son site romand.org. C'est au réveil que les choses se sont corsées...
Contrairement au reste de l'équipe, une caricature d'infirmière désagréable vire Françoise de son lit dès son réveil de l'anesthésie locale. Mais une douleur pharamineuse la pousse à nouveau vers les urgences deux jours plus tard, cette fois ambulance et brancard. Heureusement la dernière visite est rassurante, l'œil est stabilisé, même si une bulle de gaz a glissé sur la rétine. Interdiction de prendre l'avion ou d'aller en montagne. Sur son bracelet est écrit : "Risque de cécité, patient porteur de gaz ophtalmique, etc." Mais ce n'est pas tout...
Revenons en arrière. Au moment de se faire opérer, la carte vitale semble périmée et l'administration annonce qu'elle doit donc surseoir à l'opération. Françoise n'a jamais reçu d'avis de fin de prise en charge de la Sécurité Sociale. Une solution est trouvée avec un chèque de caution de 888,44 € que j'apporte à sa sortie. J'appelle la Sécu qui me confirme la non couverture depuis le 31 décembre dernier. J'inscris donc ma compagne sur ma carte illico, la prise en charge devant être rétroactive. Quelle angoisse pour les personnes qui ne sont plus prises en charge ! En gros, elles peuvent crever, même s'il existe la CMU, cela ne règle pas les questions d'urgence !


Avec tout cela Françoise rate le festival des Bobines Rebelles, en Limousin, dont son film Appelez-moi Madame a fait l'ouverture ce soir sous l'égide de Federico Rossin au Magasin Général de Tarnac !