70 Perso - avril 2016 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 28 avril 2016

Toï ète Moï


En allant changer la bouteille de butane chez Ismaël, adorable épicier des Lilas/Bagnolet qui rend service à tout le quartier, je tombe sur un cageot d'oranges espagnoles Toi et Moi. Mon cœur se serre, car elles sont plus ou moins à l'origine de ma naissance ! Mon père en frimeur patenté, on se demande de qui je tiens, pérorant devant ses futurs beaux-parents et voyant arriver le dessert, nous sommes en 1951, avait voulu étaler sa culture gastronomique et ses dons pour les langues étrangères. Toi et Moi était ainsi devenu Toï ète Moï ! Dans les années 90 cette anecdote m'avait inspiré une chanson que nous avions mise en musique avec Bernard Vitet pour l'album Carton. L'accordéoniste Michèle Buirette, qui incarne ici ma mère, lui donne la réplique :



TOÏ ET MOÏ
(prononcer Toï ète Moï)

J't'ai présenté à mes parents
Qui t'ont trouvé plutôt frimeur
Lorsqu'est arrivé le dessert
Et que tu t'es exclaffamé
Huum !
des TOÏ ET MOÏ ! des TOÏ ET MOÏ !
Imprimé sur la pelure
De ces oranges : TOI ET MOI
Une promesse de vie commune
Mais sous l'écorce, fruit défendu

TOÏ ET MOÏ c'est la frime
La frimousse enfarinée
TOÏ ET MOÏ c'est la crise
C'est l'Crésus des endettés
TOÏ ET MOÏ, TOÏ ET MOÏ
Prononçant le i très mal
Ah l'orange toi et moi
L'avons chantée comme au Bolchoï

Pressant le fruit, coiffant la fleur
J'eus les pépins de la famille
Les faims de moi étaient ta mère
Pour le fromage je fis tintin
Hum !
des TOÏ ET MOÏ ! des TOÏ ET MOÏ !
La marmelade où tu m'as mise
A tout connaître nous n'hûmes rien
Et si ce soir je mets les bouts
C'est bien sur l'air de la sanguine

TOÏ ET MOÏ c'est la frime
La frimousse enfarinée
TOÏ ET MOÏ c'est la crise
C'est l'Crésus des endettés
TOÏ ET MOÏ, TOÏ ET MOÏ
Prononçant le i très mal
Ah l'orange toi et moi
L'avons grillé comme au Monoï

lundi 11 avril 2016

3,1415926535897932384626433832795028841971693993...


J'ouvre les yeux. Il fait noir. La lettre Π se détache sur le plafond. Trois heures et quart du matin. Je ne dors pas. À moins que ce soit un rêve ? Si c'était le K, il aurait repris de plus belle puisque je les ouvre à nouveau à quatre heures vingt trois. Le réveil lumineux projette les chiffres au-dessus de ma tête. Danse des heures. Depuis quelques jours je dors sur le dos pour soulager mes vertèbres. Exercice Mézières. Inspirer en gonflant le ventre, souffler en le creusant et en faisant descendre les côtes, mouvement vers le haut à partir du plexus. Pendant que je m'étire, je révise. Que j'aime à faire apprendre ce nombre utile aux sages ! Immortel Archimède, artiste ingénieur, qui de ton jugement peut priser la valeur ? Pour moi, ton problème eut de pareils avantages. Jadis, mystérieux, un problème bloquait tout l'admirable procédé, l'œuvre grandiose que Pythagore découvrit aux anciens Grecs. 0 quadrature ! Vieux tourment du philosophe, insoluble rondeur, trop longtemps vous avez défié Pythagore et ses imitateurs. Comment intégrer l'espace plan circulaire ? Former un triangle auquel il équivaudra ? Nouvelle invention : Archimède inscrira dedans un hexagone, appréciera son aire, fonction du rayon. Pas trop ne s'y tiendra, dédoublera chaque élément antérieur ; toujours de l'orbe calculée approchera ; définira limite ; enfin, l'arc, le limiteur de cet inquiétant cercle, ennemi trop rebelle, professeur, enseignez son problème avec zèle... En comptant les lettres on peut retrouver les premières décimales de Π. Les ponctuations ne comptent pas et les mots de dix lettres valent zéro. J'ignore aujourd'hui à quoi cela pourrait bien me servir. Ma règle à calcul ne sort plus du tiroir. Elle m'est devenue ésotérique. Les chiffres au plafond tournent comme une auréole sous les pattes d'une araignée géante qui resoude mes synapses pendant mon sommeil. Hallucination ? Folie ! Les anti-inflammatoires et les analgésiques participent à la sarabande. J'aime les chiffres pour les faire basculer, leur tordre le cou. Ils sont la forme de mes élucubrations artistiques, là où les lettres, moins flexibles, expriment mes sentiments. Je les pèse et soupèse, les fais glisser d'un bord à l'autre, je les ajoute et les retranche, je les laisse parfois dessiner tout seuls. Le texte est une prose, ils sont la poésie.

mardi 5 avril 2016

Newsletter d'avril


Ma capture d'écran laisse de côté la majeure partie de mes activités, car la suite rappelle des nouvelles qui n'ont pas changé depuis la newsletter du mois dernier. Elle est par contre envoyée dans son intégralité à plus de 700 correspondants qui en ont fait la demande ou qui figurent dans mes tablettes depuis une quinzaine d'années. Comme j'utilise l'application flicarde MailChimp qui permet de joindre tout le monde d'un seul clic, je sais aussi que 37,4% seulement des courriels ont été consultés, ce qui paraît-il est un très bon résultat. Il faut savoir que ce logiciel permet de savoir qui, quand et comment le mail a été lu. J'avoue ne pas rentrer dans ces détails, mais je me souviens l'avoir utilisé il y a quelques années pour la sortie de mon second roman USA 1968 eux enfants et avoir constaté qu'absolument aucun journaliste n'avait ouvert le courrier personnalisé qui leur avait été adressé. Je m'abstiens donc de cette déconvenue en espérant que mon travail continue à intéresser du monde.
On notera donc l'association fructueuse avec la créatrice sonore Amandine Casadamont, projet que nous souhaitons jouer sur scène aussi souvent que possible, en particulier à l'étranger. L'album Harpon donne dores et déjà une bonne idée de nos possibilités improvisatrices ! L'autre évènement très attendu est la sortie du vinyle avant toute sur le label Le Souffle Continu, duo préhistorique signé Birgé-Gorgé puisqu'il se situe chronologiquement avant mon premier disque, l'album culte Défense de. Nous aurons bien entendu l'occasion d'y revenir... Sinon le blog fera une pause de trois semaines en mai, repos bien mérité, hors perfusion Internet.