J'ignore à quoi cela tient, mais lorsque je me suis réveillé au milieu de la nuit la chambre tournait sur elle-même. J'avais pourtant les yeux fermés. C'était l'obscurité qui chavirait. En les ouvrant c'était pire, rien n'était stable, tout filait sur les côtés. C'est passé en me levant, mais chaque fois que je m'allongeais les vertiges reprenaient de plus belle. Je suis descendu consulter Internet au rez-de-chaussée. Certains sites sont plus rassurants que d'autres. Comme je n'ai ni migraine ni acouphènes ni rien d'autre que la Terre qui chavire lorsque je me baisse je ne m'inquiète pas trop. L'ostéopathe pense que c'est une artère qui a été comprimée sous l'occiput, soit lors de mon opération dentaire avec greffe osseuse, soit lors de ma dernière séance de kiné Mézières. Il me manque tout de même une incisive supérieure au milieu du sourire. Je sens bien le déséquilibre afférent, que j'enfile ou pas la prothèse, une dent collée sur un palais en plastique accroché aux canines. Les vertiges ne sont pas permanents. Je croyais même en être débarrassé. C'est revenu, mais cette fois le sol tanguait comme si j'étais sur le pont d'un navire. Je m'en fiche, je n'ai jamais eu le mal de mer. Et puis cela ne m'empêche pas de lire, alors je me plonge dans La mort nomade, troisième volume d'Yruldegger de l'écrivain Ian Manook.